Une série que j'avais trouvé fort chouette ^^ En plus après quelques recherches, écrite par un français (breton de surcroît, ça va plaire à certains :p).
Apparemment il s'inspire pas mal des légendes celtes et bretonnes ; perso ce que j'avais aimé, c'est le héros dans le 1er tome qui récupère (ou a déjà, me souviens plus ^^) une épée qu'il nomme "Solution Brutale", j'avais adoré :p
Il peut être assez difficile de se mettre dans l'ambiance tant les noms restent bien spécifiques au monde ; voilà un résumé récupéré de chez amazon, pour le 1er tome, intitulé Skin Mac Dana :
" Un Homme, Skin mac Dana, venue de la lointaine Erth (anciennement appelée Terre) erre de planète en planète, fuyant la folie de ses frères de sang. Il atterrit en catastrophe sur Bré et tue une étrange créature, un Nerdud. Sa force, décuplée par la faible pesanteur de ce monde, lui permet cet exploit et d'inspirer le respect aux Brésis, les habitants de ce Monde. Mais tant de prestige fait des envieux et Skin doit s'exiler avec celle qu'il aime et quelques volontaires : la légende est en marche, celle du Nouada qui chassera les Nerduds des terres Brésis...
L'univers de Gilles Servat nous plonge dans les délices d'une culture Celte oubliée, qui certes se révèle sauvage par moment, mais qui offre bien des perspectives de sagesses différentes. Un monde à dévorer du regard, à lire absolument. "
A l'heure actuelle, il y a 6 tomes :
* 1- Skinn Mac Dana (1995)
* 2- La navigation de Myrdhinn (1996)
* 3- Arcturus (1997)
* 4- Les Ssahanis (2000)
* 5- Le dixième jour de Branvode (2003)
* 6- La lance de Lughern (2007)
Vous pouvez retrouver + d'info sur le monsieur via son site : http://gilleservat.unblog.fr/
Donc je vous colle un extrait consacré aux Chroniques d'Arcturus :
(Interview parue dans la revue « Faéries » en 2006)
Gilles Servat, bonjour.
Vous êtes à la fois chanteur et romancier, comment arrivez-vous à concilier ces activités ?
Difficilement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les parutions sont aussi espacées, trop, sans doute, mais je ne peux faire autrement. Le métier de chanteur est fait de périodes d’écriture et de composition entremêlées de tournées. La composition d’une chanson ne nécessite pas de durée, contrairement à l’écriture d’un roman. Je peux partir chanter plus ou moins loin sans être perturbé. Par contre, j’ai beaucoup de mal à quitter un roman. Je dois tout reprendre en revenant, c’est assez pénible. Il faut aussi attendre qu’un projet musical soit arrivé à terme, car il m’est impossible de travailler sur un CD en écrivant autre chose. Je viens de sortir un CD, « Sous le ciel de cuivre et d’eau ». Je vais donc entamer l’écriture du sixième roman, en espérant l’achever avant le printemps prochain, puisque nous avons un nouveau projet de CD à ce moment-là.
Considérez-vous Les chroniques d’Arcturus comme une réécriture des romans de la Table Ronde ?
Non. L’histoire d’Arthur qui me sert de trame est celle d’un homme qui fédère des peuples ennemis contre l’envahisseur. Il n’y a ni chevaliers ni Graal dans mes histoires. Pour l’instant, Arcturus n’a pas de guerriers autour de lui, mais il faudra bien qu’il y en ait. (En fait, ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’au contraire, Arcturus va lutter sans guerriers.) Par contre, le personnage de Myrdhinn est le pendant de Merlin, la magie étant remplacée par une science erthienne très en avance sur celle des Brésis. Le thème de Morgane, la sœur d’Arthur et de son fils Mordret, ennemi mortel d’Arthur, va peut-être trouver un prolongement dans le prochain volume. (Je précise que dans le même genre, l’histoire de Tecumseh, Shauni originaire des pays de l’Ohio, fédérateur des amérindiens au XVIIIème siècle m’influence aussi.)
On a beaucoup écrit sur les légendes arthuriennes mais rarement dans un tel contexte : qu’est-ce qui vous a donné l’idée initiale des Chroniques d’Arcturus?
Ce sont les textes épiques et mythologiques irlandais. La société décrite est celtique, très ancienne, et n’a rien à voir avec le Moyen-Âge de la chevalerie et de l’amour courtois. C’est donc une de mes premières motivations : mettre en scène des gens qui vivent dans cette société, la décrire dans le cadre des aventures, sans tomber dans le didactisme. Le lecteur découvre les règles de cette société en second plan, en décor de l’action, si je puis dire. De ce point de vue, c’est « Arcturus », le troisième tome, qui est le plus proche des récits irlandais. (…)
Quelles sources avez-vous utilisées, entre autres pour les caractéristiques des Ssahanis, le peuple extra-terrestre qui joue sur Bré un rôle comparable à celui des Saxons en Bretagne ?
C’est très étrange. Je n’ai été inspiré par rien. Je découvre leurs caractéristiques au fur et à mesure que j’écris. Leur langage est, vaguement, de structure agglutinante, et le vocabulaire a plutôt tendance à l’onomatopée. En fait, j’invente une langue, ce qui est très intéressant, d’ailleurs, car je me suis toujours demandé comment cela s’était passé. Il est quand même assez vertigineux de savoir que les langues dont descendent les nôtres étaient beaucoup plus riches, complexes et subtiles que les nôtres. On s’attendrait plutôt au contraire. Pour en revenir aux Ssahanis, je me refuse à tout manichéisme. Je crois que le bien et le mal sont des notions absolues étrangères aux Celtes qui préféraient les notions relatives de bon et mauvais. (C’est une vue personnelle, qu’aucun texte n’étaye.) Je souhaite donc, et c’est ce qui se passe dans « Le dixième jour du Branvode », que les Ssahanis, comme les Brésis, soient tantôt bons, tantôt mauvais. N’étant pas marqués par le sceau du mal, les Ssahanis ont toute liberté pour développer une société particulière et originale, avec sa propre logique. J’ai découvert leur système social de familles et de carrés au cours de mon écriture.
Préférez-vous considérer ces livres comme de la SF ? De la fantasy ?
Il y a très peu de SF dans ces livres. Elle est de plus assez convenue, proposant comme déjà connus les voyages dans l’espace-temps et les propulsions sans flammes au derrière. Je revendique quand même un vaisseau spatial en forme de harpe, une musique en relief et un casque multifonctionnel assez nouveau. Les aéronefs des Ssahanis, quant à eux, relèvent plus du bricolage et de l’exploitation des pouvoirs d’une sorte de bestiole-légume encore assez imprécise. Pas de science là-dedans, à part la tôlerie.
Je suis plus attiré par l’invention d’une faune et d’une flore. Cela m’a d’ailleurs poussé à situer l’action des romans sur une autre planète que la nôtre. Ce qui ne va pas sans difficulté de vocabulaire. Par exemple, je ne peux décrire les couleurs avec les adjectifs comme lavande, citron, etc.… Mes livres sont donc plutôt dans le domaine de la fantasy. Pierre Michaud, de l’Atalante, appelle cela de l’épopée fantastique.
J’ai fait les beaux-arts, et ma préférence allait déjà vers les arts sauvages et le fantastique. J’aime beaucoup Max Ernst.
Avez-vous en tête depuis le début un plan ? Combien de tomes avez-vous prévus ?
J’avais un plan pour le premier. Je m’y suis tenu. J’en avais un pour le second. Mais voilà : le personnage de Bleunjote est apparu et ce qui ne devait faire qu’un livre en a fait deux. Depuis le second chapitre de la Navigation de Myrdhinn, je découvre l’histoire en l’écrivant, mené par les caractères des personnages. Je ne sais pas combien de tomes il faudra pour terminer cette histoire.
Pouvez-vous nous révéler si d’autres personnages des légendes arthuriennes seront transposés dans Arcturus ? Y aura-t-il une Guenièvre, un Gauvain ?
Je ne sais pas. J’ai cru trouver un Gauvain, mais il est mort sur la plage de Bilarbili. Toutes les options sont ouvertes. J’ai lu les romans de la Table Ronde. Je les porte en moi. Si un personnage veut en sortir, rien ne l’en empêchera.
La sexualité joue un rôle important dans Les Chroniques d’Arcturus : y a-t-il une raison particulière à cela ?
Elle joue le même rôle que dans la vie hors des romans. J’aime beaucoup les personnages féminins. Il est à noter que dans les textes irlandais, étrangers à l’amour courtois, les rapports sont beaucoup plus directs. La reine Nessa rencontre sur une plage un druide et lui demande quel est le signe du jour, que disent les présages ? « C’est un jour à faire un roi avec une reine », dit le druide. Aussitôt ils s’unissent sur la plage et Nessa se trouve enceinte du futur roi Conchobhar. Il y a aussi la reine Medb, qui n’est jamais sans un homme à l’ombre d’un autre. Elle promet l’amitié de sa cuisse pour obtenir un taureau et entretient avec le héros Fergus une relation à caractère sexuel sans que cela trouble outre mesure le roi Ailill, son mari. Fergus pourrait être le prototype de Lancelot. Mais c’est la fille de Medb, Findabair, qui porte un nom évoquant celui de Guenièvre. Medb, d’ailleurs, promet Findabair à tous ceux qui oseront affronter le grand héros Cúchulainn. En fait, dans les textes irlandais, l’adultère d’une reine n’est pas une affaire d’état et il n’y a pas de quoi en faire un roman de la Table Ronde. La rupture du contrat liant le roi et la reine serait beaucoup plus scandaleux.
Quels sont les livres ou les auteurs que vous préférez ? Quels sont les « titres arthuriens » qui vous ont le plus marqué ?
J’ai lu beaucoup de SF. Je crois que ce que j’ai préféré dans le genre ce sont les Chroniques Martiennes et la suite des Fondations. J’ai aussi dévoré les anthologies du Livre de Poche et de J’ai Lu. J’ai aimé Dune, beaucoup plus que les suivants. Le Seigneur des Anneaux est un peu à part. Je l’ai lu en français et en anglais. Bilbo the Hobbit vient de sortir en breton. C’est très intéressant. Chaque langue donne une dimension particulière au récit. Puis un jour, dans un hôtel, j’ai trouvé un tome du Cycle de Tschaï, le Wankh, et j’ai découvert Jack Vance. Je crois avoir tout lu et relu de lui. Parmi les auteurs français, Pierre Bordage est mon auteur préféré. J’admire son imagination foisonnante. Quant aux « titres arthuriens », je n’en ai lu aucun. Mes seules références sont les romans de la Table Ronde de Boulanger, les textes moyenâgeux de Chrétien de Troyes ou comme Le roman du roi Arthur (Le Morte Arthur), de Mallory, aux éditions l’Atalante, et quelques récits gallois, comme les aventures de Peredur, qui a donné Perceval.
Quelle(s) musique(s) écoutez-vous ? Écoutez-vous de la musique en écrivant ?
Il est difficile d’écouter en écrivant. La musique devient une sorte de décor qu’on abandonne et qu’on retrouve, au gré des concentrations et des rêveries. Tout ce qui est chanson me déconcentre à cause des paroles. Je passe donc de la musique de films (Le dernier des Mohicans, très irlandais !). Mais il arrive qu’elle me gêne ou même qu’elle m’influence, en ce sens que le climat musical, doux, violent, énergique ou alangui favorise l’écriture, la contrarie ou la conduit. Comme je préfère avoir la maîtrise des mots et des climats plutôt que subir inconsciemment un effet incontrôlable, je crois finalement que le silence est préférable.
Quand je n’écris pas, j’écoute des musiques et des chansons du domaine celtique, vaste et divers.
Si je peux me permettre une remarque sur notre société, je pense qu’en beaucoup d’endroits le silence serait préférable à la musique bruit de fond. La musique n’est pas un papier peint pour blaireaux distraits. A moins que ce ne soit une musique de blaireau, ce qui est souvent le cas, je le reconnais. Mais alors pourquoi l’imposer aux autres ?
(…)
Propos recueillis par LUCIE CHENU et DELPHINE IMBERT