J'aimerais vous raconter une histoire, celle d'un manga génial et révolutionnaire dont la renommée et la popularité hors de l'archipel nippon n'a rien à envier à celle d'un Patrick Juvet pour nous (moi) les jeunes des années quatre-vingt-dix qu'on essaye de droguer avec les Pharell Williams, One Direction et autres conneries comme Twilight.
C'est l'histoire d'un manga tellement ultra-populaire au Japon que dans la rue le nom d'Araki est plus prononcé que ceux de Toriyama ou Kishimoto. C'est le genre d’œuvre dont le génie intrinsèque peine à être reconnu en-dehors des frontières des vendeurs de petites culottes, autrement dit des érudits de manga, les seuls, les vrais.
Parmi les (nombreuses) erreurs de l'humanité, la faible célébrité de ce manga en Occident est l'une des plus grosses...
Ce manga, c'est JoJo's Bizarre Adventure (ou ジョジョの奇妙な冒険, JoJo no kimyō na bōken chez nos chers amis du pays du Soleil Levant), écrit et dessiné par le génial Hirohiko Araki. Plus qu'un autre manga, c'est l’œuvre d'une vie dont l'importance devrait être au moins aussi grande que celle d'un Berserk ou d'un Dragon Ball ; publiée depuis 1986, la série a vécu dans les pages du Weekly Shonen Jump jusqu'en 2004 puis dans celles de l'Ultra Jump après que la série a pris un ton plus adulte (si bien qu'on la qualifie aujourd'hui de Seinen), l'auteur continue semaine après semaine de nous narrer le destin atypique et excitant de la famille Joestar...
...Eh oui car la première et plus grande particularité de ce manga, c'est qu'elle n'a pas qu'un seul héros... mais 8 !! (au jour d'aujourd'hui)
La série est divisée en 8 parties distinctes dans l'espace et le temps, et à chaque partie correspond, vous l'aurez compris, un nouveau personnage principal qui partage son surnom avec tous les autres : JoJo.
- La première partie s'intitule Phantom Blood et a pour protagoniste Jonathan Joestar, fils d'un richissime Lord Anglais de la fin du XIXème siècle. Cette première partie peut être cataloguée comme un Shonen horrifique mettant en scène des vampires et toute une mythologie qui se met en place avec le grand antagoniste Dio Brando, fils d'une raclure de fonds de caniveaux et dévoré par une ambition maladive : écraser et dominer tous ceux qui s'opposent à lui. Flanqué d'une dette de vie envers Dario Brando qui le sauva par pure cupidité, Georges Joestar s'engage à prendre Dio sous son aile et à l'élever comme son fils, ce qui n'est pas trop du goût de Jonathan dont la vie sera nettement compliquée par l'arrivée de son nouveau "frère". Ces deux personnages n'ont absolument rien en commun sinon un toit, et l'existence de JoJo deviendra bientôt un obstacle à l'ambition démesurée de Brando.
Néanmoins, le destin de ces deux hommes se liera au point que la destinée des Joestar sera liée à Dio pour le siècle à venir.
- On enchaîne avec Battle Tendency et Joseph Joestar, le petit-fils de Jonathan. Inscrite dans la droite lignée de la précédente, à savoir une épopée fantastique cette fois-ci très marqué par les grands films d'aventure comme Indiana Jones et les Aventuriers de l'Arche Perdue. Personnellement, c'est à partie de cette partie que j'ai vraiment commencé à prendre mon pied, en partie grâce à Joseph, moins sérieux et gentleman que son ancêtre et un peu tricheur sur les bords. Mais...
- ...c'est la troisième partie, ou "saga" qui est vraiment à l'origine du culte nippon autour du manga : Stardust Crusaders. La plus populaire, en partie grâce à une innovation qui deviendra le trait de fabrique de la série : les Stands. En deux mots, un Stand représente l'esprit combatif d'un personnage, et le moins qu'on puisse dire c'est que celui de Jotaro Kûjo, troisième "JoJo", est plutôt balèze. Cette troisième partie regorge d'inventions graphiques et narratives qui ont contribué au succès du manga, qui prend alors un virage plus axé sur le road-trip et le buddy-movie, avec une pléiade de personnages secondaires attachants (et repoussants) et des combats toujours plus innovants. Cette troisième partie est celle de la maturité de son auteur, et le début de la légende JoJo !
- Diamond is Unbreakable, ou les tribulations d'un ado dont la filiation aux Joestar (et la branche japonaise depuis Jotaro) est controversée : j'ai nommé Jôsuke Higashikata ((« Jôsuke » s'écrit « 仗助 » ; si le premier kanji se prononce « Jô », le second peut être prononcé soit « Suke » soit « Jo », d'où son surnom). Cette saga est encore plus délirante que la précédente, tant le concept de Stand est poussé plus loin. Point de voyages cette fois, l'action se déroule dans une seule ville au Japon.
- Mais qui donc est Giorno Giovanna, et que lie ce jeune mafieux italien en devenir aux Joestar ? Si vous avez aimé Le Parrain ou Les Soprano, vous aimerez peut-être Golden Wind.
- La sixième partie, Stone Ocean, introduit le premier JoJo féminin, Jolyne Kûjo (fille de... ?), dans un univers carcéral avec principalement des héroïnes comme têtes d'affiche. Dans cette partie, tout le monde s'habille en Gucci, allez savoir pourquoi...
- Avec la septième partie intitulée Steel Ball Run, Araki opère une petite révolution en rebootant complètement son propre univers. On est de retour à la fin du XIXème siècle, aux États-Unis : "Steel Ball Run" est le nom d'une course de chevaux qui aura lieu aux USA de San Diego à New York, ce qui représente plus de 6 000 km à parcourir pour nos cavaliers. Mais la récompense s'avère à la hauteur : 50 000 000 $. Jayro Zeppeli fait équipe avec son ami Johnny Joestar pour gagner la course. C'est durant cette partie que la prépublication a migré vers les pages de l'Ultra Jump avec son ton jugé trop adulte pour un jeune public. On y retrouve plusieurs personnages depuis longtemps disparus, dont un nouveau Dio !
- La huitième et dernière partie à ce jour (toujours en cours de publication) s'intitule JoJolion et l'auteur a surpris son monde en situant l'action en 2011, à la suite du tragique tsunami qui a secoué l'archipel nippon il y a 4 ans. Le héros est nommé Jôsuke Higashikata (oui, encore, mais c'est pas le même) et la première fois qu'on le voit il est cul-nu.
Que nous réserve l'auteur pour la suite ? pour la fin ? En a-t-il prévu une au moins ?
La version française est d'abord sortie aux éditions "J'ai lu" en 46 tomes, mais la publication fut abandonnée en 2006. "Tonkam" a repris l'édition à partir de la cinquième partie, Golden Wind. L'éditeur réédite par la suite les premières parties, en commençant par la troisième.
La série a aussi été adaptée en animé : tout d'abord dans les années 90 avec une série d'OAV qui reprennent la troisième partie, Stardust Crusaders. La qualité est bien présente bien que l'animation se fasse vieille. Une autre adaptation a vu le jour en 2013 : la première saison de 26 épisodes regroupe les deux premières parties du manga, tandis que la saison 2 intitulée "Stardust Crusaders" adapte bien entendu la troisième partie éponyme. La série est toujours en cours et est dispo gratuitement en Vost sur Crunchyroll.
Alors, ça donne envie, hein ?! Non ? Attention je mets des claques !