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| Prémices du monde d'Énergie | |
| | Auteur | Message |
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Jahus Eru
Messages : 134 Date d'inscription : 15/11/2012 Age : 35
| Sujet: Prémices du monde d'Énergie Sam 1 Déc - 14:56 | |
| - Citation :
- J'ai depuis un temps l'idée d'une nouvelle qui raconterait le début du monde d'Énergie que je faisais vivre il y a un temps avec Darkliser, ainsi que les origines du personnage Aurore.
J'ai espéré la finir ce weekend, mais ne pus en écrire que peu. Et puis, je me sens un peu rouillé. De la graisse !
Voilà ce que j'en ai écrit, je désire déjà avoir vos impressions et vos critiques.
Lisez bien PenséeEt quand la pensée s'arrête, le temps perd de son importance. Il s'écoule, indépendamment de nos esprits énucléés de son cours. Je me réveille d'un sommeil sans rêves, un sommeil dont la durée m'est inconnue et dont la nature m'échappe. Je ressens à nouveau mon être et de fines sensations physiques me parvenir. Je reprends peu à peu conscience de mon corps, allongé et baignant dans un liquide visqueux. J'ordonne à mes doigts de bouger et il m'est agréable de retrouver le contrôle de mes muscles, bien que lourds et engourdis. Je ramène mon bras gauche et pose ma main sous ma poitrine, apprécie le doux contact de ma peau. Je parcours mes formes puis retrouve mon ventre et m'y attarde. Je prends conscience de la vie que j'abrite, perçois ses mouvements. Je souris ; tout comme moi, il est réveillé. Mes yeux s'ouvrent lentement. La lumière environnante est chaude et tamisée. Je me tourne vers ma droite ; tout est sombre et je parviens à peine à distinguer les caissons voisins. Me réveillé-je trop tôt ?Ma pensée me bouleverse. Je pose la paume de ma main droite sur la paroi vitreuse de l'habitacle et la voit y déposer du liquide visqueux qui imprègne encore ma peau. Les sources de lumière, lointaines, y paraissent et s'y réfléchissent, allongées et distordues. Des deux mains, j'appuie sur le couvercle et le soulève sans heurt ; il s'ouvre sur le côté gauche et le liquide dans lequel j'ai baigné depuis mon endormissement se vide sur le sol. Je me lève lentement, consciente de la faiblesse de mes muscles. Un pied, et je m'assure qu'il adhère et ne glisse pas. Je pose le second et me redresse. L'exercice m'est difficile, je sens la lourdeur de mon corps et ma frêle constitution. J'avance d'un pas et regarde alentour. Trois caissons. J'en ai quitté un et les deux autres renferment encore des corps en stase. L'infirmerie. Je me souviens maintenant de la raison qui m'y a emmenée.Je sens mon ventre se contracter et une forte douleur me traverser. J'approche vite du premier caisson et appuie sur un bouton de sa console de contrôle. J'entends le liquide nutritif s'écouler alors que je m'approche du second. À nouveau, une contraction au bas-ventre me secoue. Je me fige sur place. L'envie me prend de hurler. Je me retiens ; je sais que personne n'entendra mes complaintes. Je me suis réveillée trop tôt. J'ai encore besoin de temps. Que l'on me vienne en aide ! Je me traîne jusqu'à mon caisson ouvert et m'y assois, tante de réguler au mieux ma respiration, de ne point céder à la panique. J'envoie mon regard à la recherche d'un quelconque matériel dont je pourrais user, mais il fait trop sombre, et les contractions recommencent. Je me souviens que j'en avais déjà de fortes à ma venue, et maintenant, je sens le bébé prêt à sortir, mes voies dilatées. Je n'ai qu'à le faire, seule. Je suis trop faible pour pousser.Les lumières semblent s'étendre au loin, devenir floues par moments et faner jusqu'à se dissoudre dans l'obscurité. * Lumière.Une vive lumière m'éblouit et mes yeux tardent à s'y adapter. Le chemin est plongé dans la brume ; je n'en distingue en rien les bords, ni la longueur. J'avance pourtant, d'un pas sûr. Le soleil se lève tout juste et sa lumière est si vive qu'elle transforme le brouillard, déjà bien opaque, en une mousse ignée. La blancheur est tout ce qui m'entoure. L'humidité est forte et crée une froideur agressive. Je la sens sur mon visage, sous ma capuche. Je cache mes mains dans les longues manches de ma bure, et j'avance. * Où suis-je ?Je m'attarde sur cette pensée. Je sens des présences autour de moi, leur bienveillance me réconforte. Je ne sens plus mon corps. * Où suis-je ?La brume se dissipe. Le soleil continue sa course et je continue la mienne. Il s'élève haut dans le ciel et je m'avance, confiante, sur un chemin qui semble se recréer sous mes pas. * Qui suis-je ?J'entends cette pensée, telle venant des profondeurs de mon âme. Pourtant, je sais ne point en être la source ; une nouvelle présence autour de moi. Je me surprends à ressentir un vif amour envers cette entité. * Qui es-tu ?Un visage fend la brume ; pur, jeune, lumineux. Elle me regarde d'yeux béats et esquisse un sourire sublime. Je pose un genou à terre, viens à son niveau et l'admire longuement. Je me sens lui appartenir, sens une force me lier à elle et m'amener à désirer la protéger. * Lumière.Je suis de nouveau éblouie par une forte luminosité. Mes yeux s'ouvrent d'un coup et scrutent autour de moi, à la recherche d'un repère. Je me sens perdue entre deux mondes. L'infirmerie brille d'un blanc éclatant. Et je la vois. * Je te vois !Mon exclamation semble la réjouir. Elle sourit et son sourire me réchauffe le cœur. Je me sens vivre en elle, joyeuse à la voir ainsi. J'ouvre mes bras, elle s'y précipite et je l'enlace. Elle me serre et pose sa tête sur ma poitrine. Mon cœur bat très fort. * Je tends mes mains et l'y accueillis. Elle est enroulée dans un tissu en coton blanc d'où seul son visage paraît. Elle sourit et me regarde de grands yeux globuleux. J'y perçois une grande lumière, une grande intelligence. Je la serre contre moi et pose un léger baiser sur son front. * La brume s'est entièrement dissipée. Le chemin me paraît escarpé, rocailleux, fin et craquelé par bien des endroits, suspendu sans rien dans un ciel bleu immaculé. Au loin, une grande muraille en terre s'étend à l'infini, et à son centre, l'immense embrasure d'une porte. Tu y arriveras.Je conçois cette pensée indépendamment de toute volonté. Et en même temps, l'entends. * Elle serre mon petit doigt de toute sa main. * Elle se blottit dans mes bras. * – Aurore. - Citation :
- La suite dès que possible.
Dernière édition par Jahus le Mer 7 Aoû - 23:37, édité 1 fois | |
| | | Den Bouffon du Roi
Messages : 5101 Date d'inscription : 09/09/2007 Age : 42 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Sam 1 Déc - 17:21 | |
| Je ne pourrai lire ton petit texte aujourd'hui. Mais ce sera fait très bientôt. | |
| | | Minos Lapinou Imperator
Messages : 5934 Date d'inscription : 17/08/2007 Age : 50 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Sam 1 Déc - 21:51 | |
| J'aime bien, c'est du texte d'ambiance sympa et mystérieux.
Vivement la suite ! | |
| | | Jahus Eru
Messages : 134 Date d'inscription : 15/11/2012 Age : 35
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Sam 26 Jan - 16:41 | |
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Dernière édition par Jahus le Jeu 8 Aoû - 1:04, édité 1 fois | |
| | | Jahus Eru
Messages : 134 Date d'inscription : 15/11/2012 Age : 35
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Sam 26 Jan - 23:02 | |
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Dernière édition par Jahus le Jeu 8 Aoû - 1:02, édité 1 fois | |
| | | Minos Lapinou Imperator
Messages : 5934 Date d'inscription : 17/08/2007 Age : 50 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Dim 27 Jan - 10:45 | |
| Projet intéressant, mais je crois qu'on y verra plus clair quand il y aura plus de matière ! Tu ne postes pas assez souvent, je n'ai pas trop ton univers en tête pour le moment. À force, ça viendra... | |
| | | Den Bouffon du Roi
Messages : 5101 Date d'inscription : 09/09/2007 Age : 42 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Mer 19 Juin - 19:23 | |
| Salut Jahus!
Je trouve ton texte sympa, mais c'est trop court pour que je puisse me faire une idée plus précise de ce que va être ton univers. En gros, je rejoins l'avis de Minos.
Mais je sens qu'il y a matière à faire plein de bonnes histoires.
J'attendrai donc la suite avec impatience! | |
| | | Jahus Eru
Messages : 134 Date d'inscription : 15/11/2012 Age : 35
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Mer 7 Aoû - 23:35 | |
| Aube
Je fus là pour accueillir la première aube de cette humanité nouvelle. Je titubai jusqu'à la paroi du cockpit et y posai mes petites mains frêles pour regarder les derniers rayons d'une lune éclatante au-dessus d'un ciel orangé.
Quatre ans. Je vivais depuis seulement quatre ans.
Ma mère était encore crispée sur les commandes du petit navire qui nous emmena vers cette Nouvelle Terre. Je me tournai vers elle, les yeux étincelants de joie ; nous avions réussi. Elle aussi était au comble du contentement.
– Aurore !
Elle prononça mon nom avec jouissance et ses lèvres esquissèrent un léger sourire. Et je vis ses yeux ; je n'avais jamais décelé chez elle une telle expression ; assurément se sentait elle ainsi car nous étions sauves, loin du danger.
Je pris sa main tendue vers moi et ressentis cette joie qui l'animait. Et derrière tout cela, en un fragment de Temps, bien qu'elle fît de son mieux pour le cacher à mon ressenti, je vis autre chose ; cette même expression que je lus sur son visage quand nous quittâmes le vaisseau-mère.
Elle comprit que son inquiétude m'était parvenue et serra plus fort ma main dans la sienne. Elle se dirigea vers la soute du navire et je l'y suivis. Là, elle y avait entreposé deux caissons.
Aussi loin que remonte ma mémoire, et celle-ci remonte aux premiers jours de ma vie, ma mère allait rendre visite à deux caissons de cryogénisation, situés à quelques niveaux du pont principal. Elle y passait énormément de temps ; en fait, tout le temps dont elle disposait et où elle ne s'occupait pas de moi. Je me souviens que je m'y rendis un jour ; je la suivis au pas alors qu'elle y allait me pensant endormie. Elle s'asseyait en tailleur devant les deux longs tubes en verre bleuté et parlait. Je pense cela car c'est ce qu'elle faisait ce jour-là ; et c'est ce qu'elle continua à faire tous les jours depuis. Elle parlait et il lui arrivait tout aussi souvent de pleurer, les mains sur les genoux comme si elle méditait, et les larmes coulant à flot sur son visage.
Je ne voulus pas la déranger. Je savais respecter les émotions qu'elle ressentait, même celles qui m'étaient étrangères. Et j'avais toujours su échapper à sa vigilance, et quand elle se rendit compte de ma présence, j'étais moi-même assise en tailleur, à deux de ses pas derrière elle. Elle ne broncha pas. Elle me sourit tendrement et je me levai et partis la rejoindre. Je m'assis sur ses genoux ; elle ne changea rien à son habitude. Et de ce jour, j'avais moi aussi des moments où j'allais avec elle rendre visite à Papa et à mon frère.
Et quand nous sûmes que nous devions quitter le vaisseau-mère, ils furent la seule chose qu'elle pensa emmener. Eux ; notre seule famille, et un caisson vide.
Désormais, nous étions seuls, livrés à nous-mêmes, sans aucun endroit où aller.
Cette histoire que je vous conte est celle des premiers jours de l'humanité nouvelle ; et elle n'est pas différente de la mienne car moi-même je ne suis pas différente de cette humanité qui fut absente à ma naissance.
Je suis né alors que l'humanité était endormie. Et j'ai dormi à ses premiers pas.
Sur le vaisseau-mère, nous avions élu domicile sur le pont principale, devant des écrans qui affichaient constamment des informations que ma mère qualifiait de vitales ; d'ailleurs, à mon réveil, je la trouvais souvent assise à les observer. Mais elle n'y restait jamais après qu'elle sût que je quittasse le sommeil. Elle avait beaucoup à faire avec moi et quoi qu'il en soit, il n'y avait rien à faire car ceux-là n'étaient que des écrans.
Elle m'a appris à parler et à marcher et s'est étonnée de la facilité et de la rapidité avec laquelle j'apprenais. Elle disait que les autres petits d'humains étaient différents de moi et que j'étais très différente d'eux. Moi, je me souviens de son premier regard et de ses premières pensées. Celles-ci, j'ai peu à peu cessé de les entendre, sauf quand elle le désirait. Et quand je le désirais moi-même, je savais lui communiquer les miennes. Elle m'a alors appris à m'écouter moi-même, à accueillir le flot qui venait du plus profond de ma personne et à me connaître.
Les autres humains, eux, dormaient d'un sommeil sans rêve. Quand je rêvais, moi, je longeai souvent un chemin argenté traversant un ciel blanc et lumineux. Le ciel ; je n'en avais jamais vu, autre que dans mes rêves et c'est ma mère qui l'avait appelé ainsi quand je lui montrai mes souvenirs.
Certains jours, elle me demandait de ne pas essayer de sonder ses pensées car celles-ci, comme elle le disait, étaient intimes. Et à d'autres moments, elle avait peur que je les sondes car elles étaient tournées vers l'Ancienne Terre. D'après elle, c'est l'endroit d'où vient l'humanité. Elle m'expliqua alors que cette humanité avait craint un grand danger et que c'est pour cela qu'elle avait envoyé des milliers de ses représentants au loin ; pour survivre. Par peur ou par sagesse, elle avait décidé de leur offrir une vie nouvelle, débarrassée de tout ce qu'elle a accumulé au fil du Temps. C'était une volonté suprême que ma mère respectait et m'avait apprise à respecter.
Elle disait qu'une vie nouvelle s'offrait à nous et que cette expérience devait être livrée à elle-même. Elle m'avait pourtant parlé des sciences et des connaissances qu'avait acquises l'humanité. C'était, selon elle, la seule chose qui méritait d'être retenue et préservée. Et elle avait aimé quand j'eus qualifié les milliers de tubes cryogéniques d'éprouvettes. Nous étions les cobayes d'une expérience à grande échelle. Eux, peut-être. Ma mère et moi étions plutôt les premières expériences ratées. Et le reste allait bientôt suivre. Mais en tant que premières expériences ratées, nous avions la possibilité de fuir alors que les autres attendaient impassiblement l'inéluctable.
Derrière nous, ce jour-là, nous avions laissé un vaisseau au bord de la destruction.
Cela avait commencé au milieu de la nuit, alors que je rêvais du pont d'argent et qu'il se mit à vaciller et à se tordre. Je m'y cramponnais du mieux que je pouvais et entendais en moi une voix m'intimer de continuer à marcher.
Quand j'ouvris les yeux, ma mère me tenais dans ses bras et me serrais fortement contre sa poitrine. Je me souviens que je m'étais mis à écouter battre son cœur et il battait très fort. Elle avait peur et, comme moi, pressentait que quelque chose allait arriver.
Elle me berçait dans ses bras et fredonnais la même mélodie qu'elle me chantait pour m'endormir. C'est alors que des bruissements étranges traversèrent la coque. Elle me souleva quand elle se leva elle-même et commença à marcher et à tourner dans la pièce. Elle regardait par moment les écrans pour y chercher une réponse à ce qui se passait ; mais rien n'y paraissait.
Nous sommes arrivés, entendis-je dans sa pensée.
Mais cette pensée apaisante ne tarda pas à laisser place à une nouvelle confusion. Le couloir qui partait du pont sembla à un moment se tordre puis s'allonger et les bruits provenant de la coque revinrent.
Sur les écrans, une ligne d'avertissement s'ajouter aux lignes vertes habituelles, et, soudain, nous ressentîmes toutes deux un hurlement de terreur ; fait des cris réunis de tout ce qui vivait sur le vaisseau.
Le voyage porte à sa fin.
Elle me serra fortement contre elle, comprenant que j'avais reçu sa pensée et son désespoir. Mais c'est là qu'elle prit conscience de notre position.
Pour nous, il ne fait que commencer.
Elle se mit alors à marcher puis à courir en me serrant encore plus fort. Les couloirs se distordaient mais elle courrait droit et vite. Et ils raccourcissaient puis s'allongeaient à nouveau. Le son devenait lourd puis tirait vers les aigues ; c'en était assourdissant.
Nous arrivâmes à un petit hangar à vaisseaux. Il n'y en avait qu'un petit ; une boule noire en guise de cockpit et une coque effilée et courte.
Mon rayon de lumière, me communiqua ma mère en pensée.
Une rampe sortit du vaisseau à notre approche. L'intérieur était sombre et ça changeait de la lumière constamment tamisée des couloirs. Ma mère me posa sur un siège puis tapota sur les consoles de contrôle ; le cockpit s'éclaira. Elle vint se mettre à mon niveau comme à chaque fois qu'elle me parlait solennellement.
– Aurore, attends-moi ici. Je reviendrai avant ton départ. Je reviendrai.
Et elle m'enlaça et m'étreignit. Elle se mit alors à courir et je me tournai vers les commandes. Elle avait programmé le départ ; au moment même où le vaisseau-mère sortirait de l'hyperespace, son petit rayon de lumière s'extrairait du hangar et filerait droit sur la Nouvelle Terre.
J'eus peur et le temps passa lentement. Je me focalisai sur sa pensée et recevais des fragments de ce qu'elle ressentait, recevais des bribes d'images qu'elle voyait. Elle rejoignit les deux caissons ; nos deux caissons, et les détacha de la paroi. Ils avaient un système de répulsion qui les gardait à un pied du sol et furent faciles à transporter. Elle fit aussi vite qu'elle le pu.
Et toute la coque semblait encline à se fissurer et à s'émietter. Ma mère m'envoyait par moments des pensées réconfortantes et je faisais en sorte de lui paraître calme et patiente.
Je regardais les écrans ; ils étaient branchés sur le système principal et affichaient un long tunnel à la paroi azure bariolée de lumières blanches ; le tout tournoyait vite. Je les fixai et ma pensée se dissolut. Le temps passa sans que je n'en eusse conscience. La peur et l'inaction m'avaient paralysée.
Le bleu se fendit et s'écarta pour laisser place à un noir profond, criblé d'étoiles scintillantes. Et de beauté ; une étoile au loin à l'allure orangée, des astres errants reflétant sa lumière flottaient çà et là. Et je repris le contrôle de ma pensée.
Et je criai en moi.
Et je criai fort.
Maman !
Le vaisseau se mit en branle et je fus prise de panique. Je me tournai promptement pour courir et me heurter à la rampe relevée du navire. J'avais sans doute dans l'espoir de la retrouver. Et en moi, je fis l'effort de me reprendre quand je sentis sa main se poser sur mon épaule. Elle était là, derrière moi.
– Maman !
Je criai cela et me blottis contre elle, serrant ses jambes dans mes bras.
– Je suis revenue, Aurore. Je suis là, me dit-elle d'un air paisible et réconfortant. Nous sommes tous là, ajouta-t-elle d'une voix tremblante et allègre.
Elle vint s'asseoir à ma place et me tint sur ses genoux. La verrière offrait le même spectacle céleste que les écrans de contrôle. Je pensai au vaisseau-mère, à ce qui devait se passer à l'instant où j'y réfléchissais.
Je sondais l'esprit de ma mère à la recherche d'une réponse et je l'y trouvai vite car elle aussi en était préoccupée. Le générateur d'énergie principal du vaisseau-mère avait une défaillance qui allait causer son explosion. Et le générateur était immense.
Nous sommes tous là, pensai-je et l'étreinte de ma mère se resserra.
Notre vaisseau alla à toute vitesse et une planète toute aussi orange que l'étoile qui régnait sur le système grossissait à vue d'œil. Et nous nous approchâmes d'elle et fendîmes son atmosphère, et celle-ci faisait des étincelles bleutées tout autour du cockpit.
– Ce sont des farfadets, m'avait dit ma mère.
Je ris et le sol orangé s'approcha à toute vitesse. Et il était de plus en plus sombre. Ma mère magnait le manche à balai fixé sur le siège et faisait de son mieux pour stabiliser le vaisseau. Quand nous étions assez proches du sol, nous continuâmes à planer longuement.
Jusqu'à l'autre côté de la planète, pensait ma mère et elle se le répétait en observant la carte.
Le sol était désormais très proche et notre vitesse baissa. Le vaisseau fit demi-tour alors qu'il atterrissait. Il faisait nuit sombre, et je fus là pour accueillir les premières lueurs du soleil.
Je fus présente pour accueillir la première aube de l'humanité.
Nous étions saufs.
Ma mère resta à mes côtés après avoir vérifié l'état des caissons de cryogénisation. Une immense lumière éclaira le ciel, bleue à son début – et nous fîmes éblouies – puis en un halo rouge qui me fit frissonner. Et une lueur blanche traversa le ciel loin à l'horizon et s'écrasa sur Terre. Ce fut alors l'explosion.
Ni moi ni ma mère ne pensions à ce qui allait suivre ; au fait que nous allions survivre à une nouvelle humanité étouffée dans son sommeil. Nous restâmes seulement à regarder l'explosion. Une forte lumière bleue nous éblouit, et elle fut suivit d'un bruit sourd, bas et presque inaudible, et nous le sentîmes en nous et la terre parut en trembler.
Je m'affalai dans les bras de ma mère. Tout autour avait changé. Un brouillard blanc et immaculé régnait et le pont sur lequel je marchais semblait s'être stabilisé. Je n'ai aucune idée du temps que j'avais passé ainsi inconsciente. À mon réveil, j'étais allongé sur le siège de pilotage, et je la trouvai en tailleur dans la soute, entre les deux caissons.
Elle en avait préparé un troisième et me fit comprendre comment l'activer. Elle m'expliqua aussi que son petit rayon de lumière faisait lui-même office de station cryogénique ; et elle m'était destinée. Les pensées de ma mère visaient toutes à me réconforter, et y parvenaient ; tant que je n'arrivais plus à me représenter l'avenir trouble qui s'imposait à nous. La peur était dès lors bien loin.
Ils étaient tous entreposés dans la soute. La lumière y était forte. Ma mère s'accroupit puis mis ses genoux sur le sol. Elle me serra contre elle et ses pensées devinrent encore plus rassurantes et lourdes, si lourdes que plus aucune émotion ne parvenait à s'élever en moi. Tenant ma main, elle s'allongea sur sa couche et ses yeux s'ouvrirent grand pour m'admirer.
J'appuyai sur la série de commandes qu'elle m'avait désignée et le tube de verre se referma. L'intérieur se changea en un blanc opaque avant de redevenir limpide. Je la vis ainsi, figée dans ce dernier regard d'admiration qu'elle m'avait offert.
L'esprit encore alourdit par ses pensées, je ne pus atteindre aucune émotion. Et c'est dans cette ultime apathie que je rejoignis le cockpit, les portes de la soute se refermant derrière moi dans un léger murmure.
J'enclenchai la procédure de cryogénisation et vins au petit lit sortant d'une des parois du couloir. Allongée sur le dos, le corps détendu, je fixai l'étoile montante à l'horizon.
Le soleil était encore bas mais ses rais filaient le ciel de long en large, déversant sa lumière orangée sur la Nouvelle Terre. | |
| | | Minos Lapinou Imperator
Messages : 5934 Date d'inscription : 17/08/2007 Age : 50 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Ven 9 Aoû - 10:46 | |
| Mouarf, le début est confus dans ma tête. Je relis tout et je comme ! | |
| | | Minos Lapinou Imperator
Messages : 5934 Date d'inscription : 17/08/2007 Age : 50 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Ven 9 Aoû - 11:54 | |
| Voilà, j'ai lu. Comme d'habitude, des bouts d'histoire intriguants... et tu nous plantes là pour une durée indéterminée. Pour des textes d'ambiance comme celui-ci, tu pourrais faire l'effort de nous en donner plus à lire. Sinon, j'aime toujours autant le style, même s'il y a des coquilles et des incohérences dans les temps. | |
| | | Jahus Eru
Messages : 134 Date d'inscription : 15/11/2012 Age : 35
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie Ven 9 Aoû - 14:43 | |
| - Minos a écrit:
- Comme d'habitude, des bouts d'histoire intriguants... et tu nous plantes là pour une durée indéterminée.
Tu parles de toi ? Eh bien, mon problème, c'est que j'ai rarement le temps d'écrire. Ou même de lire. Du coup, je décroche et je me fais un petit texte pour me remettre dans le bain. C'est frustrant, je l'avoue. Je vais méditer sur ça. Pour les coquilles et incohérences de temps, je verrai ça dès que possible. | |
| | | Minos Lapinou Imperator
Messages : 5934 Date d'inscription : 17/08/2007 Age : 50 Localisation : Morbihan
| | | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Prémices du monde d'Énergie | |
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| | | | Prémices du monde d'Énergie | |
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