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 La guerre du lait

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Minos
Lapinou Imperator
Minos


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MessageSujet: La guerre du lait   La guerre du lait Icon_minitimeVen 28 Avr - 21:18

Allez, une nouvelle débile, ça faisait longtemps !




La guerre du lait
 
 
La guerre du lait FOT8F4C
 
Un jour que j’allais au taf, je suis passé devant ce panonceau revendicatif. Évidemment, comme je suis quelque peu beaucoup à la masse, mon esprit tortueux ne s’est pas mis à réfléchir aux difficultés des producteurs laitiers, notamment  bretons, mais a plutôt commencé à élaborer une nouvelle forcément barrée. Quelques mois plus tard, en voici le fruit. Bonne lecture.
 
 
Les Français sont des veaux. Combien d’entre nous n’ont pas entendu cette expression, d’autant qu’elle s’est répandue comme jamais lors des élections présidentielles ? Très peu, assurément. Mais les Hommes ne furent pas les seuls à entendre cet adage. Porté par le vent, ce murmure funeste se diffusa partout et auprès de tous, y compris jusqu’à parvenir aux oreilles – ornées de leur identification – des vaches.
Elles le prirent très mal. La plupart d’entre elles ruminèrent en silence, mais des voix discordantes commencèrent à se faire entendre. Ce mécontentement qui couvait aurait pu dégénérer : lors d’actions spontanées telles que des manifestations, bien des vaches risquaient les pires ennuis, de l’arrestation arbitraire menant à la garde à vue jusqu’à la mort, conséquence de passages à tabac de CRS trop zélés.
Comme souvent quand la colère contenue survient, elle s’autoalimenta. Vint s’y greffer le vol de lait par les Humains, le kidnapping et l’assassinat des veaux, le dépeçage des bêtes pour leur cuir. La coupe ne tarderait pas à être pleine. Les Hommes ne s’en doutaient pas, mais la situation devenait peu à peu explosive.
 
Une révolution ne peut pas fonctionner sans un leader charismatique à sa tête. La Guerre du Lait eut le sien : Azalée. Pendant longtemps, elle cohabita pacifiquement avec les Hommes, sans se poser de questions tant sa vie était douce, à glander du côté du manège enchanté. Quand les rancœurs accumulées par les vaches parvinrent aux oreilles d’Azalée, elle fit mine de ne pas les entendre, satisfaite de son sort. Jusqu’à ce que sa relation avec Margot et Pollux prenne une tournure dramatique.
Alors qu’elle déambulait tranquille dans son champ, elle les vit tous deux, ensemble derrière un bosquet, occupés à d’inavouables activités. Azalée fut si choquée par ce qu’elle vit que ces images obscènes ne devaient plus jamais quitter sa mémoire.
Qu’on en juge : Margot mangeait un hamburger. Et Pollux des croquettes au bœuf.
 
Dès lors, elle masqua la haine que lui inspirait désormais ses anciens amis et continua à travailler avec eux comme si de rien n’était. En revanche, on la vit à toutes les réunions clandestines des vaches qui prêchaient la révolte. Elle ne tarda pas à prendre du galon pour ses capacités de synthèse. C’est bien simple : un jour, elle se retrouva à la tête du mouvement des vaches. Ce fut même elle qui en fédéra les différentes races et qui structura l’organisation, la planification de la révolte.
Les Humains ne devaient avoir aucune chance. Alors Azalée monta des réseaux de résistance, des cellules dormantes qui s’activeraient toutes en même temps. La communication entre toutes les cellules fut très aisée : il fallut juste installer des dérivations sur les pylônes électriques qui traversaient les champs, jusqu’à des récepteurs-émetteurs clandestins.
En à peine quelques mois, la bonne parole d’Azalée se propagea dans tous les champs, dans toutes les étables. Ne lui restait désormais plus qu’à attendre le bon moment pour déclencher les hostilités, trouver le prétexte qui mettrait le feu aux poudres, suffisamment grave pour que les vaches la suivent toutes sans réfléchir pour renverser l’ordre établi.
Azalée n’était pas sanguinaire, et en était encore à se demander si une grève générale des vaches couplée à des négociations ne pourrait pas éviter l’affrontement et garantir des droits à son peuple. Mais sur ces considérations arriva le printemps.
 
Ah, le printemps ! Ces petits zozios, toutes ces plantes qui poussent à qui mieux mieux, les températures qui remontent, bref un retour à la vie. Mais avec ce retour à la vie revient également un retour à la mort. Car le printemps est aussi synonyme de lancement des corridas et autres ferias.
Alors quand les vaches virent les premières à la télé – car oui, elles s’étaient aussi branché des télés sur les pylônes électriques –, les murmures diffus de mécontentement montèrent de plusieurs crans. D’ici peu, sans que personne ne puisse rien y faire, ils deviendraient des cris de colère réclamant vengeance.
Azalée sut ne pouvoir retenir ses troupes plus longtemps. Alors elle lança la Guerre du Lait contre les Humains. Et les loups. Pourquoi les loups ? Parce que tous les animaux exploités pour leur lait se rallièrent à la cause des vaches, à savoir les moutons et les chèvres. Ce sont ces dernières qui exigèrent que la guerre soit étendue aux loups, en souvenir d’une chèvre emblématique dont elles chérissaient le souvenir des décennies après sa disparition : la chèvre de monsieur Seguin.
Rappelons qu’après avoir affronté un loup toute une nuit, ses forces défaillirent au jour levant suivant. Là, elle se laissa dévorer par lui. Jamais les chèvres n’avaient oublié ce destin tragique, et c’est de là que naquit leur haine farouche des loups. Elles avaient décidé qu’un jour, elles auraient leur revanche, et Azalée vint la leur fournir sur un plateau.
 
Quand elle sut ne plus pouvoir reculer, ne plus pouvoir retenir ses troupes, Azalée lança son célèbre appel à la guerre contre les Hommes, au pied d’un pylône électrique à Manégoulanec – en Calan – qui devait par la suite devenir un célèbre monument historique bovin.
La guerre démarra. Foudroyante. Mortelle. Les Humains ne s’y attendaient pas. Ils furent exterminés sans pitié.
 
Cédant à l’ambiance meurtrière qu’elle avait elle-même contribué à créer, Azalée tua le chien Pollux – « Tu es le meilleur ami de l’homme, et en plus tu manges des croquettes au bœuf ! Je vais venger tonton Marcel ! » –, ainsi que Margot – « Gosse de merde élevée au McDo ! T’as bouffé un BigMac au bœuf de trop, je vais faire des saucisses avec tes tripes, pour changer ! ».
Les autorités françaises tentèrent de s’organiser, en vain. De grandes batailles eurent lieu dans les campagnes, toutes remportées par les vaches, qui connaissaient leur environnement par cœur. On vit les vaches Milka prendre à revers les militaires : avec leur couleur, elles avaient eu la bonne idée de se cacher dans les champs de lavande, de laisser passer l’ennemi pour mieux le prendre à revers et l’exterminer.
La Noiraude, toujours au bord de la dépression, fut envoyée dans le camp ennemi pour soi-disant collaborer. De fait, avec ses sempiternelles remarques négatives, elle contribua grandement à miner le moral des troupes humaines.  
A contrario, de grandes générales se dévoilèrent côté vaches, dont la plus célèbre d’entre elles, la Vache qui rit : la voir rire alors qu’elle attaquait l’ennemi, ou sous les bombes, faisait un bien fou aux troupes bovines, galvanisées par sa prestance et son enthousiasme. Un jour, on crut qu’elle avait été grièvement blessée… avant de se souvenir que non, le rouge n’était pas dû à son sang mais à la couleur naturelle de sa robe. Ouf !
 
Bien que partie des campagnes bretonnes, aux cris de « La Bretagne Bovine libre et indépendante ! », la révolte se propagea très vite aux quatre coins du monde, pourtant rond, on ne le rappellera jamais assez. Azalée avait été assez maligne pour développer des cellules de résistance partout, aussi la coordination fut-elle parfaite.
Et surtout, main de maître, elle implanta également le mouvement de résistance en Inde. Oui, le pays où les vaches sont sacrées. Oui, dans un pays disposant de l’arme nucléaire. Les vaches locales n’eurent aucun mal à prendre le contrôle : personne ne se permit de les attaquer. Une fois le sabot posé sur le bouton rouge de l’anéantissement nucléaire, la Guerre – mondiale – du Lait prit fin. Les Humains cédèrent, trop angoissés à l’idée de se prendre une bombe nucléaire dans la face.
Donald Trump tenta bien de résister, mais une fois qu’il eut manifesté son intention d’appuyer sur le bouton de la riposte – et de la troisième guerre mondiale, accessoirement –, tout son entourage, bovin s’il en est, se chargea directement de lui. Du moins, c’est ce que dit la rumeur, car aucune preuve n’émergea. En tout cas, il fut retrouvé mort étouffé, la tête sous un masque de taureau en latex. C’est depuis ce temps qu’au MacDo, désormais tenu par des vaches et alimenté en viande humaine, on peut trouver le célèbre Maxi BestOf MacTrump qui contribua par la suite la richesse de la firme.
 
Durant cette guerre, courte mais impitoyable, la convention de Genève ne fut parfois pas appliquée pour les combattants : bien des veaux, vaches, taureaux et bœufs se retrouvèrent dans les assiettes de leurs ennemis. Mais à l’inverse, bien des prisonniers humains furent livrés à Astérios, plus connu sous le nom de Minotaure : dans son labyrinthe rebâti pour l’occasion, les prisonniers étaient relâchés et des paris étaient pris quant à la durée de leur survie.
C’est ainsi que les bookmakers humains survécurent à la guerre, leur collaboration avec les races bovines ayant contribué à l’enrichissement non négligeable de celles-ci.
C’est aussi à ce moment que NRJ12 devint la chaîne numéro un, en diffusant sous forme de téléréalité les tribulations des humains jetés dans le labyrinthe d’Astérios.
 
S’il fallait encore citer des vaches célèbres qui participèrent à leur manière au conflit, rappelons le rôle important de la déesse égyptienne Hathor, déesse de l’amour, de la beauté, de la maternité et de la joie. Elle fut surtout connue pour ses spectacles grandioses destinés à galvaniser le moral des troupes. Elle déploya tout son talent et les résultats furent phénoménaux. Tandis que des centaines de combattants humains se suicidaient, désespérés, il n’y eut qu’un seul suicide bovin à déplorer. Et encore, un chiffon fut trouvé au pied de la vache en question, ce que certains n’ont pas manqué d’interpréter comme un bête accident pendant le nettoyage de l’arme.
N’oublions pas Clarabelle. Bien qu’évoluant toujours au bord de la dépression, n’ayant jamais su choisir, entre Horace et Dingo, qui serait le taureau de sa vie, elle donna de sa personne, toujours en première ligne : elle n’eut jamais un fusil entre les sabots, seulement des instruments de musique. Suppléant Hathor, elle mena bien des troupes à la bataille en musique.
 
Enfin, citons l’une des nombreuses belles histoires de cette guerre : celle de la vache prisonnière et de l’Humain. Marguerite, de son prénom, parvint à s’enfuir de la prison militaire dans laquelle elle avait été condamnée à se faire tirer du lait jusqu’à sa mort, en prenant un Humain en otage et en sortant avec lui par la grande porte ! Sous la contrainte, son prisonnier, Fernand L., dut faire croire qu’il conduisait la prisonnière dans un autre établissement. C’est ainsi qu’elle parvint à traverser des milliers de kilomètres de territoires ennemis, jusqu’à rejoindre les régions bovines.
 
Rappelons que le génie d’Azalée la poussa à se rapprocher aux autres races exploitées par les Hommes, surtout les chèvres et les moutons. Une alliance qui ne fut que bénéfique, au point qu’il se murmure que depuis, des sections secrètes de recherche de haut niveau étudient la possibilité de donner naissance aux premiers vachèvres, moutonvaches et autres taureaubéliers. Que voilà des domaines prometteurs !
Nous nous devons de citer certains de ses alliés non-bovins, ainsi que leurs faits d’arme. Côté moutons, terme générique désignant le mâle, qui est le bélier, la femelle, qui est la brebis, et l’enfant, qui est l’agneau, on peut citer la terrible guerre qu’ils menèrent contre les musulmans afin de venger tous leurs ancêtres égorgés lors des fêtes annuelles de l’Aïd el-Kebir.
Les béliers, adjoints aux taureaux, représentèrent une force de frappe importante, prompts à enfoncer en profondeur les lignes ennemies.
D’autres moutons, malins, piratèrent les systèmes de communications militaires humains et se firent un malin plaisir, en se faisant passer pour des officiers humains, de leur donner des ordres qui ne pourraient que les mener à la mort. Les Hommes ne réfléchirent pas et obéirent. Ils y perdirent la vie. C’est à cette époque que l’expression « moutons de Panurge » prit son nouveau sens : on raconte que le supérieur hiérarchique de cette unité de cyberattaque se donna le nom de « Panurge » en tant que nom de code, ses moutons étant désormais assimilés à ces stupides Humains qui suivirent des ordres idiots voire suicidaires.    
Côté combattants, on ne soulignera jamais assez le rôle des chèvres dans les Pyrénées et dans les Alpes : grâce à leur pied léger, jamais les Hommes ne purent franchir le moindre col sans se faire attaquer, au point qu’aucun renfort humain n’arriva jamais par cette voie.
La Chimère eut également un rôle prépondérant. Alors OK, la Chimère est composée de plusieurs bouts d’animaux, mais son corps initial étant celui d’une chèvre, elle se rallia à la cause des animaux en révolte.
N’oublions pas deux figures mythiques qui prirent leur part de la guerre,  leur manière. La célèbre Amalthée, qui avait nourri Zeus bébé, rejoignit les rangs des insurgés : grâce à sa corne brisée, devenue par la suite la Corne d’Abondance, jamais les armées au sens desquelles elle fut intégrée ne manquèrent de ravitaillement. Des tracts avec les menus pantagruéliques furent édités et diffusés jusque dans le camp humain, contribuant là aussi à miner le moral de manière non négligeable : entre désertions et suicides, les troupes en face d’Amalthée payaient le prix fort…
Nous citerons aussi Chrysomallos, bien sûr. Chrysoqui, me demanderez-vous parce que vous n’aviez jamais lu ce nom avant aujourd’hui, tout comme l’auteur juste avant d’écrire ces lignes ? Chrysomallos était un bélier ailé… nanti d’une toison d’or, d’où la légende afférente et la création de la décoration éponyme. Qu’il vole, peu importe : on se doit de reconnaître qu’il ne fait pas le poids face à un Rafale. Par contre, il est bien connu que Chrysomallos est également un talisman de puissance et d’immortalité. Lui aussi contribua à doter les forces bovines d’un moral inébranlable, si précieux sur les champs de bataille.
 
Après la guerre, les vaches et leurs alliés permirent à certaines catégories humaines de poursuivre leurs activités… quand elles n’avaient pas directement collaboré avec les Bovins. On pense notamment aux végétariens, dont certains se battirent aux côtés des vaches ; ce ne furent pas des « malgré nous », comme lors d’une guerre précédente importante, mais des « pas malgré nous » vu leur volontariat.
Après la signature du traité de paix entre les Bovins et les Humains, certains de ces derniers continuèrent pourtant la lutte de manière sporadique mais déterminée, jusqu’à leur extinction les armes à la main. Parmi ces irréductibles, on peut citer les bouchers et les charcutiers-traiteurs, les fabricants de fromage de chèvre et de brebis, les mamies qui tricotaient des pulls pour leurs petits-enfants et qui se trouvèrent d’un coup privées  de la laine, matière première indispensable à leur activité.
Par contre, en point positif, on peut citer la disparition des blousons noirs : car évidemment, un blouson noir se doit de porter un blouson de cuir, or désormais, ce crime était passible de poursuites devant le tribunal international de justice, sous le terme de « crimes contre la bovinité ».
 
Certaines œuvres interdites furent rendus à la lecture, comme « Mein Kampf », si obsolète qu’il ne pouvait plus intéresser personne. En revanche, bien d’autres furent mis au ban de la légalité, interdits, souvent brûlés : on pense à l’intégrale des émissions d’Intervilles en cassettes audio – oui, personne n’a jamais pris la peine de sortir une version DVD et on peut le comprendre –, et à une montagne de livres de recettes de cuisine. 
 
La population humaine déclina inexorablement : adieu les gâteaux, les biberons autres qu’au lait maternel, adieu la viande – sauf le poulet et le lapin, mais il faut savoir que des négociations sont menées par ces deux peuples avec les Bovins pour bénéficier des mêmes protections –. Les insurrections des employés d’abattoirs furent matées impitoyablement, tout comme celles des employés d’usine de mise à mort et de transformation de la viande.
 
 
Telle fut la Guerre du Lait, avec son cortège d’héroïsme et d’histoires dramatiques. Et l’on sait que rien ne sera plus jamais pareil…

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