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 Débuts incertains

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Jahus
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Jahus


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MessageSujet: Débuts incertains   Débuts incertains Icon_minitimeLun 12 Aoû - 23:48

Avertissement

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Ce texte peut contenir des passages traitant de sexe ou de drogues.


Présentation

Cette nouvelle se déroule en l'an 767, parallèlement au roman principal.

Une jeune fille de la noblesse de Marénia rentre chez elle après une journée éprouvante où elle fit connaissance d'un charmant jeune homme, duquel elle accepta de recevoir un étrange collier.

Débuts incertains

La journée fut éprouvante et il lui tardait de retrouver sa chambre, de s'évader de sa vie l'espace d'un moment ; fermer la porte et se retrouver dans son monde. Ne plus rien entendre. Ne plus rien voir. Ne plus assister avec impuissance à l'insignifiance de la vie elle-même, et ne plus prendre part à cette humanité qui file à vive allure, sans se retourner et sans prendre le temps de se construire.

Coralie attendit, impatiente. Un nuage de gaz siffla vers elle et la porte du sas s'ouvrit. À grands pas, elle traversa le couloir menant à sa résidence, serrant son sac contre elle. Elle atteignit le vivarium, sombre à cette heure de la journée, et ralentit, regarda autour d'elle puis pressa le pas à nouveau, rejoignant un arbre et s'y adossant. Elle se laissa alors glisser et s'assit à même le sol.

Elle était au centre de la station orbitale familiale. Au-dessus d'elle, le dôme vitré lui offrait le spectacle qu'elle attendait : une voûte bariolée et criblée d'étoiles. Des étoiles qu'elle admirait une énième fois. Des étoiles qu'elle aimait admirer à cette heure de la journée où la pression extérieure retombait et où elle pouvait enfin se laisser aller à ses propres pensées, à ses rêves et à ses fantasmes.

Quelques minutes plus tard, une lumière vint éclairer le feuillage qui l'entourait ; elle émanait de la coursive entourant le jardin, deux niveaux plus haut. Coralie ne bougea pas mais se surprit à serrer plus fort son sac contre elle.

— Cora !

La voix résonnait sous le dôme. Et comme toutes les nuits, Coralie savait ce qui allait suivre – elle le récita en elle.

Cora, tout va bien ?

— Cora, tout va bien ? C'est bien toi ?

Elle émit un soupir et se leva lourdement. La fatigue accumulée durant la journée commençait à se faire sentir.

— Oui, Papa ! C'est moi. (Et elle fit quelques pas pour paraître sous le feuillage du grand arbre.) C'est moi, je suis rentrée, ajouta-t-elle en faisant des signes de la main vers la source de lumière.

La torche cessa d'émettre et la silhouette de son père parut s'éloigner puis disparut sous la lumière tamisée des couloirs.

Elle se résigna et rejoignit un élévateur, puis les coursives. La luminosité augmentait au fur et à mesure qu'elle marchait dans les couloirs et fanait tout de suite derrière elle. Toute la maisonnée semblait dormir. Elle tendit l'oreille et n'entendit que le faible vrombissement des accumulateurs d'énergie et des différents moteurs ; un bruit que la jeune fille appréciait beaucoup et qui lui rappelait celui qu'elle entendait dans ses oreilles avant de dormir.

La porte de sa chambre. Elle posa la main sur le détecteur d'empreintes. La porte coulissa vers le haut. L'intérieur était sous le règne d'une obscurité totale. Elle s'y précipita et s'affala sur son lit. Allongée sur le ventre, elle sentit sa gorge se serrer et le nœud de son estomac se délia en larmes ; et celles-ci coulèrent à flot et Coralie sentit leur chaleur venir brûler ses joues. Elle se sentait enfin chez elle. De la main, elle approcha un coussin et se blottit contre lui, puis pleura jusqu'à oublier sa journée, et pleura jusqu'à se libérer de la boule qui obstruait sa gorge.

Coralie activa un lumignon à son chevet et son visage fut éclairé d'une lueur chaude. Ses cheveux blonds la renvoyaient en éclats dorés et venaient en frange cacher ses yeux imbibés de larmes. Elle s'était désormais allégée pour le jour suivant. Et elle le faisait ainsi chaque soir. Elle se leva et rejoignit une armoire en bois qu'une vigne semblait entourait tant les sculptures qui l'ornaient paraissaient réelles. Deux longs miroirs faisaient office de portes.

Coralie déboutonna sa chemise blanche et l'envoya sur le lit. Elle se regarda dans la glace dans toute sa longueur puis se focalisa sur sa poitrine, la trouvant un tantinet trop légère, même sous son soutien-gorge. Elle se tourna d'un côté et regarda à nouveau : incontestablement, elle était trop petite.

Elle détacha son bluejean et le laissa choir à ses pieds. Elle regarda sa culotte bleue, se tourna de nouveau, à droite puis à gauche et regarda ses formes. Elle n'osa pas exprimer son avis, c'en était trop qu'elle puisse gérer. Et sa famille ne lui permettrait sans doute jamais d'en apporter des modifications.

Elle s'assis sur le rebord du lit et enleva ses chaussures, puis son pantalon. Elle se laissa tomber en arrière, regarda le plafond étoilé de sa chambre. L'image y reflétait avec exactitude le fond sidéral que l'on pouvait voir depuis Nouvelle Terre. C'était là son choix. Le ciel qu'elle voyait ici aux abords de Marénia était beaucoup trop coloré pour faire office de plafond nocturne.

Des bribes lui revinrent de sa journée. Elle pensa à sa soirée, elle pensa à la rencontre qu'elle avait faite puis s'en éloigna. Elle s'assura qu'elle n'avait rien à préparer pour les cours du lendemain puis regarda l'horloge de chevet.

25H 25'

Il se faisait tard. J'ai une heure de retard, faute à ce…

Elle se refusa d'y penser. Maintenant, elle se sentait trop fatiguée pour méditer, trop stressée pour lire et trop anxieuse pour penser au lendemain ; à quand elle le reverrait. Elle s'arrangea sur son lit, tira son sac et, sous le seul éclat du lumignon, déversa son contenu sur son lit.

Il y avait là son assistant personnel, petit, rectangulaire et aussi fin qu'une feuille de papier. Il affichait encore les données relatives à son dernier cours ; les résultats de son dernier vol d'essai. Coralie les observa un moment : Il était passé devant elle, lui qui n'est qu'un simple… bouseux ! Et elle qui depuis ses neuf ans suivait les cours de vol de l'Académie Royale. Elle s'enfuit encore de cette pensée.

Coralie prit la pochette de tampons bio-hygiéniques CyberBot qui gisait sur le lit et l'observa. Prise d'une vague d'énervement, elle l'envoya contre le mur et cria d'un cri sec.

La jeune fille vit alors son regard se fixer sur un objet : un collier à l'allure chromée. Mais elle s'en interdisait l'usage ; d'ailleurs, elle ne savait plus pourquoi elle avait accepté de le prendre. Il le lui avait donné durant la soirée. Coralie ne savait même plus pourquoi elle avait accepté de passer sa soirée avec lui, ou pourquoi elle avait accepté son invitation.

Décidément, dans sa pensée, il n'y en avait plus que pour lui. L'esprit embrouillé, elle tira sur son couvre lit et envoya valser chaque objet gisant dessus. Se pelotonnant contre un coussin, elle dormit, presque apeurée.

Durant la nuit, la jeune fille fut très turbulente et s'agita fortement. Dans ses rêves, elle revoyait des bribes de sa course avec le jeune homme dont elle venait tout juste de faire connaissance. Elle revoyait défiler les anneaux à travers lesquelles elle devait faire passer son petit vaisseau.

Suis-moi, lui dit-il. Et elle le suivit jusqu'au dernier niveau de la station orbitale. Derrière elle, Coralie semblait desceller des lettres calligraphiées toutes dorées. Ils étaient tous deux accoudés à la balustrade de la grande terrasse de l'Académie Royale. Coralie regarda le jeune homme. Il avait le regard lointain, figé, perdu dans l'immensité sidérale.

Ses paupières s'ouvrirent grand et elle regarda le lumignon resté allumé. Apparemment, il n'était pas décidé à déserter ses pensées. Coralie approcha sa main de la petite boule d'énergie flottant à une petite distance du dispositif d'éclairage. Une douce et légère chaleur en émanait et la réconfortait. Elle fixa encore la boule lumineuse quelques secondes puis ferma les yeux et reposa sa tête sur le lit.

Ses lèvres bougeaient lentement mais aucun son ne parvenait jusqu'à elle. Soudain, elle décela quelque chose dans ses yeux, quelque chose que la jeune fille n'avait dès lors pas remarqué. Ses iris étaient gris, un gris si clair qu'ils semblaient faits de platine. Sa pensée lui plut puis la fit sourire. Coralie le vit alors se retourner et poser son regard sur ses lèvres. Elle se retint de sourire davantage mais c'en fut trop qu'elle pût cacher. Il approcha ses lèvres d'elle et se sentait irrémédiablement attirée vers lui.

Coralie se réveilla pour étouffer le cri qui se tenait à l'embrasure de sa bouche. Elle se redressa et regarda sa chambre. Le calme revint vite à son esprit mais son cœur battait encore bien fort. Elle envoya sa main vers le lumignon et l'éteignit. La boule d'énergie flottante rétrécit en s'approchant du socle jusqu'à y disparaître, laissant place à une obscurité totale. Mais c'était ce que la jeune fille cherchait. Elle ne voulait plus rien sentir. Elle se rendormi sitôt allongée sur le ventre.

Leurs mains se joignirent et se tinrent tendrement. Leurs lèvres se frôlèrent et elle en sentit son corps trembler. Coralie ferma les yeux – fuyant la vue d'yeux à l'allure irréelle. Elle voulut dès lors l'embrasser pleinement quand un faisceau de lumière vint éclairer le feuillage alentour. Elle fut vite prise de panique et sentit une douleur au creux de son ventre, puis une autre, plus bas encore qui l'amena à serrer ses cuisses et à se tordre tant celle-ci était violente.

— Cora !

On frappait à la porte. La jeune fille essaya tant bien que mal de reprendre ses esprits. C'était son père et il l'appelait à nouveau.

— Oui, Papa ?

Elle jeta un œil à l'horloge.

01H 31'

La voix de son père reprit.

— Coralie, tu vas bien ? Je t'ai entendue crier.

Les joues de la jeune fille s'empourprèrent.

— Oui, Papa, répondit-elle, la gorge sèche. Juste un cauchemar. Rien de grave, ajouta-t-elle, incertaine.

Coralie essaya alors de s'en persuader. Rien de grave, répéta-t-elle dans sa pensée. C'est juste un cauchemar, un affreux cauchemar.

— Alors rendors-toi, ma fille. Et passe une bonne nuit.

Elle sursauta, ayant complétement oublié la présence de son père derrière la porte.

— Oui, Papa. Toi aussi.

Les pas de son père n'étaient guère perceptibles, même dans le silence absolu de la station familiale ; toutes les cloisons étaient insonorisées. Alors j'ai dû crier très fort pour qu'il m'entende. Je devrais me calmer, et vite.

Coralie se mit sur le dos, décroisa puis détendit ses membres. Elle joignit son index à son pouce et ferma les yeux, débutant une respiration ample visant à la faire entrer en profonde relaxation.

Un court instant plus tard, elle rouvrit ses paupières, haletante. Sa tentative de relaxation se transformait en torture. Son cœur battait si fort qu'elle en vibrait de tous ses muscles. Et ceux-là la lançaient et étaient pris de légères convulsions.

C'en est trop, trop, trop ! Qu'est-ce qui m'arrive ?

Coralie se leva et alluma toutes les lumières de sa chambre, se baignant dans une lueur vive, blanche et éblouissante. Elle chercha des yeux son sac puis le ramassa par terre. Elle y envoya sa main mais n'y trouva rien. Elle chercha à nouveau par terre et retrouva le collier qu'il lui avait donné. Elle le jeta sur le lit et se mis face à la glace.

Ses cheveux pendaient en queue de cheval derrière sa tête, tenus par un ruban au niveau de la nuque, comme l'avait coiffée sa gouvernante. Coralie se dépêcha d'enlever leur attache et ils vinrent, longs et éclatants, se répondre sur son dos. Elle en prit quelques mèches et les déversa sur sa poitrine puis se regarda à nouveau et se trouva jolie.

Sautant sur son lit, la jeune fille se mit en tailleur et pris le collier. Elle l'observa un moment puis n'y voyant rien d'étrange, elle le passa à son cou. Au contact de sa peau, la teinte chromée qu'il arborait se changeait progressivement en un noir sombre et sa texture parût de plus en plus gélatineuse.

Coralie eut un violent haut le cœur. Sa respiration commença à accélérer. Le collier semblait épouser parfaitement les courbures de son cou, tant qu'elle ne sentit même plus sa présence. Quelque chose d'étrange se passait ; elle ne savait plus à quoi penser et son raisonnement se faisait de plus en plus étalé et vide de sens.

Ses extrémités commencèrent à la picoter, puis ses doigts devinrent lourds. Elle vit son bras gauche bouger sans qu'elle n'en eût donné l'ordre. Une sensation de lourdeur s'installa sur sa tête et ses paupières s'ouvrirent à exorbiter ses yeux. La lumière environnante, blanche et vive, se changeait en un rose pâle puis devint d'un bleu azuré.

— Ouvre les yeux, maintenant, l'entendit-elle lui demander.

Coralie enleva le bandeau lui recouvrant les yeux et le vit assis en lotus devant elle. La chambre baignait dans une douce lumière rose dragée, très pâle. Il la regardait de ses yeux aux iris argentés et son regard semblait la transpercer. Elle sentit le sang affluer à son visage ; elle rougit.

— Cora.

Quand il dit son nom et qu'il le dise de cette façon-là, elle se sentit approcher de lui et c'est ce qui lui arrivait. La jeune fille se voyait planer vers lui, elle aussi en lotus. Et ils étaient sur son lit, dans sa chambre, chez elle. Coralie ne parvenait plus à éviter son regard. Les meubles de sa chambre étaient comme cachés dans l'ombre, les murs s'étaient rapprochés et les avaient avalés, leur teinte était plus rose, comme si l'on y avait aplati des framboises. Et c'était ce qui semblait, des filets de liquide brillaient et perlaient sur le mur.

— Cora.

Il le chuchotait et sa main lui était tendue. Coralie n'eut d'autre choix que de la prendre. Leurs doigts s'entremêlèrent et les picotements la reprirent le long de son bras. Elle voulut se regarder, voir ce qu'elle portait, mais restait prisonnière. Elle commençait à discerner son visage, serein mais pâle. Ses yeux étaient grands ouverts, ses lèvres esquissait un léger sourire. Il paraissait presque timide, mais c'était elle qui l'était. Coralie sentait son cœur battre sur ses tempes et sa poitrine se soulever plus haut qu'elle ne le devait.

— Gaël !

Au moment suivant, leurs lèvres étaient si proches qu'elle pouvait respirer l'air qu'il lui offrait. Elle ferma les yeux et sentit ses mains lui caresser le cou, puis les joues. Elle se sentit choir en arrière et fit de toute sa volonté pour garder les paupières refermées.

Une musique lascive vint emplir l'air de ses notes. Il caressa ses jambes, caressa son ventre et l'embrassa alors que leurs corps se rencontraient dans toute leur longueur. Il l'embrassa encore, tirant sur ses lèvres, et les mordillant. Le désir qu'elle ressentait en allait se décuplant. Elle osa un mouvement, passa ses mains sur son dos et le serra contre elle, puis le griffa et passa ses jambes autour des siennes. Il caressait aussi son dos, défit son soutien-gorge et le laissa quitter sa poitrine au gré de leurs ébats.

Coralie se tortillait et soulevait son bassin dans un geste d'envie et d'empressement. Elle essaya de libérer ses mains et telle une réponse à son mouvement, il s'éloigna et vint retirer lentement sa culotte. Sentant son sous-vêtement filer le long de ses jambes, la jeune fille luttait contre ses cuisses qui se serraient et contre ses jambes qui s'entrecroisaient. Coralie, affaiblie par une lutte intérieure qu'elle se savait perdre, se laissa à sa volonté et vint tirer son compagnon par le cou et s'offrit à lui.

Elle ressentait chaque mouvement qu'il faisait, et se plaisait à chaque baiser qu'il posait sur ses lèvres, son cou ou ses lobes. Elle lui offrit ses seins quand elle le sentait qui entrait en elle. Elle réfrénait les hurlements qui se tassaient contre ses lèvres et serraient celles-ci autant qu'elle le pouvait, à s'en mordre et à se saigner.

Coralie passa encore ses griffes dans le dos de son compagnon alors qu'elle ressentait une violente vague d'émotion remonter de ses reins, l'étouffer et la plaquer contre le lit. Ses yeux se révulsèrent et la fente de ses lèvres se déchira pour laisser éclater un hurlement strident.


Tout était sombre autour d'elle et tous ses muscles étaient endoloris. Elle se mit difficilement sur le côté et se blottit contre son coussin. Elle envoya sa main sous sa culotte et trouva qu'elle y était très mouillée. Coralie regarda le liquide qui perlait sur ses doigts, du sang avait coulé. La jeune fille en sentit sa tête tourner.

Ce n'est qu'un peu de sang, allez, ne t'en fais pas, se surprit-elle à se dire.

Coralie n'en sentait aucune douleur et essaya de se calmer. Elle porta la main à son cou : le collier n'y était plus attaché.

— Cora !

Elle sursauta, prise de panique.

— Coralie !

Ce n'était plus seulement la voix de son père. Sa mère aussi était à la porte.

— Oui, Papa, répondit-elle.

Elle chercha vite le collier et le fourra dans son sac qu'elle jeta derrière le lit. Ceci fait, elle chercha une bure légère pour se couvrir et partit déverrouiller la porte.

— Ouvre, ma fille.

— Oui, Mère.

La porte glissa vers le haut et Coralie découvrit le visage effrayé et criblé d'inquiétude de ses parents et sa gouvernante.

Sa mère entra en premier, maladroitement enroulée dans un peignoir en satin rouge, brodé de noir et de grenat. Ses cheveux relâchés, dorés et aussi longs que ceux de sa fille, venaient longer son corps et former autant de filaments d'or sur le fond écarlate de sa robe. Elle s'assit sur le rebord du lit et regarda Coralie d'un œil inquisiteur.

Son père se tenait sur le pas de la porte, lui aussi gauchement vêtu d'un peignoir en satin sombre. Il regardait sa fille avec souci. Sa gouvernante approcha d'elle et l'inspecta : ses cheveux, imbibés de sueur, collaient à son cou. Ses yeux étaient rivés par terre et son visage arborait une culpabilité flagrante.

— Tu vas bien, Cora ?

Elle tenait difficilement debout.

— Oui, Père, répondit-elle d'une voix étouffée.

— Viens t'asseoir.

Sa gouvernante, habillée en robe de chambre blanche, les cheveux retenus en chignon à l'arrière de sa tête, la prit par l'épaule et la fit s'asseoir sur le lit.

— Ça va aller, ma fille, la rasséréna-t-elle.

Coralie baissa encore les yeux, ne pouvant soutenir aucun de leurs regards.

— Encore ces terreurs nocturnes ? demanda son père qui s'accroupi pour se mettre à son niveau.

Coralie ne répondit pas.

— Nous t'avons entendue crier très fort, Coralie, plussoya sa mère.

La gouvernante alla vers un coin de la chambre et remplit une tasse d'eau.

— Buvez ça, dit-elle en tendant le verre à Coralie. Tout va bien, ma fille.

Coralie but difficilement ; l'eau passait rudement dans sa gorge desséchée, mais elle en redemandait.

— Elle est haletante et en sueur, remarqua sa mère. Stanislas, va donc chercher le matériel médical. Je suis sûr que la petite est fiévreuse.

Son père se leva et sortit de la chambre.

— Madame, appela Coralie, encore un peu d'eau, voulez-vous.

Elle tendit la tasse et comprit qu'elle se trouvait seule avec sa mère. Son visage s'empourpra et elle l'inclina, que sa frange cache son visage. Sa mère s'approcha d'elle et l'enlaça. Coralie posa la tête contre son sein et se détendit. Se pliant et soulevant les jambes sur le lit, elle se pelotonna dans les bras de sa mère et accueillit avec joie les larmes qui se jetaient de ses yeux pour perler sur ses joues et venaient finir leur course sur ses lèvres brulentes.

— Donnez, Mariya, demanda sa mère à la gouvernante qui arrivait avec une tasse rempli d'eau. Je vais la faire boire.

Alors qu'elle se faisait avaler son eau en petites gorgées, son père revint avec une valise blanche marquée d'un cercle rouge sur le dessus.

— Allonge-la, Véra.

Sa mère obtempéra. Mariya prit un oreiller et le lui mit sous la tête.

Son père ouvrit la valise et en sortit deux gantelets qu'il mit aussitôt. D'un tissu noir, ils arboraient au niveau de la paume un gros cristal pourpre d'où partaient de petits filaments bleus pour rejoindre l'écran au dos de la main.

Stanislas fit passer ses mains à une petite distance au-dessus du corps de sa fille. Il suivait les indications que lui donnaient les écrans et observait les résultats.

Coralie pensa soudain à quelque chose. Son pouls accéléra et une interrogation nouvelle s'afficha sur le visage de son père. Elle se rappela du sang qu'elle avait trouvé en se palpant l'entre-jambe. Sur le moment, quand elle avait découvert ça, elle s'était consolée en pensant qu'elle n'en ressentait aucune douleur. Mais si c'est bien ça ? Je ne sais rien de ce fichu collier !

Coralie ne pouvait pas se le permettre, pas dans sa position, pas avec son rang qu'elle se doit de respecter et surtout pas avec sa mère. Elle serra les dents et essaya tant bien que mal d'éclipser son inquiétude sous une quelconque autre expression.

Elle regarda impuissante les gants médicaux survoler ses parties intimes et retint son souffle. Son père ne broncha pas et continua son office.

— Diagnostic terminé, annonça-t-il. Rien à signaler.

Il enleva ses gants et les rangea à leur place puis vint au chevet de sa fille.

— Elle est pâle, signala sa mère. Tu en es sûr, Stanislas.

— Je n'ai rien, Mère, objecta Coralie. J'ai sûrement fait un autre cauchemar.

Stanislas posa un baiser sur le front de la jeune fille et se releva.

— C'est sûrement ses terreurs nocturnes qui la reprennent. Si ça se reproduit, je l'emmènerai voir Will.

— Ça lui vient sûrement des courses auxquelles elle participe, intervint sa gouvernante.

Non, Mari, non ! la supplia Coralie dans sa pensée.

— Des courses, dites-vous ? ajouta sa mère.

La jeune fille parut encore plus pâle. Les courses représentaient son seul amusement à l'école et en plus, une interdiction tomberait très mal, au moment où elle réfléchissais sur un moyen de prendre sa revanche sur Gaël.

Pensant à lui, tout son corps frissonna et fut envahi de sueurs froides. Coralie fut contente que les gants médicaux soient bien rangés en ce moment.

— Ce sont juste des courses que nous organisons entre amis, se hâta d'expliquer Coralie. Rien de méchant.

Véra, sa mère, alla objecter mais son père la devança.

— Je suis sûr que ces… courses, n'ont rien de méchant, Cora. Par contre, tu vas lever le pied un petit moment. Le temps que je discute de tout cela avec Wilhelm.

— Mais…

Coralie n'objecta pas de vive voix. Après son "mais", elle n'osa plus rien dire. Trop honteuse de ce qu'elle avait fait, elle recevait cette interdiction comme une punition bien méritée. Le visage de son père était sévère, celui de sa mère encore plus. Et rien ne servait d'en vouloir à Mari. Et puis, il doit bien y avoir un autre moyen de rabattre son clapet à ce vaurien de Gaël, à ce… à ce… à ce voyou, à ce gredin de Gaël !

Son père acquiesça, comprenant que sa fille était d'accord.

— Dors bien, Cora.

— Vous aussi, Père. (Sa mère vint et l'enlaça avant de poser un baiser sur sa joue.) Dormez bien, Mère.

Véra rejoignit Stanislas qui était déjà sur le pas de la porte. Ils sortirent alors que Mariya, la gouvernante, rangeait la tasse d'eau. Elle vint devant elle et lui fit sa révérence. Avant de sortir, elle l'observa une dernière fois.

— Je ne vous connais que trop bien, jeune fille, et je connais vos terreurs nocturnes. Je ne sais pas ce qui vous arrive mais vous trembliez et suiez un peu trop à mon goût. Soyez bien heureuse que je n'en dise point mot à Dame Véra votre mère. Considérez que vous me devez des explications.

Elle imaginait facilement tous les mots qui se ruaient sur la langue de sa gouvernante, et, la connaissant elle aussi, ne s'étonna pas à l'entendre en choisir ceux-là. Elle lui sourit avant qu'elle ne tourne les talons.

Mariya fit de même, éteignit la lumière et sortit, laissant la jeune fille à ses pensées.

Coralie se blottit encore contre son coussin et ferma les yeux. Bien qu'elle n'osât aucunement se rappeler sa soirée, une présence s'était ajoutée à son âme et sa pensée prenait corps de son esprit.

Gaël.
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