Jeu d'écriture collective

Hop, sur une idée de votre serviteur (enfin, tyran local serait plus juste), voici un petit concept qui pourrait s'avérer sympatoche.
Principe : je mets un début d'histoire, et qui veut met une suite, dans le genre qu'il veut et en partant dans la direction qu'il souhaite, sans contrainte de taille de texte, ni d'intrigue ni de genre à l'histoire.

Voici le début, j'attends vos contributions !

Chapitre I : réveil brutal

Jamie sursauta, ouvrit les yeux et s’assit sur son lit, l’esprit encore embrumé de fatigue. D’où lui venait cette impression de danger, ou d’urgence ?
Il prit conscience que quelqu’un appuyait gaillardement sur la sonnette de sa porte d’entrée, comme s’il avait décidé de tester sa résistance voire de la détruire.
Nom de…qu’est-ce que c’est que ce…, pesta intérieurement Jamie en constatant que son radioréveil digital indiquait quatre heures.
Il enveloppa maladroitement son corps nu dans son drap et manqua trébucher quand il sortit de son lit. Il écrasa l’interrupteur du couloir, et très énervé, marcha jusqu’à sa porte.
– Oué, c’est bon, pas la peine de tuer ma sonnette, nom de…C’est qui ?
– Maratmahé. Jamie, ouvre-moi, ils sont à mes trousses !
– Quoi ? Et tu les amènes droit ici ? Non, mais tu as perdu l’esprit ? Tu sais très bien qu’on ne doit en aucun cas tomber tous les deux !
– J’ai paniqué…un peu. Seul, je ne peux pas lutter, mais ensemble, toi et moi savons qu’il est possible de triompher !
Jamie soupira, avant de déverrouiller et d’ouvrir. Il maugréa :
– Tout de même, c’est très imprudent, pour ne pas dire très dangereux. Le Collectinat ne sera satisfait que quand il nous saura tous morts.

(à suivre...)

Voilà ma contribution à ce petit jeu d'écriture collective. J'espère qu'elle vous plaira et vous inspirera

Il fit entrer Maratmahé et referma la porte derrière lui. l'homme qu'il avait devant lui était assez grand et avait des cheveux couleur corbeau. Sa peau était, elle aussi, sombre et il semblait navré.
– Jamie, je suis désolé, mais je ne savais pas du tout où aller.
– Arrête de t’excuser ! s’écria Jamie. Ce qui est fait est fait. Maintenant, il nous faut trouver un moyen de quitter l’appartement sans qu’on nous trouve… Au fait, tu penses qu’ils t’ont vu entrer ici ?
L’inquiétude se lisait sur son visage. Il savait que si le Collectinat était déjà arrivé, ils ne prendraient pas longtemps avant de lui rendre une petite visite.
– Je ne crois pas… Je ne suis pas sûr à cent pour cent. Mais, il faut que je te dise quelque chose de très…
– Pas le temps ! le coupa le jeune homme en se rendant dans sa chambre. Nous devons agir vite et bien.
Il souleva son coussin et sortit un pistolet 9mm qu’il posa sur sa table de nuit. Ensuite, il se dirigea vers sa garde-robe et pris possession d’un pantalon noir et d’une chemise propre.
– Maratmahé, tu nous as mis dans un sacré pétrin, mais j’ai une solution ! Nous allons devoir disparaître, je connais des gens qui pourront nous aider… heu…tu peux te retourner un instant que je puisse m’habiller ?

Alors que son ami enfilait un pantalon et boutonnait sa chemise, Martamahé songea à ce qu’il avait vu, mais surtout à ce qu’il avait peut-être fait. Il se demanda comment il en était arrivé là et surtout pourquoi il n’avait aucun souvenir de cette nuit du moins avant qu’il ne se réveille dans les toilettes, et qu’il n’entende que quelqu’un le cherchait.
– Voilà, je suis prêt ! dit enfin Jamie.
– Je suis vraiment dans la merde, mon vieux ! J’pense que tu ne te rends pas bien compte de la gravité de la situation, s’écria Martamahé en serra les bras de son ami avec violence.
C’est alors que Jamie se rendit compte qu’il portait d’étranges marque sanglante sur les avant-bras.
– Bon Dieu, mais tu es blessé !!
– Ce n’est rien, ça ! marmonna l’homme aux cheveux noirs en plaçant ses bras derrière son dos.
– Bien sûr que si ! Montre-moi ça !
Jamie s’empara d’un de la manche de son ami et la releva. Puis, il le força à se rendre dans la salle de bain et nettoya la plaie. Etrangement, on aurait dit que les blessures avaient été soigneusement faite : elle prenait la forme de trois anneaux entrelacés et entouré par un quatrième.
– Ce sont eux qui t’ont fait ça, Martamahé ?
– Je… Je ne sais pas… Je dois te dire que…
Il ne put terminer sa phrase. Un son sous la forme de trois bruits sourds venait de la pièce d’à côté. Quelqu’un frappait à la porte.

(A suivre…)

Chapitre II : fuite et sacrifices

Jamie se jeta sur son 9mm, et murmura à Maratmahé :
– Tu es armé ?
– Non…tout est si confus dans ma tête. Je n’ai que des bribes de souvenirs de la nuit dernière. A vrai dire, je ne suis même pas certain d’avoir eu affaire au Collectinat. Peut-être une autre faction ?
– On s’en fiche, on verra ça plus tard. L’important est de fuir, conclut Jamie tandis que les coups à la porte se faisaient plus pressants.
Il donna son arme à Maratmahé, enfila son imperméable ranghilien et plongea sa main dans les replis insondables du vêtement-portail. Au bout de quelques secondes, il trouva ce qu’il y cherchait : la garde de Lyliane, sa mythique épée d’Arpenteur.
Maratmahé sur les talons, il s’avança subrepticement vers la porte. Prêt à tout, il l’entrouvrit d’un coup sec…pour se retrouver face à Shessinne, la Bloqueuse, membre des Forces Dispersées, comme Maratmahé et lui-même.
Le carnation laiteuse habituelle de la jeune non-magicienne avait fait place à un teint blafard de mauvais augure, et des cernes sous ses yeux rougis soulignaient son épuisement. Mais ce qui frappa le plus Jamie fut l’expression presque hagarde de sa camarade.
– Je suis désolée, Jamie, dit-elle d’une voix brisée.

Jamie comprit sur-le-champ, d’autant qu’il sentit les forces ranghiliennes l’abandonner, le laissant orphelin de ses pouvoirs et de ses perceptions extrasensorielles. Mais avant qu’il n’ait eu le temps d’esquisser le moindre geste, Shessinne fut bousculée sur le côté et des hommes firent leur apparition, engoncés dans des armures de combat, protégés par des casques anti-émeutes, et lourdement armés de fusils-mitrailleurs, qu’ils pointèrent aussitôt sur Jamie et Maratmahé.
– Lâchez vos armes ! Vous n’avez aucune chance ! cria leur chef.
Jamie dut se rendre à l’évidence. Leurs assaillants, dont le badge sur la poitrine indiquait clairement leur appartenance au Collectinat, avaient gagné. Mettre la main sur une Bloqueuse leur permettait d’empêcher tout être, qu’il fasse partie ou non des Forces Dispersées, d’user de ses pouvoirs. Redevenus simples mortels ordinaires, Jamie et Maratmahé étaient fichus.

Mais Maratmahé, malgré l’injection, ne semblait pas décidé à lâcher son 9mm, qu’il pointait sur l’officier du Collectinat. Il comprit qu’ils ne s’en sortiraient pas tous les trois, et sentit des larmes lui monter aux yeux. Il les refoula péniblement et fit ce qu’il avait à faire.
Il vida son chargeur contre le mur à droite de la porte de l’appartement, en espérant que Shessinne se trouvait derrière. Si c’était le cas, elle mourrait, et Jamie pourrait s’enfuir.
Car pour sa part, Maratmahé n’avait pas tiré deux fois qu’il fut criblé de balles par les hommes du Collectinat…comme il savait pertinemment qu’ils allaient le faire.

Au premier tir de Maratmahé, Jamie sut qu’il avait touché sa cible, car le ranghil afflua de nouveau en lui. Il comprit toute la portée du geste de son ami. Un double sacrifice pour que l’un d’entre eux puisse fuir. Instinctivement, il se focalisa sur les replis de son imperméable, plongea dans le portail et disparut de la vue des tueurs du Collectinat.

Chapitre III : Un nouveau joueur

La lune dominait de sa blancheur immaculée l’immeuble d’où Alec observait le sacrifice de Maratmahe. Il était surpris par le courage de ce jeune homme qu’il poursuivait depuis plusieurs heures. Hélas, il était arrivé après le Collectinat et n’avait pas pu capturer sa proie à temps. Il avait bien envie de donner une petite leçon au membre de cette organisation qu’il détestait plus que tout, mais on lui avait ordonné de réaliser sa mission sans tapage. Qu’à cela ne tienne, il aurait probablement bientôt l’opportunité de démontrer ses talents face à ses ennemis.
Pour l’heure, il ne lui restait plus qu’à faire son rapport à son groupe. Il sortit un petit cylindre sphérique de la poche intérieure de son blouson noir et le porta à hauteur des lèvres.
– Ici Alec. L’oiseau est tombé. J’attends vos ordres, dit-il d’une voix bien claire et un détachement étonnant. Dois-je récupérer le corps ?
– Non, lui répondit une voix féminine. Nous récupérerons le Vrash’li plus tard. Nous avons une autre mission pour toi, Alec : Dasler à découvert que le président de Nevtech, Chahid Louma – qui travaille de concert avec le Collectinat – est hospitalisé à Sarihi, à quelques pâtés de maison de l’endroit où tu te trouves. Ta mission serait de lui délivrer un message de la part de notre groupe. Tu vois le genre ?
– Oui, je vois où tu veux en venir… Ce sera fait dans les plus brefs délais. Passe une bonne soirée, Anaelle. Je te contact une fois que c’est fait.
Finalement, il allait avoir droit à une mission plus attractive, ce soir.
Il coupa la communication et remit son transmetteur dans la poche intérieur de son blouson. Puis, il ajusta ses gants de cuir et passa sa main dans ses cheveux châtains pour enfin toucher le symbole étrange qu’il avait tatoué sur sa nuque : trois anneaux entrelacés entourés par un quatrième.
Alec se dirigea alors vers le rebord de l’immeuble et regarda en bas. La ville semblait si paisible malgré le drame qui venait de s’y dérouler. Ses habitants étaient loin de s’imaginer ce qui se jouait chaque jours depuis près de trois ans. Alec et son groupe passaient pour des terroristes aux yeux de la populace alors qu’ils se battaient pour eux, pour la liberté, pour le droit de vivre. Comprendraient-ils un jour ?
Pas le temps de penser à tout ça, se dit-il soudainement. Il leva les yeux vers le ciel et sauta dans le vide, se laissant porter par le pouvoir du Shav’ra qui affluait en lui, lui permettant d’avoir un contrôle total du vent. Lorsqu’il se laissait porter par les courants, il se sentait libre, enfin libre.

(A suivre...)

Chapitre IV : le Sceau

Alec atterrit discrètement sur le toit de l’hôpital. Evidemment, la porte qui menait à l’intérieur de l’établissement privé était hermétiquement close, ce qui était plutôt contrariant. Alec pouvait certes voler, mais ses pouvoirs s’arrêtaient là, ou presque. Il avait aussi reçu le pouvoir d’Apposer le Sceau, qui permettait de prévenir ses futures victimes qu’il venait les chercher. Car la Mouvance, à laquelle il appartenait, n’attaquait jamais en traître, question d’honneur.
Certains jours, Alec maudissait cette noble ligne de conduite, car elle empêchait les siens de profiter du moindre effet de surprise. Mais jamais il n’aurait mis les principes de la Mouvance en cause.

Il se posta en embuscade derrière la porte, et attendit. A un moment ou à un autre, un fumeur viendrait forcément sur le toit pour s’adonner à son vice. Pendant ce temps, par le biais du Shav’ra, il entra dans la Mouvance et enfila le pouvoir d’Apposer le Sceau. Une part de lui quitta son corps, franchit la porte, irrémédiablement attirée part sa victime. Il finit par la visualiser : Chahid Louma, président de Nevtech, avec ton teint mat révélant ses origines hindoues, et sa barbe poivre et sel qu’il portait en collier.
Louma pactisait avec le Collectinat, incarnation diabolique par excellence, aux yeux d’Alec. Depuis que cette organisation, trois ans plus tôt, avait appris l’existence des groupes, comme celui des Forces Dispersées et de la Mouvance, elle n’avait eu de cesse de s’approprier leurs pouvoirs. Pour ce faire, le Collectinat s’était allié à de puissantes multinationales, telles Nevtech, en leur faisant miroiter une alliance et un partage des connaissances obtenues.

Alec revint au présent, et changea la forme de sa partie spectrale, qui observait Louma endormi. Elle devint un anneau, à l’intérieur duquel en apparurent trois autres, entrelacés. Le sigle immatériel de la Mouvance effleura le bras de Louma, et pénétra dans ses chairs.
Dès que le contact se fit, le Sceau disparut, et l’enveloppe astrale qui l’avait créée réintégra le corps d'Alec.

Le défi était lancé. Ne restait plus qu’à entrer en action.

Alec entendit des bruits de pas pesants, et la poignée de la porte du toit bougea…

Chapitre V : Le retour de Jamie

Alec se plongea dans le Shav'ra, prêt à utiliser son pouvoir sur l'élément vent. Que quelqu'un monte au toit, si peu de temps après sa propre arrivée ne pouvait être une coïncidence. Or la Mouvance en général, et Alec en particulier, comptaient bien plus d'ennemis que d'alliés.
Quand Alec vit qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte, son instinct de survie prit le relais de son cerveau logique. Faisant appel à ses pouvoirs, il fit claquer la porte au nez de l'arrivant et se jeta dans le vide sans réfléchir.
Il frissonna, une réaction qui n'était aucunement due au froid. Cette fois, le Collectinat n'avait pas fait les choses à moitié : il avait mis en service rien moins qu'un golem afin de protéger Chahid Louma, le président de Nevtech allié au mille fois maudit Collectinat.
Alec augmenta la puissance des vents environnants et se laissa porter par eux. Le Collectinat n'était jamais à cours de mauvaises surprises pour ses ennemis. Alec était sûrement suivi. Il accéléra, encore et encore, prêt à passer la nuit dans les airs, décidé à mettre des dizaines voire des centaines de kilomètres entre les hommes du Collectinat et lui.
Une boule se forma dans sa gorge et il déglutit nerveusement. Les golems avaient fait leur apparition depuis à peine un an, et leur efficacité n'était d'ores et déjà plus à démontrer.
Le plus terrifiant pour Alec est qu'il en avait connu certains... avant leur mort. Nul ne savait comment le Collectinat s'y était pris, mais le résultat était là : des défunts Porteurs de Pouvoirs avaient été ramenés à la vie et étaient devenus de fidèles serviteurs sans âme ni volonté propre.
Alec ne vit pas le coup arriver. Ce fut comme si son assaillant venait de se matérialiser face à lui, avant de lui asséner un violent coup à la tempe de la garde de son épée. L'homme volant, sonné, chuta. Il parvint à reprendre suffisamment ses esprits pour ralentir sa course et atterrir sur ses pieds.
Il sentit aussitôt quelque chose de pointu s'appuyer sur son dos, et une voix masculine lui dire :
- Ne fais pas de bêtise ou tu le regretteras, Mouvant.
Savoir qu'il était attaqué par un être vivant rassura quelque peu Alec, qui rétorqua sans se retourner :
- Qui es-tu et que me veux-tu ?
- Mon nom est Jamie, soldat des Forces Dispersées. J'ai senti ton empreinte psychique tout à l'heure, lorsque Maratmahé et moi avons été attaqués. Et la marque de la Mouvance que tu as implantée sur le dos de la main de Maratmahé porte également la même signature psychique.
- Où veux-tu en venir ?
- Tu apposes le Sceau sur mon ami et il meurt peu après.
- Je ne suis en rien responsable de ce qu'il lui est arrivé.
- Si tu le dis. Quoi qu'il en soit, tu vas m'aider à récupérer sa dépouille.
- C'est une plaisanterie ?
- Pas du tout. Si on ne met pas la main sur son corps, il reviendra un jour s'opposer à nous... sous la forme d'un golem.
- Tu marques un point.
- Alors, qu'en dis-tu ?
- Je hais les Forces Dispersées auxquelles tu appartiens. Néanmoins, pour cette fois, je veux bien te prêter main-forte. L'enjeu est de taille.
- Bien, nous sommes donc d'accord, conclut Jamie en faisant disparaître Lyliane, son épée d'Arpenteur.
Que tu crois, pensa Alec...

– Bon. Par où on commence les recherches, interrogea Alec d’un air détaché.
Jamie réfléchit un instant avant de répondre. Il y avait certes plusieurs endroits possible où avait pû être emmené le corps de Maratmahé, mais l’endroit le plus sûr était Massive Technologie, le laboratoire personnel du Collectinat.
– Nous irons d’abord chez Massive Technologie.
– Bien, acquiesça Alec. J’espère que tu as un plan parce qu’on n’entre pas chez Massive Technologie comme ça.
Jamie se frotta le menton. Alec disait vrai : entrer chez Massive Technologie ne serait pas une mince affaire. Il passa mentalement en revue les différents obstacles qu’ils auraient à déjouer : Outre les gardes et les caméras de surveillance, ils auraient affaire à des drones, aux membres des Forces Dispersées ayant juré allégeance au Collectinat, à des Golems et peut-être même à des Chien Magiteck. Ça faisait trop de monde pour un groupe de deux. Même avec leurs pouvoirs, ils ne pourraient passer l’entrée. D’autant plus qu’ils étaient sûrement attendus. Et si Alec lui fauchait compagnie durant la mission, il se retrouverait seul…
Ils allaient avoir besoin d’un petit coup de main.
– Tu as un moyen de locomotion ? demanda-t-il à un Alec toujours aussi détaché.
– Le Shav’ra, ça compte ?
Jamie soupira…
– Je suppose qu’on ira en volant alors.
– Deux minutes ! Aller où ? Tu veux toujours aller chez Massive Technologie ?
– Oui. Mais avant, nous ferons une escale au Kansas. C’est un bar où j’ai mes entrées.
– Alors, ce sera sans moi. Inutile de m’emmener dans un piège tendu par les Forces Dispersées.
– Les Forces Dispersées me recherchent maintenant. Je suis comme toi. Un fugitif. Mes amis sont plutôt d’ex-taulards qui me doivent un service. Je suis sûr qu’ils vont te plaire, répondit Jamie avec un regard malicieux.
– Dans ce cas-là…
Alors qu’ils s’envolaient, Jamie songea qu’il devrait vraiment surveiller Alec. Ce dernier n’était pas un homme de confiance. Mais Alec était le seul homme, que Jamie avait sous la main, qui pouvait repérer le corps de Maratmahé grâce à la fameuse marque.
– Alors ? C’est de quel côté ? demanda Alec.
– Au nord de la ville.

Chapitre VI : Dans les airs


Plongé dans le Shav’ra qui lui donnait le pouvoir de voler, Alec avait étendu son pouvoir à Jamie. Il n’eut qu’une fois, par pur réflexe, l’envie de rétracter le Shav’ra sur sa seule personne, ce qui aurait eu pour conséquence de voir Jamie chuter de plusieurs dizaines de mètres. Un être humain normal ne survivrait pas à une telle chute, mais avec son pouvoir de téléportation, Jamie s’en sortirait sans mal.
Alec soupira. Il travaillait tellement mieux seul... Lui et son « partenaire » ne se connaissaient pas, ne savaient pas fonctionner en équipe, et Alec allait se retrouver en position d’infériorité numérique une fois que des alliés de Jamie se seraient joints à eux. La situation était inextricable…
Ceci dit, les perspectives liées à cette alliance étaient potentiellement très prometteuses. Tous deux savaient qu’une fois infiltrés chez Massive Technologie, ils ne se contenteraient pas de détruire le corps de Maratmahé mais feraient le plus de dégâts possibles. S’ils s’y prenaient bien, ils provoqueraient des dégâts conséquents dans le laboratoire personnel du Collectinat. De quoi gagner quelques mois de répit pour tous les Porteurs de Pouvoirs, que le Collectinat recherchait activement pour s’approprier leurs dons à son propre profit.

Leur vol conduisit les deux hommes dans les Flint Hills, les collines de silex qui portaient bien leur nom. Dans cette région, les traces de verdure étaient rares, et seuls quelques points d’eau et rivières mouchetaient le paysage.
– Suis cette rivière, Alec, fit Jamie en désignant Spring Creek du doigt. Dans quelques centaines de mètres nous arriverons à notre destination : le saloon de Sally.
– D’accord. Au fait, pendant que j’y pense, tu peux m’expliquer pourquoi on ne s’est pas téléportés ? Nous aurions gagné un temps fou.
– Et nous serions morts en un instant.
– Vraiment ?
– Nous nous rendons au Saloon de Sally. Tu ne sais donc pas ce que ça implique ?
– À vrai dire, non. Je n’avais jamais entendu parler de ce lieu avant aujourd’hui.
– Quand tu es devant le saloon, tu as l’impression d’avoir fait un bond dans le temps, de te retrouver à la conquête de l’Ouest. Et quand tu rentres dedans, il y a quelques piliers de comptoir et quelques joueurs de poker. Tout y est très ordinaire en apparence.
– Et qu’est-ce qui se cache derrière cette apparence ?
– C’est une forteresse inexpugnable, un refuge pour les Porteurs de Pouvoir qui ne souhaitent pas se mêler aux affaires du monde. Imagine une dizaine de Porteurs de Pouvoir vivant ensemble depuis des années, connaissant leurs forces et faiblesses respectives, et capables de s’allier pour mener des opérations conjointes.
– Ça pourrait donner une force de frappe intéressante.
– Tu peux oublier le conditionnel. Tu as entendu parler de l’explosion de l’usine de Riverside, l’an dernier ?
– Celle qui a fait une cinquantaine de morts ?
– Oué. L’usine abritait un des nombreux laboratoires du Collectinat. Ces imbéciles y amenaient des chiens qu’ils avaient kidnappés, afin de les transformer en Chiens Magiteck.
– Quel rapport avec le saloon ?
– Ils ont enlevé le bulldog de Sally, sans savoir qui était sa maîtresse. Elle n’a pas apprécié. Elle ne s’occupe pas de la guerre en cours, mais il vaut mieux ne pas lui chercher des crosses…
– Je crois que je te laisserai parler une fois qu’on y sera.
– Cela me semble sage, en effet. Pour en revenir à la téléportation, imagine qu’on se matérialise là-bas sans se faire annoncer : c’est un coup à être détruits dans la seconde. Le gang de Sally ne se poserait pas la question de savoir si nous sommes des alliés ou des ennemis. Il agirait d’abord et ne réfléchirait qu’ensuite… penché sur nos cadavres. Alors que si nous arrivons en volant, ils ont le temps de nous repérer et de se préparer à nous recevoir. Normalement, ils nous écouterons plutôt que de nous attaquer.
– Normalement ? s’étrangla Alec.
– Oui. Sally est assez raisonnable, en général. Mais si elle n’est pas là, et que Tyron est bourré, on va avoir des problèmes.
– À ce point-là ?
– Oui, il a l’alcool mauvais.
– Ça promet, conclut Alec, tout en pensant :
Finalement, ce n’était peut-être pas une bonne idée de venir jusqu’ici.