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 Sans titre

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Minos
Lapinou Imperator
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MessageSujet: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeDim 18 Déc - 12:13

Je suis en train de finaliser une petite histoire en une trentaine de pages (10 chapitres de 3 pages), un peu polar, un peu mystère. En voici le début ; je compte mettre un chapitre par jour et hop, dans dix jours ce sera fini (oui, bien sûr, il m'en reste trois à écrire, sinon ce serait trop facile).



I
 
    S’il y a bien une chose que j’adore, c’est regarder du foot à la télévision. Et s’il y a bien une chose que je déteste, c’est qu’on tambourine à ma porte. Alors forcément, quand l’importun s’est mis à y frapper – pas très fort mais sans discontinuer –  pendant un temps fort de Manchester United, il a franchi une double ligne rouge. Le fou. D’un autre côté, quand on s’en prend ainsi à votre porte, c’est immanquablement synonyme de problèmes pour vous…
    Je pose ma bière, quitte mon canapé et marche jusqu’au vestibule. Le placard de l’entrée est entrouvert, comme à l’accoutumée. Parfait. J’y cache de belles surprises pour qui viendrait me chercher des noises, et j’aime les avoir sous la main... au cas où. Mais pour le moment, vu que je peux aussi être un homme sociable, je m’abstiens d’y plonger la main. Je me contente de saisir ma batte de base-ball accrochée au mur.
    Je colle mon œil au judas. Bon. La petite a quoi ? Vingt, vingt-cinq ans à tout casser ? Je crois que c’est la nouvelle voisine. On a vu pire comme menace. Mais ceci dit, vu comme elle frappe sur ma porte, de plus en plus fort, presque avec frénésie, et jette de fréquents coups d’œil derrière elle, on dirait bien qu’elle est plutôt à ranger dans la catégorie menacée. Laisse donc cette porte, idiote, tu n’en viendras pas à bout : elle est blindée, certifiée A2P BP3.   
    J’ôte les trois verrous de sécurité et entrouvre, la batte cachée derrière mon dos. On ne sait jamais. Elle pourrait avoir des complices dissimulés non loin. Et je lui demande d’un ton sec :
    – Quoi ?
    – Monsieur Tardivel, aidez-moi, s’il vous plaît ! Il y a quelqu’un dans mon appartement !
    Si sa peur est feinte, c’est drôlement bien imité. Trop pour qu’elle ne soit pas honnête. J’en connais un rayon : suffisamment de gens ont eu cette expression dans les yeux en me faisant face.
    J’ouvre en plus grand et passe la tête. Coup d’œil à gauche, coup d’œil à droite. Personne d’autre. Je la prends par le bras, la fait pivoter pour qu’elle rentre chez moi et je ferme la porte d’un coup d’épaule. Et je me retourne aussitôt vers elle, au cas où elle me préparerait un coup fourré.
    Tout va bien. Elle a l’air d’avoir au moins aussi peur qu’il y a un instant. Voire même plus. C’est peut-être à cause de la batte de base-ball, qu’elle ne quitte pas des yeux. Oui, tu peux l’admirer, petite. Cette batte a appartenu à Joe DiMaggio, rien de moins. Même si lui et moi n’en avons jamais eu le même usage.
    Je reprends la parole, histoire de la mettre à l’aise :
    – Comment ça, quelqu’un dans votre appartement ? C’est quoi, ces salades ? Et comment vous connaissez mon nom ?
    – Je… On s’est croisés plusieurs fois devant les boîtes aux lettres, et puis je passe devant votre porte pour aller jusqu’à l’escalier.
    Mouais, ça se tient.
    – Et ce ne sont pas des salades. J’allais rentrer quand j’ai vu un rai de lumière sous la porte. Ça veut dire qu’il y a quelqu’un !
    – Ah oui ? Ça ne vous arrive jamais d’oublier d’éteindre la lumière en partant ?
    Et toc !
    – Je suis sortie de chez moi en début d’après-midi.
    OK. Un point pour elle.
    – Vous voulez que je vienne avec vous pour voir ce qu’il en est ?
    – Oui… s’il vous plaît.
    Là, t’es pas franche, petite. Je sens clairement que tu me caches quelque chose. Tu as hésité avant de répondre et baissé les yeux l’espace d’un instant. Ça sent le coup fourré.
    – OK, pas de problème, que je réponds.
    Je regarde dans le judas : rien à signaler. J’ouvre la porte, fais signe à la petite de sortir. Dès qu’elle franchit le seuil, je referme derrière elle et j’ouvre le placard.  J’ignore ses chuchotements effrayés – « Monsieur Tardivel ? Monsieur Tardivel, je vous en prie ! » – le temps de m’équiper convenablement. Quand je suis prêt, dix secondes plus tard, je reprends ma batte, ouvre la porte et lui dis :
    – Allons voir ça.
    Son soulagement est criant. Ou alors elle mérite un oscar. Elle ne dit plus rien, regarde à nouveau le sol puis vers son propre appartement, hésitante. C’est bon, j’ai compris le message subliminal, arrête ton manège.
    – Restez derrière moi, que je lui dis.
    – Merci ! Merci, monsieur Tardivel !
    Et lâche mon bras, je n’aime pas qu’on me touche.
    Ça sent le traquenard à plein nez, cette histoire. Qui pourrait bien vouloir ma peau ? Non, mauvaise question. Lequel des nombreux types qui m’en veulent à mort pourraient avoir envie de me tuer aujourd’hui ? Voilà qui est mieux, plus précis. J’aime bien la précision.     
    Si ça se trouve, on fait chanter la petite, et c’est pour ça qu’elle est là. Son petit ami est peut-être retenu en otage. Ou sa mère. Ou son chat. On voit tellement de drôles de choses, de nos jours. On lui a dit que l’otage y passerait, sauf si elle m’attirait dans son appartement. Bien entendu, les ravisseurs les tueraient quand même, elle et les siens, afin de ne pas laisser de témoins. 
    Derrière moi, j’entends les commentateurs du match s’enthousiasmer sur fond de cris de foule. Et merde. J’ai raté le premier but de la partie. J’espère au moins que ce sont les Red Devils qui ont marqué. Si ça se trouve, je ne le saurai jamais. Chienne de vie.
    C’est pas tout ça, mais c’est pas en restant planté là que je saurai ce qui se trame dans l’appartement d’à côté. J’avance dans le couloir, et m’arrête presque aussitôt.
    – Vous pouvez lâcher ma chemise ? que je demande. Ça risque de me déranger si vous vous agrippez à moi.
    – Ah, oui… Pardon ! répond-elle en s’exécutant.
    – Votre clé, que je dis en tendant la main.
    J’avance à nouveau dès qu’elle me l’a donnée. Me voilà face à sa porte. Je n’ai pas besoin de me retourner pour sentir que la petite frissonne de peur. J’ai toujours pensé qu’on devrait apprendre le self-control et les arts martiaux à l’école, plutôt que l’art plastique et la gymnastique. Il y a bien de la lumière sous la porte. Je scrute un long moment, mais aucune ombre ne vient la traverser. La voie devrait être libre. Ne me reste plus qu’à avancer, avant que la petite fasse une crise de nerfs.
    Au milieu de la porte, il y a un papier scotché avec Sidonie Ménard marqué dessus au marqueur bleu. Sidonie ? Ils ne doivent pas être bien nets, dans cette famille. Quel genre de parents oserait appeler ainsi leur fille ?
    J’introduis doucement la clé dans la porte. Je la tourne. Lentement. Très lentement. Le déclic est à peine perceptible. Personne n’a rien dû entendre de l’autre côté. Je tourne la poignée avec encore plus de précautions. J’ai tout le sang-froid qu’il faut pour ce type de manœuvre : la force de l’habitude. Tout ce que j’espère, c’est que Sid… – non, c’est vraiment trop ridicule comme prénom, c’est au-dessus de mes forces de l’employer – la petite ne va pas craquer, genre crise de nerfs, s’effondrer ou hurler. Parce que là, on serait dans la mouise. Adieu l’effet de surprise !
    Fort heureusement, elle arrive à se maîtriser. J’entrebâille la porte et passe la tête, le moment le plus dangereux. Si ça se trouve, l’intrus est confortablement installé dans un fauteuil qu’il aurait amené dans le vestibule, un casque sur les oreilles afin d’entendre les commentaires du match, une cigarette ou une bière à la main, un flingue dans l’autre, prêt à faire un carton.
    Personne. Vestibule éclairé, la pièce suivante – une salle, je vois un côté de l’écran plat d’ici – aussi. J’avance. Heureusement, pas besoin de marcher sur la pointe des pieds. Je n’ai pas quitté mes chaussons depuis l’intrusion de la petite chez moi, et ils valent bien des chaussures de ninja au niveau discrétion.
    J’arrive au seuil de la salle. Coup d’œil rapide. Personne. J’entends du bruit venant de quelque part sur la droite. On n’est pas seuls, la petite avait au moins raison sur ce point. Je lui fais signe de s’arrêter et pointe le sol du doigt. Je reprends ma progression en mode sioux quand une très bonne question me traverse l’esprit : est-ce que la petite, qui ne doit pas être très rompue au langage manuel militaire, a compris que je voulais qu’elle m’attende là ? Je m’assure qu’elle n’est plus derrière. Ouf, un souci de moins. Ses jambes et ses bras se frottaient en marchant, et la matière de ses vêtements laissait échapper des froissements. Et le bruit de ses chaussures était perceptible malgré son pas délicat.
    J’arrive à un nouveau seuil. Je distingue un frigo. OK, la cuisine. C’est indéniablement de là que vient le bruit. Métallique. Qui racle. Hop, rapide coup d’œil.
    Allons bon. Je résiste à la tentation de regarder à nouveau. Le blondinet que j’ai entraperçu était aussi jeune que la petite. Avec une houppette de jeune. Il était attablé et mangeait, comme s’il était chez lui. Elle me fait quoi, la petite ? Elle a filé le double de ses clés à son petit ami mais l’a déjà oublié ?
    Bon. Technique du désarçonnement. J’entre dans la cuisine, ma batte de base-ball cachée dans le dos, et je dis :
    – T’es qui, le môme ?
    Il sursaute tant qu’il heurte la table. Un pistolet se retrouve dans sa main sans que j’ai rien vu venir. Là, c’est moi qui suis désarçonné. Merde ! Il tire. Re-merde !
    Ça m’énerve d’avoir toujours raison : quand on tambourine contre votre porte, c’est à vous que les ennuis vont arriver. Immanquablement.

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 26 Déc - 10:50

II


J’ai toujours été un excellent tireur, doté de très bons réflexes. À l’entraînement, c’est toujours moi qui avais les meilleures notes. Dans ma branche, on est tous passés par ces bonnes vieilles salles obscures et encombrées, dans lesquelles des panneaux représentant des silhouettes d’individus armés et dangereux ou des victimes innocentes surgissaient de nulle part. Parce que c’est bien beau de savoir tirer, mais on est en général mal vu quand on abat trois innocents pour un coupable. Comme dans tous les métiers, on a des quotas, des ratios à respecter.
Alors comment j’ai pu me laisser surprendre par ce môme ? Il a la même tête qu’une des fameuses silhouettes innocentes, à croire que c’est lui qui a servi de modèle. Du coup, à aucun moment je ne me suis senti menacé. Le conditionnement, c’est quand même parfois impressionnant.
Donc, le môme m’a tiré dessus. Enfin, disons qu’il a tiré tout court. J’ai lu dans ses yeux rivés sur moi qu’il avait le diable en face de lui. Vu sa frayeur apparente, je crois qu’il n’avait que deux options : tirer ou s’évanouir. Il a choisi la première. Il a levé le bras, mais contrairement aux séries à la télé, sa balle n’a pas fait mouche. Enfin si, mais sur un tableau cloué au mur à un bon mètre de ma tête. Ce qui n’est pas bien grave, il ne ressemblait à rien. Encore un de ces machins abstraits.
– Kévin ! a crié la petite en me passant devant, au mépris de sa sécurité.
Lui a posé son petit calibre sur la table et ils se sont retrouvés dans les bras l’un de l’autre, baisers, caresses de cheveux…
Eh oh ! Vous me dites si je vous dérange, surtout ! Je m’approche et m’empare du calibre. Ça vaut mieux pour tout le monde, le môme serait bien capable de tuer quelqu’un par accident.
– Quelqu’un peut me dire ce qui se passe ici ? que je demande.
– Qui est-ce ? demande le môme.
– Monsieur Tardivel, un voisin qui a eu la gentillesse de m’accompagner.
Le môme n’a pas l’air convaincu de ma gentillesse, les yeux rivés sur ma batte de base-ball et sur son propre flingue dans mon autre main.
– On peut lui faire confiance ?
– Plus que toi pour atteindre une cible, que je rétorque.
Je déteste qu’en ma présence, on parle comme si je n’étais pas là. En plus, il a un prénom moche. Ça ressemble à quoi, « Sidonie et Kévin » mis ensemble ? À rien. Vu son nom à elle, je me serais attendu à ce qu’elle sorte avec un Jean-Eudes ou un François-Xavier.
– Quand j’ai vu de la lumière avant de rentrer chez moi, répond la petite, j’ai cru qu’il y avait un cambrioleur. C’est pourquoi j’ai demandé à monsieur Tardivel de venir avec moi, je n’étais pas rassuré.
– Tu n’as quand même pas oublié que tu m’as donné une clé ?
– Bien sûr que non, mais comme tu m’as dit que tu avais beaucoup de travail avec les examens qui approchent, je ne m’attendais pas à te voir abandonner tes révisions.
Eh bien voilà, qu’est-ce que j’avais émis comme hypothèse ? La clé donnée à un petit ami ! En plein dans le mille. En voilà deux qui m’auront bien fait perdre mon temps.
– Bon, puisque tout est rentré dans l’ordre, je regagne mes pénates, que je dis. Ne vous dérangez pas pour moi, je sais où est la sortie.
Je tends son calibre au môme, ainsi que le chargeur que j’ai préféré enlever. Trop maladroit, le gamin… Je ne souhaite pas m’éterniser. J’ignore ce qu’est le fin mot de cette histoire, et en fait je ne tiens pas à le savoir. Chacun ses problèmes. Le mien, c’est un match de foot et une bière dont les bulles s’évaporent pendant que je tiens la chandelle à ces deux-là.
– T’as de la chance, petit : t’as tué personne, et la détonation n’était pas assez forte pour réveiller tout le quartier. Mais fais gaffe la prochaine fois. D’ailleurs, si j’étais toi, je renoncerai dès maintenant aux armes à feu. C’est pas des jouets.
– Si seulement je pouvais m’en passer, soupire le gosse en me regardant dans les yeux.
Y’a de la détresse dans son regard, un appel au secours. Désolé, petit. Si encore tu avais été une poupée bien roulée… Mais là, tu ne fais pas le poids face aux Red Devils. Je fais donc comme si je n’avais rien vu et commence à m’éloigner.
– Je ne savais pas que tu possédais une arme, Kévin. Qu’est-ce qui se passe ?
– Je n’ai pas eu le choix, j’ai dû improviser : ils sont à mes trousses.
– Mais qui ça, ils ?
Ouaip, qui ça, ils ? À mon corps défendant, j’ai ralenti jusqu’à m’arrêter, juste devant la porte de l’appartement. Il m’intrigue, ce gosse. De quoi a-t-il autant peur ? Qu’est-ce qu’il a bien pu faire ? Et à qui ? C’est plus fort que moi, il faut que je sache. Foutue déformation professionnelle ! Encore un effet du conditionnement.
– Mais je n’en sais rien ! Je les ai repérés sur le parking du campus, quand j’allais à ma bagnole. Ils étaient garés de l’autre côté de la route, avec costumes et lunettes de soleil. Ça m’a fait sourire parce qu’ils ressemblaient à des agents secrets. Sauf que cinq minutes plus tard, je me suis aperçu qu’ils étaient derrière moi en voiture.
– Tu as réussi à les semer ?
– Tu plaisantes ? Tout ce que je sème, ce sont les boulons qui se détachent de mon tas de boue quand je roule ! Je me suis garé à un pâté de maison de chez moi et j’ai continué à pied en empruntant des ruelles. Je t’avouerais que je me trouvais ridicule, sauf que quand je suis enfin arrivé à ma rue, j’ai tout de suite repéré leur voiture garée près de chez moi ! Du coup, je n’ai pas osé rentrer. Je me suis dit que j’allais venir me cacher ici… et vous êtes arrivés tous les deux.
– Mais d’où est-ce que tu sors cette arme ?
– C’est mon père. Tu sais qu’il est un brin parano, aussi tient-il à ce que j’ai toujours une arme dans la boîte à gants.
Un bon gars, ce père. Nul doute là-dessus.
– Mais pourquoi est-ce que tu n’as pas appelé la police ?
Bah oui, pourquoi, au fait ? C’est ce que font les gens normaux comme vous deux, il me semble ?
– Je… je n’y avais même pas pensé !
C’est bien connu, la panique rend stupide. Et en plus tu t’appelles Kévin, ça n’arrange rien, que je me dis perfidement.
Et c’est là que tout s’est enchaîné.
La porte de l’appart s’est ouverte à la volée, et je me suis retrouvé devant un type. Genre costaud, en costard-cravate, un flingue à la main. Et l’air patibulaire, comme les méchants des panneaux en salle d’entraînement. Alors là, forcément, je n’hésite pas un quart de seconde. Il prend le temps d’écarquiller les yeux de surprise en me découvrant face à lui. Il ne fallait pas. Parce que pendant ce temps, ma batte de base-ball, comme animée d’une vie propre, est déjà partie à la rencontre de sa tempe.
Finalement, le conditionnement, ça a du bon.

Merde, il y en a un deuxième !

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeDim 1 Jan - 23:19

Ça va vite, et c'est efficace... du Minos quoi, poussé par l'inspiration. Wink
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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 2 Jan - 15:58

Et hop, en 10 jours, bien sûr :p

Je lirai ça à mon retour ^^

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 2 Jan - 22:18

Oui, bon, j'ai jamais été doué pour les délais, on ne va quand même pas changer les bonnes habitudes via des bonnes résolutions qui ne seront jamais tenues, tout de même ?

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 2 Jan - 22:19

III
 
 
    Le deuxième type s’écarte d’un pas, cherchant une ligne de mire pour éviter de toucher son partenaire. Mon coup de batte l’a envoyé au pays des rêves, en attendant celui des urgences de l’hôpital le plus proche, et il tombe en arrière vers son collègue.
    C’est comme si la scène se passait au ralenti, j’ai le temps de tout décrypter. Sans avoir besoin de réfléchir. Tout au métier, quoi. Je lance ma batte pile sur le ventre du deuxième type, qui n’a pas le temps de l’éviter. Le voilà plié en deux, le souffle court, et sa tête fait connaissance dans la foulée avec mon pied.
    Où est passé le bon vieux temps ? Celui où j’étais capable d’enchaîner les coups de pied retournés, comme Bruce Lee face à Chuck Norris dans La fureur de vaincre ? Bien loin, j’en ai peur. Heureusement, je suis toujours aussi rapide, et l’expérience accumulée au cours des ans compense l’âge qui commence à se faire sentir.
    Quand on n’est plus capable d’envoyer un coup de pied dans la tête d’un ennemi, il faut amener la tête de l’ennemi à portée de votre pied. Et c’est ce que j’ai fait en faisant en sorte que ma première attaque le casse en deux. Y’a pas à dire, c’est de la belle ouvrage.
    Le gars est à terre, le nez en sang entre ses mains. T’inquiète, garçon, il est peut-être cassé mais il ne va pas tomber non plus ! Petite nature… Il est tellement groggy qu’il n’oppose pas la moindre résistance quand je lui fais une clé au cou pour le faire s’évanouir.
    Et me voilà sur le palier de la porte de la voisine, avec deux types dans les vapes à mes pieds. On vit une époque formidable, où un môme peut tirer un coup de feu dans un immeuble collectif, et où un baroudeur comme moi peut donner des coups, sans qu’aucun voisin ne vienne mettre le nez à sa porte pour s’enquérir de l’origine de tout ce raffut.
    D’un autre côté, hormis la petite et moi, la seule autre locataire de l’étage – le quatrième appartement est inoccupé – est cette vieille chouette à moitié sourde à qui j’ai donné le nom de Madame Grognon. Quand on croit qu’elle a fini, elle a toujours une couche à rajouter. Et quant à son vrai nom, je ne veux même pas en entendre parler. 
 
    Je me penche sur le premier dont je me suis débarrassé.
    – Vous… Vous allez le tuer ?
    Le môme, tremblant de peur et réfugié dans les bras de la petite. On dirait qu’ils font face à un ogre.
    – N’importe quoi ! que je réponds en rigolant. Dis tout de suite que j’ai une tête de tueur !
    Il hésite, détourne les yeux et finit par marmonner :
    – Non, non. Bien sûr.
    Je crois que je hais ce gosse.
    Je fouine dans les poches des deux types. Ah, voilà ! J’ai bientôt leurs portefeuilles à la main. Reste à savoir qui ils sont.
    De deux choses l’une. Soit ce sont des truands, mercenaires ou autre barbouzes, lancés dans une opération plus que douteuse, et ce serait le plus simple. Un coup de fil aux autorités et tout rentrera dans l’ordre rapidement. Soit ils travaillent pour le gouvernement ou tout autre organisme officiel, et là, aïe. Ça voudra dire que j’aurais fait capoter une mission commanditée par les autorités. Et que j’aurais à en subir les conséquences.
    Mafieux ou flics ? Mafieux ou flics ?
    J’ouvre le premier portefeuille. René Janvion. OK. Le deuxième. Marc de Ralmettes. Re-OK. Inspecteurs au sein de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur. En d’autres termes, les services secrets. Bravo, Tardivel ! Te voilà dans la mouise jusqu’au cou.
    – C’est les renseignements français, que je dis au môme histoire de jauger sa réaction.
    Je n’aurais pas cru qu’il pouvait blêmir encore plus que jusque-là. Je me trompais.
    – Mais… Qu’est-ce qu’ils me veulent ?
    – Je n’en sais rien. Peut-être que tu es sur la liste des terroristes les plus recherchés au monde ?
    Je sais, c’est pas très gentil mais mon humour douteux m’a toujours fait rire.
    – C’est ridicule ! Je suis un étudiant comme tant d’autres !
    – Il y a forcément une erreur, ajoute la petite. Il faudrait leur demander.
    On baisse les yeux sur les deux agents évanouis, puis mes tourtereaux me regardent, moi.
    – Euh… Vous êtes sans doute le mieux placé pour leur poser des questions, dit le môme.
    – Et après tout, c’est vous qui les avez attaqués, ajoute la petite.
    Là, c’est confirmé : je hais le môme. Et j’ajoute la fille à ma liste noire pour sa rapidité à retourner sa veste. Elle était bien contente de me trouver quand elle est venue frapper à ma porte. Et voilà-t-y pas que maintenant, elle est prête à m’enfoncer pour qu’il ne leur arrive rien, à son petit copain et elle.
    C’est là que je me souviens pourquoi j’évite de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Et que je m’en veux de ne pas avoir suivi mon propre précepte.
    En tout cas, pas question de tomber tout seul. Vous n’êtes pas tout blancs là-dedans non plus, mes cocos. Alors je leur dis :
    – Trouvez de quoi les ligoter. Je vais les interroger mais avant ça, j’ai un coup de fil à passer. Je reviens.
    À leur expression, je crois qu’ils ont peur que je ne revienne pas. Je ne les rassure pas, ça leur fera les pieds. Je rentre chez moi, lâche la batte, dont je ne devrais plus avoir l’utilité pour aujourd’hui, vais jusqu’au salon. Je ne saurai pas le score, y’a de la pub. Ça doit être la mi-temps.
    Je prends mon téléphone portable, un bon vieux téléphone qui sert à téléphoner, contrairement à ceux de maintenant qui font tout sauf ce pour quoi ils ont été conçus à la base. J’arrive laborieusement à accéder à mon répertoire. L’appareil n’est pas facile à manipuler, les touches sont trop petites. À moins que ce ne soit mes doigts qui soient trop gros. Non. Ce sont les touches qui sont trop petites. Je trouve enfin le nom que je cherche et j’appelle.
    Une seule sonnerie et ça répond :
    – Oué ?
    – Salut, Brioche. C’est Tardivel.
    – Je t’ai dit mille fois que je m’appelle Pasquier, imbécile. Enfin, je voulais dire sergent.
    – ‘Scuses… caporal. Dis-moi, tu bosses toujours aux renseignements ?
    – Oui, pourquoi.
    – J’ai deux guignols de chez toi évanouis chez ma voisine.
    – Quoi ? Qu’est-ce qu’il leur ait arrivé ?
    Je lui réponds par le plus éloquent de mes silences.
    – Merde, Tardivel, c’est toi qui les as… Tu te rends compte ? Tu risques de te retrouver en taule !
    – Je sais bien, mais je n’ai fait que me défendre, parole !
    – Donne-moi leurs noms, je vais tâcher d’arrondir les angles avec leurs supérieurs.
    – OK. De mon côté, je leur pose deux-trois questions parce que j’ai trouvé leur comportement assez louche, et je les libère. Merci, vieux.
    – Tu me remercieras si j’arrive à te tirer de là. Mais je ne te garantis rien.
    Je lui donne les noms puis je raccroche. Je préfère que quelqu’un dise un mot gentil sur moi dès maintenant, parce que dès que les deux gars auront fait leur rapport, je sens que ça va être ma fête.
    Et c’est là que je commets une erreur, genre super énorme. Évidemment, sur le coup, je ne m’en rends pas compte. C’est malheureusement souvent les petites bourdes qui déclenchent des catastrophes : je repose mon téléphone sur la table avant de retourner chez la petite. Je me suis dit qu’à cette heure-là, il n’y aurait plus personne pour m’appeler. Je ne pouvais pas savoir que Brioche se renseignerait aussitôt concernant les deux agents, et qu’il me laisserait un message sur mon répondeur à peine une demi-heure après.
    Ça aurait tout changé, si j’avais pu entendre ce message qui disait :
    Tardivel, c’est Pasquier. Écoute, les noms que tu m’as donnés correspondent à deux agents qui ont été tués il y a trois heures ! Ce sont des imposteurs, tu n’as pas affaire aux vrais !     
 
    Mais les choses étant ce qu’elles sont, je n’ai pu l’écouter que bien plus tard. J’ai quitté mon appartement… et je me suis replongé dans les ennuis. Alors que je croyais avoir vécu le pire pour la soirée, je me rends compte avec le recul que ce n’avait été qu’un avant-goût…

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeMar 3 Jan - 23:17

IV
 
 
    Quand je sors à nouveau de mon appartement, je retrouve les deux mômes sur le pas de sa porte à elle. Tellement collés l’un à l’autre qu’on pourrait les soupçonner d’avoir utilisé de la colle super forte. À ce rythme, ils vont bientôt commencer à savoir ce que ressentent les siamois.
    Ils sont soulagés de me revoir, c’est indubitable. C’est fou comme la confiance règne. J’ai encore envie de les planter là et de rentrer chez moi. Malheureusement, je sais que je vais aussi rater la deuxième mi-temps. J’ai des angles à arrondir avec les deux zigotos que j’ai mis hors de combat.
    Je les découvre attachés chacun sur une chaise dans le salon. Celui que j’ai assommé avec ma batte est toujours dans les vapes. Il va finir par m’inquiéter, lui.  Ça sent le traumatisme crânien, cette histoire. En espérant qu’il n’ait rien de pire, genre hémorragie interne. S’il devait mourir, ou simplement avoir des séquelles, je serais foutu. Déjà que dans la situation actuelle, je ne vois pas comment je vais me sortir de ce guêpier…
    L’autre, par contre, est réveillé et me fusille du regard. J’ai toujours trouvé cette attitude rigolote. Les mecs sont ligotés, bâillonnés, et cela ne les empêche pas de vouloir faire les malins. Hey, les gars, ouvrez les yeux ! Vous êtes prisonniers, à la merci d’un type qui peut vous faire subir ce qu’il veut, et tout chez vous clame quelque chose genre « Tu me paieras ça ! Dès que je serai libre, tu vas morfler, t’as pas idée ! ». Si vous croyez que ça donne envie de vous relâcher une fois qu’on en a fini avec vous, vous vous mettez le doigt dans l’œil…
 
    Je me rapproche de lui en arborant un sourire carnassier. Comme de juste, je sors dans le même temps un couteau à cran d’arrêt de ma poche arrière et en fais jaillir la lame.
    Je me régale intérieurement car son air furieux laisse soudain la place à de l’inquiétude. Au moins, il n’y aura besoin de rien d’autre pour le calmer. Je me penche sur lui et lui glisse à l’oreille :
    – Je pense que tu connais la chanson. Je t’enlève ton bâillon et tu réponds gentiment aux quelques questions que j’ai pour toi. Et bien sûr, si tu choisis de crier au secours comme un putois, je t’égorge.
    Il hoche la tête. J’aime beaucoup sa manière de blêmir à vue d’œil. Il ne devrait pas me poser de problème, j’ai pris l’ascendant psychologique.
    Je lui aurais bien arraché son bâillon d’un coup sec, histoire que le ruban adhésif lui arrache un peu de peau et de poils en même temps… sauf que son bâillon est une serviette de table à petits carreaux rouge et blanc, dont il faut desserrer le double nœud au niveau de sa nuque.
    Le moment pourrait être dangereux. Les mômes n’ont pas lésiné sur le nœud, aussi ne suis-je pas certain de pouvoir en venir à bout d’une seule main. Et si j’utilise les deux mains, je dois poser mon cran d’arrêt. Bon, plan B.
    Je me mets derrière lui – ça les fait toujours flipper quand ils ne peuvent pas vous voir dans leur dos – et je glisse avec brusquerie deux doigts entre sa joue et la serviette. Il a à peine le temps de tressaillir que j’ai déjà tranché la serviette d’un seul coup net et précis.
    Il ouvre la bouche pour chercher de l’air, ou peut-être pour prendre la parole, mais je le calme aussitôt : main gauche, j’empoigne une touffe de ses cheveux pour tirer sa tête en arrière tandis que dans la droite, mon cran d’arrêt lui caresse le cou, juste au-dessus de la pomme d’adam.
    Il ne bouge plus, n’ose même plus respirer. Parfait. Je sens qu’il va être réceptif à mes questions. Je me lance :
    – Bon, on va commencer tranquilou. T’es qui ?
    – René Janvion. Je vous préviens, je…
    J’accentue la pression avec le cran d’arrêt. Il se tait.
    – C’est moi qui pose les questions, gamin. Pourquoi vous suivez le môme, ton pote et toi ?
    – Secret défense. Je fais partie des services secr…
    – M’en fiche. Tu me feras pas croire que le môme est dangereux pour quiconque, alors crache le morceau, ou c’est en morceaux que je te renvoie à tes supérieurs.
    – Je… je ne peux rien dire.
    Il a l’air assez désespéré quand il me répond ça. J’aime beaucoup. Pour un peu, il se mettrait à chialer.
    – Dans ce cas, on va avoir un problème, mon gars, que je murmure à son oreille.
    Là, un bruit sourd s’élève de sa veste et il sursaute brusquement, manquant de justesse de réellement se faire égorger. Téléphone en mode vibreur.
    Je lâche ses cheveux, fouille dans sa veste, attrape le téléphone. Juste avant de décrocher – numéro inconnu, ce qui ne m’étonne pas –, je lui dis :
    – Vu que tu ne veux rien dire, tu ne me sers à rien. Donc si tu manifestes ta présence de quelque manière que ce soit pendant que je réponds, t’es un homme mort.
    Il hoche la tête en silence, aussi blafard qu’un type saigné à blanc. J’adore son regard au bord de la panique.
    Je décroche :
    – Oué ?
    – Alors, les gars, y’attendais des nouvelles plous tôt. Vous en êtes où ?
    – Tes gars ont eu de menus ennuis, on va dire.
    – Qui es-tou, toi ?
    – C’est moi qui pose des questions, mon gars. Alors comme ça il paraît que tes gaziers… et donc toi par extension, faites partie des services secrets français ? Avec ton accent espagnol à couper au couteau ? Franchement, les mecs, c’est une blague ?
    L’autre ricane, ce qui confirme mes soupçons : ces types sont des imposteurs. Par contre, je suis sûr et certain que les papiers d’identité étaient des vrais. Pourquoi est-ce que je n’ai pas vérifié plus attentivement les photos dessus ? Parce que de deux choses l’une : soit ce sont des vrais agents en train de trahir leur pays, soit ce sont des faux, auquel cas on peut craindre le pire pour leurs deux agents dont ils ont récupéré les papiers.
    – Tou ne sais pas dans quoi tou as mis les pieds, amigo. Tou es un homme mort.
    – Tu peux toujours faire le malin, sergent Garcia, mais en attendant, c’est moi qui détiens tes hommes. Je suis sûr que les vrais services secrets seront très intéressés pour les récupérer.
    – Ce serait oune énorme erreur, amigo. Si tou les contacte, yé né donne pas cher de ta peau.
    – Ça, ça reste à voir, guignol. Je…
 
    Là, je me prends un énorme coup à l’arrière du crâne. Groggy, je sens mes jambes se dérober et je m’affale à terre. Pendant que je lutte pour rester conscient et reprendre mes esprits, j’entends des bruits de lutte, un cri de la petite puis des pas qui s’éloignent.
 
    Je me force à me lever. Je grogne de douleur et m’accroche à la table de la salle : ça tourne et je n’ai nulle envie de me retrouver à nouveau à terre. Les deux pseudo-espions ne sont plus là.
    L’évidence s’impose vite à moi : le deuxième espion s’est libéré et m’a attaqué par derrière, a libéré son compagnon et tous deux se sont enfuis.
    Bon sang de bois ! Pourquoi est-ce que je n’ai pas vérifié que ces deux escogriffes étaient bien ligotés ? Il faut croire que je vieillis. Dans le temps, j’aurais vérifié et revérifié le travail de vulgaires amateurs, surtout du nom de Kévin et Sidonie. Mais quand même… C’est bougrement pas compliqué de faire des nœuds !
    Je traverse la cuisine en titubant et y trouve la jeune Sidonie à genoux, les mains sur son nez dont du sang s’écoule.
    – Ça va ? que je demande.
    – Ils ont enlevé Kévin, me répond-elle entre deux sanglots. Ils l’ont assommé et emmené.
    – Je m’en occupe, que je grogne.
 
    Non pas que je me préoccupe le moins du monde du sort du gamin, mais j’avoue que je suis quand même super vexé de m’être fait avoir ainsi, comme le dernier des bleus.
    Je dévale l’escalier et me retrouve dans le hall. Je n’ai pas pris le temps de retourner à mon appartement pour m’armer convenablement, ni même pris celui de récupérer mon cran d’arrêt. Ça pourrait me faire perdre des secondes précieuses.
    Je me jette sur le trottoir et vois la berline noire aux vitres teintées quitter le parking à toutes berzingues. Aucun doute : ça ne peut qu’être eux. Vite, me faut une voiture. N’importe laquelle. En forcer une sur le parking me prendrait trop de temps, sans parler d’en bidouiller les fils pour la faire démarrer. Encore une fois, on va faire ça à l’ancienne.
    Je me précipite dans la rue et me plante au milieu. La première voiture qui se pointe, je la réquisitionne. En douceur si possible. Sinon, tant pis.
    Sauf qu’à ce moment, une nouvelle voiture sort en trombe du parking. Quand il me voit, le conducteur pile, ouvre sa vitre et me lance :
    – Monte vite avant qu’on les perde, l’ami !
    Je ne réfléchis pas, grimpe à bord d’instinct et il écrase aussi sec la pédale de l’accélérateur.
 
    Ce n’est qu’à ce moment que je me demande ce que je suis en train de faire, au juste…

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeVen 6 Jan - 9:39

V
 
 
    Mon nouvel ami a une bonne bagnole, genre qui tient bien la route, et heureusement, parce qu’on dirait bien qu’il ignore le concept de la pédale de frein. Comme un imbécile sevré de séries américaines, je m’attends à des crissements de pneus dans les virages mais ça, ça n’arrive pas dans la vraie vie.
    En tout cas, le conducteur sait y faire. Il ne s’en faut pas de très longtemps pour que nous ayons la voiture des faux espions en ligne de mire.
    Nous n’avons pas échangé la moindre parole depuis notre prise de contact initiale, et je décide de laisser se prolonger le silence. Il faut dire que je ne sais même pas dans quoi je me suis embarqué, aussi je préfère lui laisser l’initiative de la conversation.
    Heureusement pour moi, il s’avère vite qu’il appartient à la catégorie des bavards.  J’aime les bavards. Ils adorent s’écouter parler. Et moi, j’adore les laisser parler et les aiguiller afin de leur tirer les vers du nez mine de rien.
    – Il fait quand même chier, le boss, dit mon « camarade », à toujours cloisonner son organisation à outrance.
    – Ah ça, il sait faire, en effet, que je réponds prudemment.
    BA-BA d’un interrogatoire discret lors d’une conversation : aller dans le sens de votre interlocuteur, ça le pousse à développer et préciser ses pensées.
    – Non mais c’est vrai, quoi : quand il m’a ordonné de surveiller discrètement le môme, il aurait quand même pu me dire qu’il avait mis un deuxième gars sur le coup.
    – Bah, c’est bien connu : pour bien avancer, il faut toujours avancer masqué.
    – Peut-être, mais en attendant, si j’avais su que t’étais là, on aurait pu se mettre en contact et coordonner notre action.
    – Vrai qu’on aurait été plus efficaces. Mais comment tu as deviné qu’on était du même bord ?
    – Facile. J’ai repéré les deux zigotos avant même qu’ils entrent dans l’immeuble. J’hésitais encore sur la conduite à tenir quand ils sont ressortis avec le petit. Et là je te vois sortir à ton tour, en courant : tu en avais forcément après ces gars-là. En tout cas, bravo pour ta discrétion : je surveille l’appartement depuis des heures or je ne t’ai pas vu entrer. Comment tu as réussi à t’infiltrer ?
    J’habite ici, abruti.
    – Secret professionnel, que je réponds à haute voix. Toujours avoir un coup d’avance, ne jamais être prévisible. Tu sais bien que c’est la base.
    Il se tait. Peut-être qu’il se rend compte qu’il a fait du mauvais boulot. Sous sa surveillance, le môme a été enlevé. Même si je ne sais pas ce qui se passe, si j’étais son supérieur, il y aurait des conséquences, genre uniquement négatives, pour lui.
    Comme je ne veux pas qu’il cogite trop, je relance la conversation :
    – Reste à savoir ce qu’ils lui veulent, au môme.
    Il me lance un regard en biais avant de répondre :
    – C’est évident. C’est un otage.
    – Bien entendu, dis-je d’un air entendu pour donner le change. Mais ce que je veux dire, c’est « qu’est-ce qui se cache derrière cet enlèvement ? ».
    – Aucune idée mais ça, ce n’est pas de notre ressort. Tout ce qu’on a à faire, c’est rester en visuel avec les ravisseurs. Et prévenir le boss, même si ça ne m’enchante pas plus que ça. Lui saura prendre les mesures qui s’imposent. Après tout, nous on est juste là pour la surveillance. À moins que tu aies des instructions spécifiques de ton côté ?
    Je n’ai même pas besoin de réfléchir avant de lui répondre. Mes répliques viennent naturellement, sans effort. On n’oublie pas les réflexes de toute une vie.
    – On attend avant de le mettre au courant. Je veux savoir ce qui se trame. Comme tu l’as souligné, le môme ne peut que servir d’otage, donc il n’a rien à craindre.
    – En théorie. Mais si ça tourne mal pour le gosse, nous sommes tous les deux morts, tu en as bien conscience ?
    – Ouais.
    – N’oublie pas que c’est le seul gosse de Dumoulin.
    Ah, enfin un nom ! Pas trop tôt ! Et ça me dit quelque chose, ce nom. Mais quoi…
    Quoi qu’il en soit, pas question que mon acolyte prévienne les siens : je serai démasqué aussi sec.
    – Je sais. Mais pour l’instant, on reste discrets. Voyons où ces types nous mènent, et on avisera à ce moment-là.
    – Comme tu veux, l’ami. Même s’il semble évident qu’Ortega doit être derrière cet enlèvement, tu as raison. On ne sait jamais, ce pourrait être un coup des Albanais. Ou de n’importe qui d’autre qui cherche à se faire une place au soleil.
    Je grogne un assentiment qui ne m’engage à rien et j’assimile ce nouveau nom : Ortega. Celui-là, je n’ai pas besoin de réfléchir pour le remettre. Ce chef du crime règne depuis l’Espagne, plaque tournante de tous les trafics ou presque provenant d’Afrique, et les ramifications de son organisation s’étendent sur à peu près toute l’Europe occidentale.
    Du coup, celui de Dumoulin fait également tilt : il est connu en France pour tremper dans un certain nombre d’activités illégales, mais malgré leurs efforts engagés depuis des années, les autorités n’ont jamais réussi à le coincer.
    Rien d’autre ne me revient : de ce que je crois savoir, il est à cent lieues d’Ortega en termes de pouvoir et d’influence, mais j’avoue ne pas suivre ce genre de choses de très près.
    Si Ortega a décidé d’enlever le gosse Dumoulin, c’est que du lourd doit se préparer entre eux. Et vu les rapports de force en présence, je ne donne pas cher de la peau de Dumoulin. Ni de celle du petit Kevin, par extension.
    Bon, je ne lui dois rien, à ce môme. S’il y en a un qui aurait dû prendre les dispositions nécessaires pour le protéger, c’est bien son père, surtout au vu de ses activités douteuses.
    Je devrais assommer mon chauffeur et rentrer à la maison comme si de rien n’était. Sauf que ça pose plusieurs soucis. La petite Sidonie sait où j’habite, donc comme elle sort avec Kevin, elle ne sera pas longue à me balancer à Dumoulin si un malheur arrive à son fils.
    Et puis bon, le Kevin… D’accord, il porte un prénom stupide. D’accord, cet imbécile a feint ne pas savoir pourquoi on le suivait, alors qu’il est forcément au courant de la vraie facette de son père. Le déni de la réalité, ça va deux minutes ; au-delà, on appelle ça mettre des œillères : « si je ferme les yeux, je ne vois rien donc rien n’existe », ça n’a jamais marché. D’accord, il m’a tiré dessus, mais j’ai pu voir à ce moment qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Pour moi, c’est juste un vrai gosse comme les autres, qui cherche à mener sa petite vie tranquille. Et qui se retrouve embarqué dans un truc qui le dépasse complètement, et à son corps défendant. Et peu comme moi, en fait.
    Sauf qu’il y a une différence majeure entre un Kevin Dumoulin et un René Tardivel. Je ne suis pas un petit oisillon innocent. On peut m’emmerder, mais pas trop. Il y a des limites, et les franchir avec moi, ça n’a jamais été une bonne idée. Ceux qui sont encore en vie pour en témoigner seraient les premiers à le reconnaître…
    – Au fait, c’est quoi ton nom ? me demande mon chauffeur.
    – Pasquier.
    Règle élémentaire dans ce métier : ne jamais donner son vrai nom.
    – Comme la brioche ?
    Je fronce les sourcils dans sa direction, tout comme l’a fait des milliers de fois à mon encontre ce bon vieux caporal Pasquier.
    – Pardon, ajoute-t-il. Moi c’est Fougennes. Raoul.
    – C’est noté.
    Notre filature se passe plutôt bien. On sent que le Raoul est un habitué de la chose. Ni trop près, ni trop loin, même si on est plus facilement repérables vu qu’on a quitté la ville et qu’on roule de nuit.
    – On est en train de s’enfoncer dans l’arrière-pays, s’inquiète Raoul. Tu es vraiment sûr qu’on ne devrait pas prévenir Dumoulin de ce qui se trame ?
    – Tant qu’ils ne s’arrêtent pas, ça ne sert à rien. Je préfère avoir le plus d’infos possibles à communiquer au boss.
    – OK.
    Je reconnais la départementale sur laquelle nous sommes, et je sais qu’à la sortie du prochain virage, nous allons attaquer un tronçon qui file tout droit sur deux ou trois kilomètres. Sauf qu’au sortir du virage, il n’y a plus aucun phare de voiture devant, même à des centaines de mètres plus loin.
    – Et merde ! On les a perdus ! Dumoulin va nous tuer ! gémit Raoul.
    À ce moment-là, invisible dans la nuit et garée sur le bas-côté, une voiture allume ses pleins phares, et avant qu’on ait pu réagir, s’enchaînent une détonation et l’explosion de notre pare-brise.
    Mon canapé et Manchester United me manquent plus que jamais.

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeSam 7 Jan - 10:43

VI
 
 
    Je n’ai pas besoin de dire au Raoul de freiner. Heureusement, il n’a pas eu le réflexe malheureux de braquer la voiture avant de l’immobiliser : ce serait placer la personne qui sortirait face aux agresseurs en danger de mort. Là, nous serons tous deux protégés par nos portières ouvertes, pour ce que cela vaut.
    Nous nous recroquevillons derrière le tableau de bord tandis que d’autres tirs, sporadiques, continuent de toucher la voiture.
    – Bi… bizarre qu’ils ne nous arrosent pas d’un feu pl… pl… plus nourri, commente le Raoul d’une voix trop haut perché.
    S’il a voulu entamer la conversation pour démontrer la maîtrise de ses nerfs, c’est raté… Il est au bord de la panique, et s’il y cède, il ne fera pas de vieux os. Je prends les choses en main.
    – On sort et on file sur la droite.
    – Pourquoi sur la droite ? demande Raoul, des trémolos dans la voix.
    – Je connais cette route : à gauche, c’est un champ ouvert ; à droite, il y a un sentier bordé d’arbres non loin.
    – OK.
    – Prêt ?
    – Non.
    – Va pourtant bien falloir, mon garçon, parce qu’en ce qui me concerne, je ne reste pas traîner là.
    – Mais…
    – Y’a pas de « mais ». Tu restes, tu meurs. Tu me suis, t’as une chance. Tu choisis quoi ?
    Face à un indécis, il faut toujours être ferme pour lui montrer qu’on maîtrise la situation. Bien sûr, c’est complètement faux, mais au vu de mon expérience, je suis au moins capable de prendre les décisions les moins mauvaises quand il n’y en a pas de bonnes à l’horizon.
    – Je te suis, murmure Raoul.
    – OK, prépare-toi, main sur la portière. À mon signal, tu sors en laissant ta portière grande ouverte, ça te fera un bouclier. Tu contournes la voiture par l’arrière ; par l’avant, tu serais une cible trop évidente. Et tu cours derrière moi.
    – Merde, j’ai pas envie de crever, gémit Raoul en faisant la grimace.
    – On ne va pas crever. Leur voiture est trop loin pour qu’ils nous canardent. S’il y a si peu de tirs, c’est qu’on est hors de portée, sauf du fusil à longue portée qui nous arrose. On va gagner de précieuses secondes en sortant en même temps, car il va devoir choisir qui il veut essayer de toucher. Et comme on va se barrer juste après une détonation, on va encore gagner quelques secondes car après chaque tir, le mec doit se reconcentrer.
    Raoul me regarde fixement, avec quelque chose qui ressemble à de l’admiration dans les yeux, et il hoche la tête.
    Vu qu’il reprend du poil de la bête, j’achève le boulot :
    – Tout va bien se passer, tu vas voir.
    – Je te fais confiance.
    Bien entendu, je m’abstiens de lui annoncer que dès qu’on courra dans le champ en direction du chemin bordé d’arbres, ils vont se lancer à notre poursuite. Et que si ledit chemin est bien sur notre droite, il doit être à mi-chemin entre eux et nous. Bref, on va se rapprocher d’eux et eux de nous, et là on risque d’être à la portée de tir des armes de poing dont je ne doute pas qu’ils soient pourvus.
    – OK. À la prochaine détonation.
    Je mets la main sur ma portière, prêt à bondir. Enfin, bondir, il faut le dire vite. Le temps où je courais sur le terrain comme un lapin est loin derrière moi, et je ne doute pas que poussé par la peur, le Raoul me dépasse comme une flèche en quelques secondes seulement.
    En fin de compte, entre lui et moi, c’est quand même lui qui a les meilleures chances immédiates de survie. Chienne de vie. Ça m’apprendra à me mêler de ce qui ne me regarde pas.
    Le tir suivant siffle à nos oreilles. Je crie :
    – Go !
    Je saute hors de la voiture, bondis par-dessus le petit fossé séparant la route du champ, avant de me mettre à courir. Bon sang, on n’y voit goutte ! À la première motte de terre, on va se gameller et ce sera la fin du voyage.
    Les vieux réflexes reprennent le dessus : garder le stress en laisse, foulées régulières, bonne position des bras, respiration régulière. Et accélérer du mieux possible. Ça, c’est la théorie. Mais bon dieu que ça fait mal ! Trop mal, et trop vite. À ce moment, je ne donne pas cher de ma peau.
    Pourtant, je ralentis un poil, histoire de garder mon souffle et ma lucidité plus longtemps. Car si je ne doute désormais plus que ces salopards vont me choper, je ne compte pas partir tout seul. Il me reste mon flingue, et je sais m’en servir, à condition de rester calme. 
    Raoul me rattrape mais ne me double pas. Il faut croire qu’il se sent plus en sécurité avec moi que tout seul. À moins qu’il n’ait déjà plus de jus, comme semble l’indiquer sa respiration saccadée.
    Je jette à rapide coup d’œil à ma gauche, et je distingue les deux silhouettes qui courent dans notre direction. Comme je le pressentais, on n’aura pas la marge nécessaire pour les semer.
    Merde. Ça va se finir en fusillade, cette histoire…
    Une rafale de pistolet-mitrailleur – au bruit, je pense que c’est un Famas – fait tressauter la terre quelques mètres devant nous. Les flashs lumineux des tirs proviennent de notre but, le chemin. Et merde, c’est cuit.
    – Arrêtez-vous ou je vous abats ! lance le type. Mains en l’air !
    J’obtempère et attrape Raoul par le bras, au cas où cet imbécile soit décidé à continuer de tenter sa chance.
    – Mais… fait-il.
    – Non. On se rend.
    Je lève les mains en l’air, mon pistolet pendouillant entre deux doigts.
    Je n’ai pas dit mon dernier mot. Loin de là. OK, on s’est fait avoir. Mais le type sur le chemin aurait aussi bien pu nous dézinguer sans avertissement, or on a eu le droit à un avertissement, signe qu’ils ne veulent pas forcément nous tuer tout de suite. Ce qui nous laissera peut-être d’autres opportunités, si on sait les saisir… ou les provoquer.
    En tout cas, ces trois lascars connaissent leur boulot. Un seul d’entre eux vient nous fouiller, Raoul et moi, tandis que les deux autres nous tiennent en joue.
    – Marchez jusqu’au chemin, et sans vous retourner, annonce l’homme au Famas, qui ajoute à l’intention d’un des autres larrons :
    – G., retourne à la voiture et rejoignez-nous avec.
    Tandis qu’on commence à marcher, je m’inquiète à propos du chemin. Si on nous y envoie et si leur bagnole nous y suit, il n’y a que deux options possibles. On va s’enfoncer sous bonne escorte au milieu de nulle part, un lieu idéal pour une exécution. Ou alors c’est la route menant à leur centre d’opération, et c’est la raison pour laquelle ils nous ont canardés : on s’en rapprochait trop.
    Au moins, grâce aux phares de la voiture qui nous suit au ralenti, on voit enfin où on met les pieds, ce qui est plutôt agréable. Et je me rends compte que tenter de fuir par-là était une très mauvaise idée. Le chemin de terre est défoncé, les ornières s’y disputent avec les flaques d’eau et la boue. On n’aurait pas couru plus de dix mètres sans trébucher et se retrouver à terre.
    On marche jusqu’à distinguer des lumières devant nous, et on finit par atterrir dans une cour de ferme. Face à nous, un bâtiment flanqué de part et d’autre d’une aile. Trois voitures sont garées là, genre 4x4.  
    Des types arrivent, clones de notre escorte, mains sur leurs armes. Un conciliabule a lieu entre notre ami au Famas et l’un des gars, puis on nous fait rentrer. Grâce à quelques coups d’œil discrets en arrière, j’ai pu constater que ce cher Kévin est là aussi, mais il est tenu à l’écart. Apparemment, il ne partagera pas notre sort, à mon Raoul blême et à votre serviteur.
    La maison est vieillotte et décorée à l’ancienne. Je m’attendrais presque à voir débarquer une mamie en blouse qui nous réprimanderait de laisser autant de boue dans notre sillage.
    On nous amène à l’étage. Je croise le regard chagrin de l’un des gars. Soit il éprouve de la compassion à l’idée de notre futur sort, ce qui est inquiétant pour nous, soit il est préposé au ménage et déprime en constatant l’ampleur du boulot qui l’attend. Ce qui serait comique, du moins dans d’autres circonstances.
    L’un des gardes ouvre une porte et nous fait signe d’entrer.
    La grande pièce dans laquelle nous pénétrons est vierge de mobilier, hormis un bureau, deux fauteuils pour les visiteurs, et bien sûr le responsable de tout ce bazar, basané, fine moustache, et l’air peu amène.
    J’ai déjà vu sa tronche dans les journaux. Ortega, le criminel dont l’organisation a des intérêts partout en l’Europe. L’homme que j’ai eu au téléphone tout à l’heure. Et que j’ai appelé sergent Garcia. Sur le moment, je trouvais que ça lui allait plutôt bien, avec son accent espagnol prononcé. Maintenant, nettement moins.
    J’espère juste qu’il n’est pas du genre rancunier…

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 23 Jan - 10:14

VII

– Alors, les gars, qu’est-ce que ye vé faire de vous ?
– Je… Je serais vous, je ne commettrais rien d’irréparable, tente presque courageusement – oui, sa voix tremble, ça gâche toute sa diatribe –. Nous avons des appuis puissants.
Un sourire narquois apparaît sur le visage d’Ortega, et je lève les yeux au ciel, ce qui ne lui échappe pas. Il se tourne dès lors vers moi, estimant probablement que je suis un interlocuteur plus valable.
Aïe. Je sais jouer au jeu du chat et de la souris, mais là, j’ai le sentiment d’être une toute petite souris. Entre les mains d’un redoutable félin.
– Alors ? me demande-t-il.
Je hausse les épaules.
– Chacun tente de faire son job du mieux qu’il peut.
– Yé veux savoir ce que Doumoulin a en tête.
– Vu que vous avez enlevé son fils, vous devez en avoir une petite idée, je me trompe ?
Son sourire en coin revient, ce qui m’indique qu’il y a un problème. Car ce n’est pas un vrai sourire, plutôt une de ces expressions condescendantes qu’on réserve aux mous du bulbe, ou aux gens qui se moquent de vous. Bref, à cause de ma réponse, je crains qu’Ortega me considère à mon tour comme un Raoul moyen, ce qui n’est pas bon. Loin de là.
Vite, rectifier le tir.
– Nous savons tous deux que la situation est plus complexe qu’elle ne le semble, et qu’elle demande des explications. Sans doute même des négociations. Je commence ou vous commencez ?
– Yé vous en prie.
Zut, j’aurais préféré l‘inverse. Rien ne sera décidément simple. Ce n’est définitivement pas ma journée…
– Mon rôle dans cette histoire se borne à assurer la sécurité de Kévin.
– Moi aussi, ajoute Raoul.
– Silence, toi. Vous avez agi contre le petit, j’ai réagi. Rien de plus, rien de moins. Les machinations qui tournent autour de cet enlèvement ne me regardent en rien et dépassent mes… attributions. Sauf si vous décidez que je peux vous servir d’intermédiaire. J’ai échoué dans ma mission de protection, aussi aimerais-je avoir l’occasion de me rendre à nouveau utile. Sauf si vous décidez de prendre d’autres dispositions, bien sûr.
– Tu veux collaborer ? lance Raoul, indigné. Espèce de lâche !
– Tu peux pas la fermer, imbécile ?
Il ne comprend vraiment rien, celui-là. S’il se braque, s’il se butte, je ne donne pas cher de sa peau.
– Tu n’as pas d’honneur, continue-t-il, méprisant. Moi je reste fidèle à monsieur Dumoulin.
Il se tourne vers Ortega, redresse fièrement le menton et ajoute :
– Vous pouvez faire ce que voulez de moi, me torturer si vous le voulez, je n’avouerai rien !
Ortega a l’air de s’ennuyer ferme. Je soupire et répond :
– Pour la dernière fois, tais-toi, imbécile. Déjà, tout le monde finit par craquer sous la torture. Tout le monde, sans exception, tôt ou tard. Ensuite, une fierté mal placée n’a rien à faire dans des négociations, alors assois-toi dessus. Nous sommes entre gens raisonnables, monsieur Ortega n’a aucune raison de nous éliminer. Semer des cadavres derrière soi est le meilleur moyen de s’attirer des ennuis, et ça risque d’entraîner des représailles.
Raoul ouvre la bouche pour répliquer, mais il la referme quand je le fusille du regard.
Ouf, on dirait que ce benêt a enfin compris ! J’essaie de reprendre le fil de ma conversation avec Ortega, en soupesant chaque mot. Je suis sur le fil du rasoir, il va falloir ruser, et bien comme il faut.
– Monsieur Ortega, il y a un problème entre vous et monsieur Dumoulin. Si on laisse les choses s’envenimer, ce ne sera bon ni pour vous ni pour lui. Un conflit mobilise des ressources qui pourraient être affectées… aux affaires, nul ne souhaite une escalade de la violence.
– Ye n’aime pas qu’on me prenne pour un imbécile, amigo. Ce serait oublier un peu vite que c’est Doumoulin qui a lancé les hostilités. Et de la pire des manières…
Aïe aïe aïe. Si seulement je savais de quoi il parle. Si seulement il me donnait un indice, une prise à laquelle me raccrocher pour mieux rebondir. Vite, une idée !
– Hum… C’est là tout le nœud du problème, monsieur Ortega. Il n’y a pas eu de déclenchement des hostilités de la part de monsieur Dumoulin.
Il ouvre la bouche mais je lève la main pour lui indiquer que je n’ai pas fini, et j’enchaîne aussitôt, bien décidé à tenter mon coup de bluff jusqu’au bout. En même temps, je crains le pire : à ses yeux, je ne suis qu’un sous-fifre, et je dois lui sembler bien téméraire voire désespéré pour oser dicter la conversation. S’il se vexe, tout est fini…
– L’organisation de Dumoulin n’arrive pas à la cheville de la vôtre. S’en prendre à vous, c’est se faire écraser à coup sûr. Pensez-vous réellement que monsieur Dumoulin soit assez fou pour cela ?
– Y’ai beau être un criminel, y’ai un code de l’honneur, et celui-ci m’interdit de m’en prendre aux innocents. Alors quand ce lâche de Dumoulin s’en prend à ma fille, il ne doit pas s’étonner que ye montre les dents.
Ah, enfin une ouverture !
– Tout le problème est là : ce n’est pas Dumoulin qui s’en est pris à votre fille.
Ortega fronce les sourcils et un masque de froideur, de mépris et de fureur contenue apparaît sur son visage. Je crains d’avoir dit une grosse bêtise, du genre mortelle pour moi, et que je vais vite savoir quel impair j’ai commis.
– Les hommes comme moi surveillent leurs ennemis, et gardent un œil sur leurs familles, au cas où. Il y a les membres des familles qui sont partie prenante dans les activités criminelles, et ceux-là sont des ennemis à leur tour. Et il y a les autres, ceux qui ne se mêlent ni de près ni de loin aux activités criminelles. Ceux-là, nous les laissons en paix. Dumoulin a été très malin. Pendant des années, il a fait croire que son fils était un agneau innocent. Jusqu’à ce qu’il l’envoie s’occuper de ma fille ! Et pour ça, amigo, je peux t’assurer qu’il va payer le prix fort !
À ce moment, je sais que je suis un homme mort, parce que je vois bien qu’Ortega ne rigole pas, loin de là. Mon bluff a lamentablement échoué. Dommage, d’habitude je suis plutôt bon au poker. Par contre, je ne comprends toujours pas : le fils de Dumoulin s’en serait pris à la fille d’Ortega ? On parle bien de ce grand benêt de Kévin ? Lui, un criminel ? Jamais on ne me fera avaler cette ineptie !
J’ai beau en être persuadé, j’ai même beau le savoir, tout bonnement, je sais aussi qu’Ortega a dépassé le stade où il va gentiment m’écouter. J’ai laissé passer ma chance…
– Tou sais ce qui vous attend désormais, ye suppose ?
Je hoche la tête en grognant. Ce maudit Espagnol va nous tuer, Raoul et moi, et laisser nos cadavres bien en évidence pour que Dumoulin comprenne le message. C’est encore Kévin qui a les meilleures chances de survie : nul doute que de vraies négociations, cette fois-ci, vont avoir lieu entre Ortega et Dumoulin pour que ce dernier récupère son fils.
Je vais mourir comme un abruti, à cause d’un concours de circonstance idiot, tandis que le Kévin, lui, va pouvoir retourner dans les bras de sa Sidonie ? Si ça ce n’est pas injuste…
Attendez une minute ! Sidonie ? Bon sang, c’est pas vrai ! Serait-il possible que la petiote soit la fille d’…
À ce moment, j’entends la porte s’ouvrir dans mon dos et je me retourne pour voir de qui il s’agit.
Sidonie. Bien sûr.

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeJeu 23 Fév - 9:44

VIII
 
 
    – Mais… que fais-tu là, ma chérie ? s’étonne Ortega.
    – Il s’est passé quelque chose de terrible, papa, il faut que tu m’aides ! Oh, mais… monsieur Tardivel ?
    – Rebonsoir, Sidonie, je soupire.
    Déjà qu’Ortega avait décidé de se débarrasser de Raoul et de moi-même, mais savoir qu’en plus je me suis approché de sa fille, et pas plus tard que ce soir, va définitivement sceller mon destin. Car bien sûr, elle va me balancer sans même le savoir, et ma pseudo-couverture improvisée d’employé de Dumoulin va sauter.
    – Tou connais cet homme, Sidonie ? demande Ortega, ses yeux scrutateurs et plissés vrillés sur moi.
    J’ai eu mon lot de face-à-face avec des serpents plus que dangereux lors de missions non moins dangereuses dans diverses jungles du monde, et Ortega a le même regard qu’eux : sauf que lui, je ne peux pas me contenter, vif comme l’éclair, de l’empoigner par le cou et de le lui tordre. Je n’ai plus la vitesse. Et un geste brusque vers lui et je serai criblé de balles en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
    – Oui, c’est… monsieur Tardivel, se contente-telle de dire.
    Je lui sais gré intérieurement d’avoir réagi aussi vite pour comprendre qu’elle devait en dire le moins possible me concernant. Il faut dire que dès que son père m’a mentionné, je me suis tourné vers elle et, caché du regard d’Ortega père, j’ai baissé très vite trois fois vers le bas ma main tendue à l’horizontale, ce bon signe qu’on peut universellement traduire par « mollo ! ».
    – Et ? demande le père.
    – C’est… mon garde du corps ! affirme-t-elle, trop vite pour être crédible à mes oreilles.
    Alors à celles de son père, expert en coups tordus et manipulations diverses et variées…
    – Ridicule, annonce-t-il sur un ton péremptoire. Ce type est au service de Dumoulin, l’un de mes… concurrents en affaires.
    – Arrête avec tes ellipses pour parler de mon soi-disant travail, papa, c’est toi qui es ridicule.
    Et toc, pan dans les dents ! Elle a du cran, la petite, je dois bien le reconnaître. Mais surtout, il faut que j’évite de laisser apparaître le sourire qui menace d’éclairer mon visage.
    Vexé mais pas décidé à lâcher le morceau – moi, en l’occurrence –, Ortega reprend :
    – Quoi qu’il en soit, ce type joue double-jeu. S’il t’a approché, c’est pour un faux prétexte pour t’embobiner.
    – Ne me prends pas pour une pimbêche, papa ! Et de toute manière, ce n’est pas lui qui m’a approché mais l’inverse. C’est moi qui lui ai demandé son aide et il a bien voulu me l’accorder.
    – Qu’est-ce que c’est que ces salades ?
    Là, j’interviens. D’une part, je déteste qu’on parle de moi en ma présence en faisant mine de m’ignorer, comme si je faisais partie du décor. D’autre part, je tiens peut-être une chance inespérée de redorer mon blason auprès d’Ortega. De toute manière, je ne vois pas comment je pourrais plus descendre dans son estime, alors perdu pour perdu…
    – La vérité, monsieur Ortega. Par un concours de circonstances, je me suis retrouvé aux côtés de l’ami Raoul, qui lui est effectivement au service de Dumoulin. Du coup, ça m’a semblé être une bonne idée de le laisser croire que moi aussi je roulais pour son boss.
    – Alors que votre boss véritable boss est… ?
    – Moi-même, je réponds d’un ton ferme. Et en tant que tel, je fais ce que je veux. Y compris aider votre fille si ça me chante.
    Un silence pesant suit mes paroles. Je me demande si je n’ai pas poussé le bouchon un peu trop loin : Ortega me lance à nouveau son regard froid de serpent, et je reconnais avoir du mal à le soutenir. Les vrais serpents que j’ai croisés me semblent bien innocents et inoffensifs en comparaison de cet homme.
    – Rien n’est clair vous concernant, monsieur… Tardivel, reprend-il. Laissons votre cas en suspens pour le moment.
    Puis, se tournant vers ses gardes du corps :
    – Faites sortir ce Tardivel et son camarade pour le moment, j’ai à parler à ma fille.
    Tandis que, dociles, Raoul et moi nous levons pour suivre nos geôliers, Ortega ajoute :
    – Sidonie, quand tu es entrée, tu m’as demandé mon aide. De quoi s’agit-il ?
    – Un ami à moi s’est fait enlever. Et je veux que monsieur Tardivel reste, il sait de quoi il s’agit et j’ai toute confiance en lui.
    – Mais… et moi ? demande Raoul, qui semble commencer à prendre peur d’être ainsi laisser sur la touche.
    Je le comprends. À sa place aussi, je le sentirais mal pour ma santé.
    – Accordé, grogne Ortega avec un signe de tête en direction de son homme de main le plus proche de moi.
    Je suis satisfait de toujours faire partie des gens qui comptent dans cette espèce de partie d’échecs folle. Par contre, je me demande où va nous mener cette situation car je crains de savoir ce que Sidonie s’apprête à faire : demander à son père de l’aider à retrouver Kévin… alors même que c’est lui, Ortega, qui est à l’origine de son enlèvement.
    Voilà qui n’est pas pour me déplaire : la petiote sait ce qu’elle veut, et le père Ortega risque de se retrouver sur le grill à son tour. Je sens que les choses vont devenir intéressantes d’ici peu…
    – L’ami en question était venu me rendre visite à mon appartement, et il a été enlevé par deux individus, malgré l’intervention de monsieur Tardivel. Je sais que tu as les moyens de m’aider, et si ça se trouve, on cherche à t’atteindre en s’en prenant à mes proches.
    Je note avec intérêt qu’elle évite soigneusement de mentionner que Kévin est son petit ami. Oui, je pense de plus en plus que les choses vont devenir intéressantes.
    – Et comment s’appelle cet… ami ? demande Ortega avec répugnance.
    Bien entendu qu’il connaît la réponse, qui est « Kévin ! ». Et quand elle fuse, elle est prononcée par Sidonie d’une voix déformée par l’émotion, mais également par moi, d’une voix ferme et avec un sourire sardonique que je ne prends même pas soin de masquer.
    Ortega se renfrogne et me jette un nouveau regard venimeux. Oh, tu peux faire le malin autant que tu veux, l’Espagnol, j’ai l’immunité, je suis sous la protection de ta fille ! Par contre, ce serait quand même dommage de me l’aliéner, surtout qu’on ne peut pas dire qu’on soit copain-copain, aussi j’entreprends d’essayer d’arrondir les angles :
    – En fait, Sidonie, tu peux être rassurée. Kévin ne court aucun danger. Avant ton arrivée, j’ai discuté avec ton père et j’ai obtenu un certain nombre de réponses concernant la situation, réponses qui l’éclairent d’un jour tout à fait nouveau.
    – Vraiment ?
    – Oui.
    – Je vous écoute.
    Pour une fois, Ortega ne semble pas en mener large. Il hoche la tête à mon intention, m’autorisant ainsi tacitement à broder une belle histoire sans trop l’égratigner lui, le commanditaire de l’enlèvement.
    Puisque j’ai carte blanche, je vais jouer crânement ma chance. Et me faire un petit plaisir en passant.
    – Sidonie, votre père est un imbécile.
    – Ça peut lui arriver, en effet, acquiesce-t-elle.
    Elle semble tout de même étonnée que j’ose me permette de parler de lui de cette manière. Rares sont ceux qui doivent se le permettre, et je les comprends. La vie est un bien précieux, surtout quand il s’agit de la sienne.
    – Vu ses activités, il est obligé de garder un œil sur toi, histoire d’assurer ta sécurité. On ne sait jamais.
    – Je connais ses activités, approuve-t-elle sèchement.
    – Cela ne l’empêche pas de t’aimer et de faire ce qu’il peut en tant que père. Quitte à commettre des erreurs, notamment d’appréciations. Mais si ça arrive, et c’est le cas actuellement, ça part avant tout d’un bon sentiment.
    – Qu’est-ce que vous essayez de me dire, monsieur Tardivel ?
    Ortega, bien que toujours tendu, semble moins sur la défensive. Il semble avoir compris que sur ce coup-là, j’essaie de lui sauver la mise. C’est bien, je suis en train de regagner son estime, de marquer des points. Par contrecoup, en revanche, il faut que je fasse attention à ne pas m’aliéner sa fille.
    Je prends une grande inspiration et décide de ne pas tourner plus autour du pot :
    – Kévin est ici. Ton père l’a fait amener car il a cru qu’il voulait s’en prendre à toi.
    Je crois qu’elle comprend la situation. Mais la fureur qui se dessine peu à peu sur son visage m’indique que non, je n’ai pas réussi à arrondir les angles. Ortega père risque de prendre cher.
    – Vargas, ramène le gosse, prononce-t-il fort à l’intention d’un de ses hommes derrière la porte.
    Bien joué. Cette diversion devrait faire son effet et désamorcer l’explosivité de Sidonie.
    Par contre, il risque d’y avoir un problème si…
    La porte s’ouvre, Kévin entre sous escorte. Dès qu’il voit Sidonie, son visage jusque-là fermé s’illumine, il se jette dans ses bras et l’embrasse à pleine bouche.
    Les mains d’Ortega se crispent sur les accoudoirs de son fauteuil, au point que ses jointures deviennent toutes blanches.
    Non, Kévin, non ! Tu ne nous facilites pas la tâche, là !

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeJeu 23 Fév - 12:16

Purée toujours pas lu, faut que je m'y mette ^^

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeJeu 23 Fév - 12:25

Sinon tu peux attendre la fin. Plus que deux chapitres, dont un déjà écrit !

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 17 Avr - 16:33

J'ai survolé le début pour voir de quoi ça parle et j'ai eu une drôle d'impression... de déjà lu! Serait-il possible que tu m'ais déjà fait lire le premier chapitre?

Enfin, quoi qu'il en soit, la lecture attendra les deux derniers chapitres, comme ça, je lirai tout d'un coup! na!

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeLun 17 Avr - 20:56

Possible que je t'ai déjà fait lire, en effet. J'ai commencé ça en 2013... je suis donc dans un délai normal, classique. Razz

J'ai écrit le 9, mais je dois changer des trucs dedans, qui vont avoir une incidence sur le 10ème et dernier dont je ne connais à ce jour toujours pas le moindre commencement de contenu^^

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeMar 18 Avr - 19:08

MDR!! Ouais, un délai Minosien donc!^^

Ca me rassure! Je ne suis pas devenu fou! 

Je relirais dès que j'en aurai l'occasion!

Bon courage pour la suite! Wink

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MessageSujet: Re: Sans titre   Sans titre Icon_minitimeMer 19 Avr - 9:37

Merci !

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