J'viens tout juste de terminer mon texte. Je pense que le titre parle de lui-même !...
En défnitive, une agréable lecture à tous !!
« Il n’y a pas plus exterminateur qu’un Mangeur d’âmes » contait-on à heure tardive au coin du feu de cheminée, les enfants partagés entre la fascination et l’appréhension. « Est fou celui qui ne le craint pas » récitait-on également. Cependant, rares étaient ceux à avoir un jour croisé le guerrier auquel on prêtait toutes ces histoires. La vérité, c’est qu’il ne faisait jamais bon d’en rencontrer un. « Son âme aussi ténébreuse que l’imposante armure le recouvrant intégralement », disait-on parfois.
Fier guerrier, le Mangeur d’âmes ne vit que pour son idéal. Un monde de perfection purifié par les siens et composé par les siens au prix du sang. Extrait de
Récits et Légendes Vol.XII,
A. Xzy, éd. Encyclopédia
Atheros Xzy est un ethnologue Ehdelim qui naquit cent cinquante ans plus tôt à Namis'tüh, alors que son peuple était repoussé par l’envahisseur Manducar ou plus communément appelé « Mangeur d’âmes ». A dix-huit ans, comme tous les jeunes de son âge, Atheros fut contraint de passer l’épreuve du Qeleth Suberak mais échoua à cette dernière. Exilé loin des siens il sillonna le continent, rencontrant nombre de civilisations et de communautés. C’est pendant ce long voyage qu’il entama « Récits et Légendes » qui se révèlera plusieurs années plus tard une référence encyclopédique incontournable. Atheros Xzy ne revint jamais à Namis'tüh et décéda cent quatre ans plus tôt lors de son étude sur les peuplades Arraken. Extrait du Petit Galéirousse, nvelle éd.
« Pour un profit toujours plus grand ! » - Devise Agreban. Considérés comme les Nourriciers de Galéir les Agreban rassemblent une large communauté d’agriculteurs, de négociants et d’actionnaires dont la vocation principale est d’étendre l’influence du cartel à travers le monde et de faire croître les bénéfices. Les activités Agreban sont nombreuses et variées, allant jusqu’à toucher la cotation des valeurs financières de divers territoires, fixer le prix de certaines marchandises et leur transaction. Ils contrôlent une grande partie des routes commerciales maritimes et terrestres, et disposent également d’une flotte marchande importante. Leur monopole étant régulièrement visé par des gouvernements ou associations hostiles, les Agreban se sont donc alloué les services de mercenaires, ainsi que de l’Empire Manducar dans le but de protéger leur intérêt.Extrait de
Economie et commerce Vol IV,
K.Vendetou, éd. Economica
Bipèdes et de grande taille (environ deux mètres cinquante), les Démoloss sont des prédateurs se nourrissant uniquement de la chair des hommes et affectionnent particulièrement celle des enfants. Ils sont pourvus de membres allongés avec de longues et puissantes griffes capables de couper un individu en deux, leurs dents, tranchantes comme des lames de rasoir peuvent atteindre jusqu’à six centimètres de hauteur. Autrefois humains, les Démoloss s’attaquent à tout ce qui est à leur portée. On ignore tout de leur origine mais l’on sait qu’ils ne se reproduisent ni par acte sexuel ni par contamination. Plusieurs légendes affirment que la mutation serait la cause des vices et péchés multipliés, cependant, ces récits n’ont jamais été confirmés… Extrait du Petit Galéirousse, nvelle éd.
Les premières lueurs de l’aurore baignaient les pentes escarpées des hauts terrains, tandis que le chant des coqs se répercutait dans les campagnes avoisinantes. Au même instant, trois cavaliers complètement vêtus de noir dévalaient la colline en suivant le petit sentier inégal par endroit, chevauchant leur monture en adoptant une cadence soutenue. Deux hommes et une femme. Des guerriers Manducar équipés de leur impressionnante et sinistre armure au teint sombre, l’abondante crinière écarlate située au-dessus de leur heaume se balançant au gré du vent. Rien ne semblait en mesure d’arrêter leur progression, pas même le parcours accidenté. Un épais nuage de poussières se soulevait à mesure que les sabots des chevaux martelaient le sol de plus en plus fort. Les cavaliers gagnèrent finalement un petit village en contrebas, mettant ainsi fin à leur course effrénée. Cependant, il régnait un calme troublant.
Le cavalier de tête se pencha pour tapoter le ventre de sa monture, puis il déchaussa les étriers et passa la jambe droite par-dessus la croupe avant de se laisser glisser à terre en exécutant un petit saut souple. Le guerrier Manducar examina la place publique désertée, ainsi que les habitations alentour.
- Cela fait longtemps que ces chaumières n’ont pas accueilli de feu, dit enfin Arlon, tout en ôtant son lourd casque de métal.
Capitaine de l’armée Impériale depuis plusieurs années, Arlon arborait l’armure Manducar et toute sa panoplie d’équipements au grand complet. Plutôt grand et d’allure athlétique, le visage mince et les yeux aux éclats rouge sang, Arlon correspondait au modèle Manducar par excellence. Né au sein de la cité Impériale, il provenait d’une des plus anciennes et nobles familles de l’Empire. A sept ans, comme tous les jeunes Manducar de son âge, il fut envoyé dans le Monde sous-terrain où il y passa treize années afin de devenir un véritable citoyen de l’Empire.
- Mirulan, toi et moi allons explorer les chaumières. Tion, tu gardes un œil sur les environs.
Le dénommé Tion ne bougea pas d’un poil, toujours installé sur sa monture. De son côté, Mirulan descendit de cheval et retira à son tour son casque, dévoilant son magnifique visage à la lumière du jour. Elle avait le teint clair comme ses longs cheveux blonds et était de taille moyenne. Egalement née dans la cité Impériale, Mirulan effectua sa formation dans le Monde sous-terrain en compagnie d’Arlon, et partageant actuellement une relation intime avec ce dernier.
Arlon se dirigea vers la première habitation et poussa la porte pour entrer à l’intérieur, ce qu’il vit ensuite aurait désorienté n’importe quel individu, mais pas lui. Il était un guerrier Manducar. Les Manducar ne connaissaient pas la peur.
- Je comprends pourquoi les Nourriciers nous ont fait venir, glissa Mirulan sur un ton neutre, tâchant d’ignorer la forte puanteur résidant en ce lieu.
Arlon ne répondit pas à sa partenaire et observa les corps sans vie des villageois gisant un peu partout dans la demeure, déchiquetés, démembrés ou même dévorés partiellement. Un véritable carnage, pensa-t-il intérieurement, tandis que sa main droite venait chercher son pistolet attaché à sa hanche. Etant donné les blessures, difficile de croire qu’un être humain puisse être responsable de cette boucherie, seul un animal assoiffé de sang pouvait commettre pareille œuvre.
- D’autant que les mercenaires qu’ils avaient engagés n’ont pas manifesté le moindre signe de vie depuis cinq jours.
- Une bande de bras cassés, ironisa Mirulan en poussant du bout du pied un morceau de chair desséché. Leur mort ne fait aucun doute…
Explorant les autres chaumières, les deux acolytes découvrirent de manière systématique le même schéma. Le ou les responsables avaient décimé tout le village, et ce en un temps record selon les premières estimations.
- Qu’est-ce qui a bien pu faire ça ? demanda la jeune femme en fronçant les sourcils.
- Certainement pas les Arraken puisque nos tueurs sont efficaces… encore moins des Aurotek à moins de se trouver dans le Monde sous-terrain.
Après quelques temps de marche ils atteignirent un entrepôt situé à la périphérie du village, l’air abandonné comme tous les autres édifices environnants. Arlon s’approcha doucement et se positionna tout près de la porte, tandis que Mirulan imitait son geste en prenant soin de tirer son épée du fourreau. Le jeune capitaine fit alors signe à sa coéquipière de ne plus faire le bruit, puis il colla sa tête contre la cloison, intrigué. Il lui avait semblé avoir entendu des sanglots sans pour autant en être certain. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne décide de passer à l’action. Il s’efforça d’ouvrir la porte en silence, s’y prenant précautionneusement.
- J’crois qu’on est au bon endroit, dit Mirulan à voix basse. Ça pue encore plus que dans les autres bâtisses !
Arlon du plisser les yeux pour mieux voir dans la pénombre, jetant des regards dans tous les sens. Il réalisa par la suite qu’il marchait sur un tapis de restes en décomposition. Charmant, pensa-t-il alors qu’il progressait de plus en plus à l’intérieur du bâtiment. C’est à ce moment qu’il entendit de nouveau les sanglots, plus nets cette fois-ci. Il baissa la tête finit par découvrir une demi-douzaine d’enfants enfermés dans une cage improvisée, leurs yeux terrifiés rivés sur lui. Arlon leur fit comprendre de se taire mais les enfants intensifièrent leurs pleurs à son grand dam.
- Oh mon dieu, c’est quoi ça ? s’exclama Mirulan en tendant le doigt dans un coin isolé de l’entrepôt.
Arlon regarda dans la direction indiquée et vit une imposante créature au teint blafard allongé sur un lit de carcasses à moitié dévorées, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration. Pour le moment la chose semblait dormir.
- Un Démoloss. J’les pensais éteints, maugréa Arlon, qui essayait de faire taire les enfants. Vous allez la fermer les gosses.
Réveillé par les pleurs le monstre commença à se tourner sur lui-même, puis il ouvrit les paupières. Ses deux grands yeux globuleux et inexpressifs fixèrent les deux nouveaux venus. Le Démoloss étira largement sa bouche dépourvue de lèvres et leur adressa une effrayante grimace. Il se redressa lentement en s’appuyant sur ses longs bras allongés et si dirigea d’un pas pesant en direction de son prochain repas.
- On l’élimine, s’écria Arlon en déchargeant bruyamment son arme sur la créature.
Le projectile vint se figer au niveau du cou mais cela ne fit pas ralentir l’allure du Démoloss qui continuait d’avancer. Mirulan passa à l’attaque, effectuant un saut dans les airs et brandissant son épée à une main pour transpercer son adversaire. Les griffes du monstre brisèrent l’épée en divers endroits, tandis que la jeune femme se réceptionnait tant bien que mal et déployait toute l’intensité de son gantelet énergétique sans obtenir le moindre résultat concluant.
- Saleté, souffla-t-elle en saisissant son pistolet, alors même que le Démoloss lui plantait ses griffes dans son bras.
Mirulan poussa un cri de douleur et tira une décharge en plein dans le visage de son agresseur, tandis qu’au même moment la cloison volait en éclat et laissait apparaître Tion. Le troisième guerrier Manducar, resté jusqu’alors en retrait, fit galoper son cheval tout droit sur le Démoloss avant de le faire cabrer. La créature accusa plusieurs sévères coups de sabots et exprima un dernier grondement lorsque les épées d’Arlon et de Tion lui transpercèrent simultanément la poitrine et la tête.
- Toujours à te faire désirer, déclara Arlon quant il eut enfin retiré la lame de la dépouille du monstre.
- Tu me connais, répondit simplement Tion, occupé à soigner la blessure de Mirulan.
La plaie était moins importante qu’il n’y paraissait. Une cicatrice de plus à son actif, considéra la jeune femme.
La mission accomplie, il ne leur restait plus qu’à repartir. Néanmoins, Tion, en grand bienfaiteur qu’il était ne pouvait s’empêcher d’avoir une infime pensée pour les enfants toujours captifs.
- Que fait-on pour les geignards ?
Arlon se pencha par-dessus la cage et fixa les enfants d’un regard neutre.
- Maintenant que tu m’y fais penser, nous n’avons plus vraiment le choix…