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 Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy

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Titi

Titi


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MessageSujet: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeMar 26 Mai - 23:32

Aujourd’hui, non pas une, pas deux mais trois critiques en une ! Et d’un auteur qui gagnerait à être plus connu : Abraham Merritt. Il est considéré ni plus ni moins que comme l’un des précurseurs de la fantasy en tant que genre littéraire (chronologiquement après H.R. Haggard et E.R. Burroughs mais avant R.E. Howard et H.P Lovecraft).

Alors, direction les années 1920 !

***

Né en 1884 dans le New Jersey et mort en Floride en 1943, Merritt fut principalement journaliste durant sa carrière (d’où le petit nombre de récits qu’il a publiés). Il fut notamment rédacteur adjoint de la revue American Weekly de 1912 à 1937.

Généralement applaudies par la critique lors de leur publication (notamment Le Gouffre de Lune), ses histoires (à l’exception de La Nef d’Ishtar semble-t-il) sont finalement tombées en disgrâce (et en désuétude reconnaissons-le. Qui parmi-vous connaissait déjà l’auteur avant de cliquer sur ce post ?)

Il faut dire que Merritt a tout de l’auteur de nouvelles « classiques » pour Pulp Magazines : des monstres chtoniens, des guerriers farouches et des damoiselles fort peu vêtues constituent ses principaux ingrédients. Il a aussi largement repris la thématique des aventures dans les Mondes Perdus. Son style le démarque pourtant d’autres auteurs contemporains par l’utilisation massive d’adjectifs pour enrichir ses descriptions (j’exagère peut-être un peu mais si vous lisez ses descriptions de Muria dans le Gouffre de Lune, vous comprendrez de quoi je veux parler). Il n’a pas non plus son pareil pour la création de paysages grandioses : forteresses en ruines dans des oasis secrètes du désert de Gobi, mystérieuses citadelles érigées à la gloire du panthéon mésopotamien… En bref, il invente des univers imaginaires, des univers de rêve, mais de rêves que nous aimerions tous partager.

Avant de continuer, je tiens ici à reconnaître que oui, ces histoires ont vieilli. Il faut s’efforcer de les lire avec l’esprit du lecteur des années 20 qui n’a pas eu un demi-siècle de fantasy avant lui car les thèmes et situations abordés dans ces romans furent largement repris par la suite : les monstres d’outre-espace par Lovecraft, barbares et femmes dévêtues par Howard (je schématise), etc.

C’est donc avec un esprit plus ouvert que vous lirez les lignes suivantes et les critiques du Gouffre de Lune, de la Nef d’Ishtar et des Habitants du Mirage. J’espère pouvoir ajouter un jour la critique du Visage dans l’Abîme. N’étant pas arrivé à créer d’accroche assez efficace, les mini-résumés de chaque histoire sont ceux présents en quatrième de couverture sur les romans. Peut-être cela changera-t-il dans une future mise à jour du post, en attendant, enjoy. Pour les plus patients, un petit bonus vous attendra avec la conclusion.

***

Le Gouffre de Lune (The Moon Pool)

Il s’agit du seul des trois romans que j’ai lu en VO ce qui m’a valu quelques problèmes pour comprendre les répliques de l’un des personnages, prénommé Larry. Il s’agit d’un pilote irlandais un peu farfelu croyant aux Korrigans et fées et abusant de l’argot.

« Sur l’île de Ponape dans le pacifique sud, la froide lumière de la pleine lune révèle les ruines d’une civilisation disparue. C’est ici que l’Habitant (The Dweller/ The Shining One - NdT) surgit des profondeurs, une force énigmatique faite de terreur et d’une beauté étincelante (monstruous terror and shining beauty - NdT) qui erre dans le pacifique sud, happant tous ceux qui croisent son chemin. Une expédition internationale menée par le professeur américain Walter Goodwin engage une course contre la montre pour sauver les victimes de l’Habitant. Le sombre responsable derrière cette force malveillante est le monde mythique enfoui de Muria, habité par un peuple légendaire bien décidé à reprendre ce qui fut sien il y a longtemps. »

Traduit du 4ème de couverture de l’édition américaine de 2001.

Il s’agit du premier roman publié par Merritt et de son premier succès. Évidemment, ça paraîtra très « oldschool » aux lecteurs contemporains (pensez-vous : des scientifiques qui tirent d’abord et posent les questions ensuite, remarquez ça nous épargne le cliché des cruches blondes dans les films d’horreur) et aussi déjà vu. (cf EP Jacobs et l’Énigme de l’Atlantide pour le concept de la civilisation souterraine).

Mais comme le fait remarquer Robert Silverberg dans sa préface, le problème vient du fait que Merritt a si bien défini les codes du genre que tout le monde l’a imité par la suite avec plus ou moins de bonheur.

Cette lecture fut pour moi celle d’une histoire quelque peu mystérieuse (le monstre restant un concept relativement abstrait et donc assez angoissant par certains côtés) avec de l’action, de l’amour, de la trahison, du suspense et un grand final. Comme de juste à cette époque, les personnages sont assez stéréotypés, notamment le méchant/
traître (initialement un Prussien et par la suite un soviétique lors de la publication du roman à cause du changement de la situation géopolitique).


Problèmes : l’argot irlandais en VO c’est pas top…

Un point bonus pour la présence d’un Viking.


***


La Nef d’Ishtar (The Ship of Ishtar)

« John Kenton, un archéologue contemporain, reçoit une sculpture babylonienne représentant le vaisseau de la déesse Ishtar. Une étrange magie s’en dégage et Kenton plonge à travers un gouffre de six mille années sur le pont de la nef ensorcelée. Il est mis en présence d’une femme d’une divine beauté, « virginale de corps mais non point d’âme ». C’est Sharane, la prêtresse d’Ishtar.

Un amour fou va désormais lier ces êtres qu’un abîme de temps sépare. Entre eux se dresse Klaneth, prêtre du dieu Nergal, qui vogue, lui aussi, sur la nef maudite.

Car, sur ce vaisseau, s’affrontent les forces colossales de deux divinités anciennes pour qui les hommes du passé ou d’aujourd’hui ne sont que des pions sans importance. »

4ème de couverture de mon édition française.

Je l’avoue, j’étais dubitatif lorsque j’ai commencé la lecture. D’une part, le champ d’action se limitait à la nef voguant sur une mer hors du temps et aussi parce que ce navire est régi par un certain nombre de règles qui font que ses passagers ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. D’où des évènements de portée assez limitée.

Et puis, arrivé à la fin du premier quart, ça se réveille et là… CROM ! Une histoire d’amour tragique sur fond d’affrontements épiques entre divinités et humains, des combats titanesques… On se croirait dans les meilleures nouvelles de Conan. Le final est sublime et le destin de Kenton et Sharane, poignant. Mentionnons aussi le respect de la mythologie mésopotamienne (Ishtar est non seulement la déesse de l’amour mais aussi celle de la vengeance – une sorte de fusion entre Aphrodite et Héra pour résumer). Point de monstre venu d’outre-espace ici, nous sommes réellement en pleine fantasy. Les dieux interviennent quand ils veulent, les humains ne sont que des pions… Bref à part un début étrange (le concept de la porte dimensionnelle) et une atmosphère qui ne plaira pas à tout le monde (surtout que la condition féminine en prend un bon coup au début Very Happy) c’est du bon.

Et un autre point de bonus Viking.


***


Les Habitants du Mirage (Dwellers in the Mirage)

« Leif est un homme d’un autre monde qui pénètre, par hasard, dans la vallée du Mirage. Il a alors la surprise d’être pris pour Dwayanu, jadis le cruel prince de cette région. Dwayanu, le seul être capable de faire descendre Khalk’ru sur notre monde.

Bientôt Leif s’éprend d’Evalie et se dresse contre la sorcière Lur, l’ancienne amante de Dwayanu. Mais lorsqu’il assiste au sacrifice rituel d’une jeune femme, sur le point d’être mère, à la terrible divinité venue d’outre-espace, Leif perd la maîtrise de lui-même. Dwayanu s’empare de son esprit et, malgré la résistance horrifiée de son hôte, évoque le dieu monstrueux.

Que pourra Leif pour sauver Evalie et son peuple alors qu’il est lui-même habité par leur plus terrible ennemi ? »

4ème de couverture de l’édition française.

Le meilleur des trois, tout simplement. Ici, Merritt tient réellement la dragée haute à Howard. Une ancienne malédiction, un monde perdu, des civilisations cherchant à regagner leur gloire passée, une amitié immuable, et les inévitables histoires d’amour et batailles titanesques, de la trahison, encore un Viking (cette fois c’est le héros)…

Il est moins tiré par les cheveux au niveau du monde perdu que Le Gouffre de Lune, moins ésotérique que la Nef d’Ishtar (les divinités n’interviennent pas mais il y a bien de la magie et des monstres) et il y a quelques éléments plus originaux. D’abord un personnage féminin dans la galerie des « méchants » mais surtout le fait que le véritable méchant et le héros sont en fait la même personne, ça c’est intelligent !

Aujourd’hui bien sûr, on crie au plagiat ou au manque d’originalité mais franchement, si moi, petit lecteur de la fin du 20ème siècle/ début du 21ème je trouve déjà que c’est diaboliquement bien mené, pensez un peu aux réactions en 1932 ! L’un dans l’autre, un bon choix.


**


Pas de véritable conclusion, mon avis se retrouvant déjà dans la biographie de l’auteur et dans les différentes critiques. Alors, pour terminer en beauté, une petite digression à propos des couvertures.

Voici la couverture de l’édition US de The Moon Pool.
Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy 4637c9bac2408ea6fdca8304b44e6t

Sobre, efficace, on y voit tous les éléments du titre, c’est mystérieux, on veut lire.

Maintenant, la couverture de la Nef d’Ishtar.
Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy 24caf24a96074ee259233f8dbb09dt

Il y a bien la Nef mais en second plan. La guerrière rousse est probablement Sharane. Jusqu’ici ça peut encore aller.

Passons aux Habitants du Mirage.
Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy D9fd517c9273b82e19a73bd0c559bt

Mouais, je sais que la chair fraîche fait vendre mais c’est limite. Et cette fois, je vous garantis que l’illustration n’a RIEN à voir avec le roman.

Et enfin une version PG13 du dessin ornant le Visage dans l’Abîme.
Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Cdbb8dc7d0a18fc4a628cac6a8935t

(Les plus pervers et majeurs d’entre vous pourront toujours me demander la version non classée, quoique honnêtement il n’y ait rien de choquant). N’ayant pas lu, je ne peux attaquer l’adéquation des hallucinations du dessinateur avec le contenu du livre maiiiiiisssss… franchement, on a l’air de quoi dans le train/rer/bus avec ça ?

Bref, aucune volonté de lancer un débat ou de me passer les nerfs, c’était le bonus du jour. Vous pouvez dorénavant reprendre le cours normal de vos activités.


***


The Moon Pool. 1919, Abraham Merritt.
Édition poche commemorative edition de 2001 chez Bison Books pour la
version américaine.


The Ship Of Ishtar. 1923, Abraham Merritt.
Édition poche de 1984 chez J’ai Lu. Traduction française de 1975 par Michel Deutsch (pour J’ai Lu).

Dwellers in the Mirage. 1932, Abraham Merritt.
Édition poche de 1987 chez J’ai Lu. Traduction française de 1971 par Arlette Rosenblum pour les éditions Opta.


Dernière chose, les belges ont bien de la chance puisque ce sont les éditions Lefrancq qui publient les œuvres complètes de Merritt traduites dans la langue de Molière. Comme de juste, les commerçants français n’ont pas eu la bonne idée de les inclure dans leurs catalogues…
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Den
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeMer 27 Mai - 12:03

Waho! Ca c'est de la critique^^
Il m'a l'air sympathique, cet auteur. J'avoue que je ne le connaissais pas.
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeJeu 28 Mai - 11:48

Je connaissais pas non plus. Mais je noterai le nom lorsque j'irai chiner dans les bouquineries...^^
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeJeu 28 Mai - 23:02

Jamais entendu parler de cet auteur, mais c'est toujours plaisant de lire de la SF désuette !

Je verrai à m'en procurer un de ces quatre ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeVen 29 Mai - 20:15

Il me semble l'avoir déjà croisé cet homme, sur des gondoles... En tout cas, il faudra que je le note dans ma liste de lecture.
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeVen 5 Juin - 10:34

Titi a écrit:
Aujourd’hui, non pas une, pas deux mais trois critiques en une ! Et d’un auteur qui gagnerait à être plus connu : Abraham Merritt. Il est considéré ni plus ni moins que comme l’un des précurseurs de la fantasy en tant que genre littéraire (chronologiquement après H.R. Haggard et E.R. Burroughs mais avant R.E. Howard et H.P Lovecraft).
J'aime beaucoup lire de la SFFF désuette, car elle pose les genres de manière nouvelle, même si les styles sont parfois difficiles à suivre. Le problème étant paradoxalement que lire certains précurseurs aujourd'hui peut donner l'impression de lire poncif sur poncif... alors qu'à l'époque, il s'agissait de nouveautés (voire de révolution vu qu'il a donné lieu à la création d'un nouveau genre littéraire).


Titi a écrit:
]Il faut dire que Merritt a tout de l’auteur de nouvelles « classiques » pour Pulp Magazines : des monstres chtoniens, des guerriers farouches et des damoiselles fort peu vêtues constituent ses principaux ingrédients. Il a aussi largement repris la thématique des aventures dans les Mondes Perdus. Son style le démarque pourtant d’autres auteurs contemporains par l’utilisation massive d’adjectifs pour enrichir ses descriptions (j’exagère peut-être un peu mais si vous lisez ses descriptions de Muria dans le Gouffre de Lune, vous comprendrez de quoi je veux parler). Il n’a pas non plus son pareil pour la création de paysages grandioses : forteresses en ruines dans des oasis secrètes du désert de Gobi, mystérieuses citadelles érigées à la gloire du panthéon mésopotamien… En bref, il invente des univers imaginaires, des univers de rêve, mais de rêves que nous aimerions tous partager.
Procédé qui a l'air de se rapprocher de celui de Robert Howard, qui a à mon avis un don pour plonger le lecteur dans une ambiance très prenante (je pense surtout à Conan). Quoi qu'il en soit, vieilli ou pas, j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire de belles descriptions, d'autant plus qu'elles s'appuient souvent sur un vocabulaire relativement riche.

Titi a écrit:
Avant de continuer, je tiens ici à reconnaître que oui, ces histoires ont vieilli. Il faut s’efforcer de les lire avec l’esprit du lecteur des années 20 qui n’a pas eu un demi-siècle de fantasy avant lui car les thèmes et situations abordés dans ces romans furent largement repris par la suite : les monstres d’outre-espace par Lovecraft, barbares et femmes dévêtues par Howard (je schématise), etc.
Il est d'ailleurs étrange de voir que c'est à cette époque qu'émerge cette nouvelle littérature, avec ses nouveaux codes. On est aux antipodes du réalisme en littérature cher à des auteurs comme Zola ou Hugo. Est-ce le progrès technologique en plein essor qui a ouvert les portes de l'imaginaire des auteurs ? La guerre mondiale qui a détruit des convictions sociétaires ?
Titi a écrit:
Le Gouffre de Lune (The Moon Pool)
Il s’agit du seul des trois romans que j’ai lu en VO ce qui m’a valu quelques problèmes pour comprendre les répliques de l’un des personnages, prénommé Larry. Il s’agit d’un pilote irlandais un peu farfelu croyant aux Korrigans et fées et abusant de l’argot.
La personnalisation des persos, y'a que ça de vrai, notamment par le biais de vocabulaire spécifique à chacun.
Titi a écrit:
« Sur l’île de Ponape dans le pacifique sud, la froide lumière de la pleine lune révèle les ruines d’une civilisation disparue. C’est ici que l’Habitant (The Dweller/ The Shining One - NdT) surgit des profondeurs, une force énigmatique faite de terreur et d’une beauté étincelante (monstruous terror and shining beauty - NdT) qui erre dans le pacifique sud, happant tous ceux qui croisent son chemin. Une expédition internationale menée par le professeur américain Walter Goodwin engage une course contre la montre pour sauver les victimes de l’Habitant. Le sombre responsable derrière cette force malveillante est le monde mythique enfoui de Muria, habité par un peuple légendaire bien décidé à reprendre ce qui fut sien il y a longtemps. »[/size]

Traduit du 4ème de couverture de l’édition américaine de 2001.

Il s’agit du premier roman publié par Merritt et de son premier succès. Évidemment, ça paraîtra très « oldschool » aux lecteurs contemporains (pensez-vous : des scientifiques qui tirent d’abord et posent les questions ensuite, remarquez ça nous épargne le cliché des cruches blondes dans les films d’horreur) et aussi déjà vu. (cf EP Jacobs et l’Énigme de l’Atlantide pour le concept de la civilisation souterraine).

Mais comme le fait remarquer Robert Silverberg dans sa préface, le problème vient du fait que Merritt a si bien défini les codes du genre que tout le monde l’a imité par la suite avec plus ou moins de bonheur.

Cette lecture fut pour moi celle d’une histoire quelque peu mystérieuse (le monstre restant un concept relativement abstrait et donc assez angoissant par certains côtés) avec de l’action, de l’amour, de la trahison, du suspense et un grand final. Comme de juste à cette époque, les personnages sont assez stéréotypés, notamment le méchant/
traître (initialement un Prussien et par la suite un soviétique lors de la publication du roman à cause du changement de la situation géopolitique).
D'un autre côté, il y a encore aujourd'hui des auteurs, dont certains que je juge très bons (comme Lambert, par exemple et au hasard), qui sont capables de faire de très bonnes histoires tout en mélangeant allègrement dans leur mixeur de créateurs des éléments, personnages et situations extrêmement variés, à tel point qu'ils peuvent parfois en paraitre incongrus.


Titi a écrit:
***


La Nef d’Ishtar (The Ship of Ishtar)

« John Kenton, un archéologue contemporain, reçoit une sculpture babylonienne représentant le vaisseau de la déesse Ishtar. Une étrange magie s’en dégage et Kenton plonge à travers un gouffre de six mille années sur le pont de la nef ensorcelée. Il est mis en présence d’une femme d’une divine beauté, « virginale de corps mais non point d’âme ». C’est Sharane, la prêtresse d’Ishtar.

Un amour fou va désormais lier ces êtres qu’un abîme de temps sépare. Entre eux se dresse Klaneth, prêtre du dieu Nergal, qui vogue, lui aussi, sur la nef maudite.

Car, sur ce vaisseau, s’affrontent les forces colossales de deux divinités anciennes pour qui les hommes du passé ou d’aujourd’hui ne sont que des pions sans importance. »

4ème de couverture de mon édition française.

Je l’avoue, j’étais dubitatif lorsque j’ai commencé la lecture. D’une part, le champ d’action se limitait à la nef voguant sur une mer hors du temps et aussi parce que ce navire est régi par un certain nombre de règles qui font que ses passagers ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. D’où des évènements de portée assez limitée.

Et puis, arrivé à la fin du premier quart, ça se réveille et là… CROM ! Une histoire d’amour tragique sur fond d’affrontements épiques entre divinités et humains, des combats titanesques… On se croirait dans les meilleures nouvelles de Conan. Le final est sublime et le destin de Kenton et Sharane, poignant. Mentionnons aussi le respect de la mythologie mésopotamienne (Ishtar est non seulement la déesse de l’amour mais aussi celle de la vengeance – une sorte de fusion entre Aphrodite et Héra pour résumer). Point de monstre venu d’outre-espace ici, nous sommes réellement en pleine fantasy. Les dieux interviennent quand ils veulent, les humains ne sont que des pions… Bref à part un début étrange (le concept de la porte dimensionnelle) et une atmosphère qui ne plaira pas à tout le monde (surtout que la condition féminine en prend un bon coup au début Very Happy) c’est du bon.

Et un autre point de bonus Viking.
Il est vrai que les auteurs de l'époque, pour créer ce nouveau genre littéraire, ont pillé allègrement tous les mythes terriens, de l'Atlantide aux dieux païens, en passant par les triangles de Bermude, la magie vaudou, etc. Aujourd'hui, les auteurs actuels ont compris qu'ils ne peuvent plus utiliser les mêmes ficelles et se retrouvent obligés à créer de toutes pièces leurs propres mythologies, cherchant ainsi à développer des mondes qui, du coup, sont plus exotiques (j'aurais bien noté "plus originaux", mais ce n'est pas toujours le cas).

Titi a écrit:
***


Les Habitants du Mirage (Dwellers in the Mirage)

« Leif est un homme d’un autre monde qui pénètre, par hasard, dans la vallée du Mirage. Il a alors la surprise d’être pris pour Dwayanu, jadis le cruel prince de cette région. Dwayanu, le seul être capable de faire descendre Khalk’ru sur notre monde.

Bientôt Leif s’éprend d’Evalie et se dresse contre la sorcière Lur, l’ancienne amante de Dwayanu. Mais lorsqu’il assiste au sacrifice rituel d’une jeune femme, sur le point d’être mère, à la terrible divinité venue d’outre-espace, Leif perd la maîtrise de lui-même. Dwayanu s’empare de son esprit et, malgré la résistance horrifiée de son hôte, évoque le dieu monstrueux.

Que pourra Leif pour sauver Evalie et son peuple alors qu’il est lui-même habité par leur plus terrible ennemi ? »

4ème de couverture de l’édition française.

Le meilleur des trois, tout simplement. Ici, Merritt tient réellement la dragée haute à Howard. Une ancienne malédiction, un monde perdu, des civilisations cherchant à regagner leur gloire passée, une amitié immuable, et les inévitables histoires d’amour et batailles titanesques, de la trahison, encore un Viking (cette fois c’est le héros)…

Il est moins tiré par les cheveux au niveau du monde perdu que Le Gouffre de Lune, moins ésotérique que la Nef d’Ishtar (les divinités n’interviennent pas mais il y a bien de la magie et des monstres) et il y a quelques éléments plus originaux. D’abord un personnage féminin dans la galerie des « méchants » mais surtout le fait que le véritable méchant et le héros sont en fait la même personne, ça c’est intelligent !

Aujourd’hui bien sûr, on crie au plagiat ou au manque d’originalité mais franchement, si moi, petit lecteur de la fin du 20ème siècle/ début du 21ème je trouve déjà que c’est diaboliquement bien mené, pensez un peu aux réactions en 1932 ! L’un dans l’autre, un bon choix.
Les réactions de l'époque ont dû être beaucoup plus tranchées que de nos jours, je pense. L'écriture était alors réservée à une élite, et la lecture n'était pas donnée non plus à tout le monde. D'accord, de plus en plus de gens savaient lire, mais se procurer les bouquins, ça devait être autre chose. Y'a des chances que l'élite précitée ait d'ailleurs boudé voire vilipendé cette nouvelle littérature, trop populaire à son goût. A ce titre, d'ailleurs, certaines choses n'ont pas changé. On ne peut plus nier l'engouement d'un lectorat adulte pour la fantasy, mais il y a toujours, notamment en France, une certaines forme de mépris envers ce genre, pas assez académique, pas assez littéraire. Jules Verne a inventé la SF : merci à lui... Malheureusement, il écrivait pour un jeune lectorat, et cette idée est restée longtemps ancrée dans l'esprit des gens (encore aujourd'hui). L'évolution qui se produit aujourd'hui, c'est que beaucoup de grosses productions cinématographiques appartiennent à la SFFF et sont faites pour des adultes. Mais rien ne change au niveau de la littérature, vu que le livre est de plus en plus boudé : il a perdu son aura et n'est plus qu'un produit comme un autre.

Quant aux couvertures racoleuses, elles existent encore aujourd'hui. L'auteur a toujours une certaine idée de ce qu'il voudrait, mais son meilleur ennemi/ami, son éditeur, a toujours le dernier mot en ce qui concerne la promotion et la diffusion. Et cela concerne les couvertures, les 4ème de couv, et parfois même le titre. L'éditeur doit vendre et utilise les ficelles de son métier pour... au détriment des souhaits de l'auteur, qui vendrait sûrement moins si on le laissait faire ces choix-là.
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Titi

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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeVen 5 Juin - 23:33

Citation :
Aujourd'hui, les auteurs actuels ont compris
qu'ils ne peuvent plus utiliser les mêmes ficelles et se retrouvent
obligés à créer de toutes pièces leurs propres mythologies,

Tu as mille fois raison. Heureusement, certains (Gemmell au hasard vu que j'en lis en ce moment) arrivent à innover dans un cadre archi-connu (la guerre de Troie pour ne pas la nommer) et à rendre ainsi leurs écrits passionnants. Je peux aussi citer Crichton qui a réussi à rendre Beowulf intéressant, qui a joué avec les codes des histoires de voyage dans le temps, de SF (Sphère)... tout ça en restant sur terre (Les Mangeurs de Morts ont pour héros un écrivain arabe ayant réellement existé et écrit un livre narrant sa rencontre avec des Vikings).

Citation :
mais il y a toujours, notamment en France, une
certaines forme de mépris envers ce genre, pas assez académique, pas
assez littéraire. Jules Verne a inventé la SF : merci à lui...

Je ne suis pas tout à fait d'accord. Je trouve que depuis le temps les mentalités ont un peu évolué et que la "vraie" SF (Hard SF) est considérée autant que la littérature "normale" (Hugo & co). Je pense notamment aux écrits de Zelazny, Asimov, Simmons...
Maintenant, la notion de "littérature populaire" se trouve plus cantonnée à la fantasy/fantastique qui malgré de grands noms (Tolkien) reste parfois plus "marginale" dans l'opinion publique. Il n'empêche que les vrais romans de gare sont maintenant les thrillers policiers (Coben & consorts) vu la surabondance de production dans ce domaine. Comme quoi tout évolue...
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeVen 5 Juin - 23:51

Titi a écrit:
Citation :
Aujourd'hui, les auteurs actuels ont compris
qu'ils ne peuvent plus utiliser les mêmes ficelles et se retrouvent
obligés à créer de toutes pièces leurs propres mythologies,

Tu as mille fois raison. Heureusement, certains (Gemmell au hasard vu que j'en lis en ce moment) arrivent à innover dans un cadre archi-connu (la guerre de Troie pour ne pas la nommer) et à rendre ainsi leurs écrits passionnants. Je peux aussi citer Crichton qui a réussi à rendre Beowulf intéressant, qui a joué avec les codes des histoires de voyage dans le temps, de SF (Sphère)... tout ça en restant sur terre (Les Mangeurs de Morts ont pour héros un écrivain arabe ayant réellement existé et écrit un livre narrant sa rencontre avec des Vikings).
Je n'ai pas lu assez de Crichton pour en juger. Je suppose que le dernier titre que tu cites a donné le film le 13ème guerrier ? Celui-là, ça m'intéresse de le lire !
Titi a écrit:
Citation :
mais il y a toujours, notamment en France, une
certaines forme de mépris envers ce genre, pas assez académique, pas
assez littéraire. Jules Verne a inventé la SF : merci à lui...

Je ne suis pas tout à fait d'accord. Je trouve que depuis le temps les mentalités ont un peu évolué et que la "vraie" SF (Hard SF) est considérée autant que la littérature "normale" (Hugo & co). Je pense notamment aux écrits de Zelazny, Asimov, Simmons...
Maintenant, la notion de "littérature populaire" se trouve plus cantonnée à la fantasy/fantastique qui malgré de grands noms (Tolkien) reste parfois plus "marginale" dans l'opinion publique. Il n'empêche que les vrais romans de gare sont maintenant les thrillers policiers (Coben & consorts) vu la surabondance de production dans ce domaine. Comme quoi tout évolue...
Je disais "notamment en France", car notre merveilleux pays a parfois du mal à évoluer dans ses mentalités. Par chez nous, on en est encore à penser que la SFFF (Science-Fiction Fantasy Fantastique, piqure de rappel pour ceux qui ne suivent pas, et je sais qu'il y en a Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy 58704 ) est réservée aux ados.
C'est également dû au côté élitiste de la France, avec ses grands auteurs et sa littérature, la vraie, la grande, celle liée à l'Académie Française. A côté, tous ceux qui n'écrivent pas de la littérature sont des sous-auteurs, ou pas loin, et voilà qui est bien dommage. Bien entendu, je ne critique pas la littérature française, qui a donné des chefs-d'oeuvres et des auteurs formidables, il s'agit juste d'une constatation.

Ce qui pourrait nous lancer un joli débat sur l'élitisme, la littérature et la "déculturation" de la société dont les tenants de la "vraie littérature" aiment nous abreuver.
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MessageSujet: Re: Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy   Abraham Merritt, un précurseur de la fantasy Icon_minitimeSam 6 Juin - 10:55

titi a écrit:
Il n'empêche que les vrais romans de gare sont maintenant les thrillers policiers
C'est bein vrai, avant je faisait le plein de littérature fantastique dans les relais H maintenant, je ne trouve plus rien à me mettre sous la dent, ou presque.
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