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 [Nouvelle]L'Ombre dans la forêt

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Titi

Titi


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MessageSujet: [Nouvelle]L'Ombre dans la forêt   [Nouvelle]L'Ombre dans la forêt Icon_minitimeDim 13 Oct - 19:29

(Nouvelle 3/9), voir ici.
L’ombre dans la forêt
 
22/10/2017
 
Les gens qui me connaissent bien savent que je suis plus que réticent à m’aventurer en forêt. Tout spécialement dans les plus lugubres d’entre elles. Les forêts ne sont pas des endroits sinistres ? Mais voyons, avez-vous déjà pénétré sous un couvert si épais qu’il masque les rayons du soleil et asphyxie toute la végétation près du sol. Vous êtes-vous déjà retrouver à marcher dans l’obscurité à midi sur un tapis de feuilles en décomposition, sans autre vie végétale que des lichens maladifs sur les troncs des arbres ? Les forêts cachent aussi des secrets ancestraux que l’homme ferait mieux de ne pas déranger.
Voici d’où me vient cette crainte des forêts et de ce qu’elles pourraient receler : tout à commencé il y a près de vingt ans. J’étais alors un jeune auteur à peine sorti de l’université et décidé à révolutionner la littérature contemporaine. J’ai bien entendu très vite déchanté et me suis reconverti dans le journalisme en attendant des jours meilleurs. Mon employeur de l’époque m’avait envoyé dans le village d’O… dans les Vosges pour un reportage sur les métiers de la forêt et leur survivance à une époque où 80% de la population française vivait en ville.
Ce village se trouve au fond d’une vallée menant à l’un des cols les moins fréquentés de la région. Tout autour, des forêts de sapins si épaisses que le soleil éclairait à peine le sol et où l’on se trouvait à contempler un parterre d’aiguilles et des troncs dénudés et maladifs, comme si une corruption rongeait les conifères de l’intérieur.
O… n’était pas une bien grande commune, même au regard des standards de la région. Il y avait cependant un hôtel où je résidais. De là, je partais à pied vers les exploitations forestières les plus proches ou bien j’utilisais ma vieille Citroën essoufflée pour gagner les points d’intérêt les plus éloignés. C’est au cours d’une de ces expéditions que je fis la découverte qui allait changer bien des choses dans ma manière de voir les choses.
Plusieurs retraités m’avaient narré une légende maintenant tombée en désuétude d’un monstre sanguinaire vivant dans les sombres recoins des forêts au pied du col. Ce Dévoreur fut adoré par des sorcières lors de sabbats innommables au cours des âges passés. Selon mes interlocuteurs, l’existence de ce monstre et de son culte est la raison principale pour laquelle ce col est le moins fréquenté de la région.
Je venais d’interviewer un groupe de bûcherons qui inventoriaient une parcelle à flanc de colline et repartais vers ma voiture. Je n’avais qu’une vingtaine minutes de trajet à effectuer, tout en descente. Quelque chose d’étrange attira alors mon attention. Le vent venait de changer de direction et une légère odeur de pourriture arriva à mes narines, accompagnée d’un faible bourdonnement. Intrigué, je me dirigeais au jugé dans la direction que je pensais être l’origine du bruit. Ma progression fut rapide car aucun buisson, aucune fougère ne poussait dans ce bosquet de sapins.
L’odeur devint vite insupportable et le bourdonnement grossit à son tour jusqu’à ce que je comprenne quelle en était la cause. Un nuage de mouches tournoyait autour du cadavre d’un animal. Certainement un cerf car je vis un bois émerger au niveau de ce qui devait être sa tête. Me bouchant le nez du mieux que je pus, je m’approchais encore un peu et faillit défaillir.
J’avais déjà vu des animaux morts, ayant accompagné des chasseurs et visité un abattoir mais ce que je contemplais était bien loin d’un trophée de chasse ou d’une carcasse accrochée à un croc. L’animal était atrocement mutilé, une de ses jambes manquait, une autre ne semblait être retenue au reste du corps que par un simple lambeau de chair. Ses flancs étaient éventrés, les côtes brisées en mains endroits. Et partout, ces mouches et leur incessant bourdonnement.
Luttant de mon mieux contre la nausée qui m’envahissait, je continuais mon examen et me demandait quel prédateur pouvait avoir causé de telles blessures. Elles étaient trop atroces et irrégulières pour être le fait d’un humain armé d’un instrument tranchant. Trop grosses pour un lynx et même un loup. Et puis ces animaux chassaient pour se nourrir. Pour autant que je pouvais le déterminer, l’infortuné cerf n’avait pas été dévoré. Ce ne furent ni mon ignorance ni l’odeur pestilentielle de la pourriture qui eurent raison de ma curiosité mais bien la sensation d’être épié ; que la… chose qui était à l’origine de ce terrible spectacle m’observait et n’attendait qu’une occasion pour fondre sur moi.
Je quittais donc précipitamment les lieux, trébuchant sur les racines et manquant de glisser plusieurs fois sur le tapis d’épines. Ce n’est qu’arrivé à mon véhicule que je me permis de reprendre mon souffle. Entre deux goulées d’air salvateur, je décidais de prévenir les autorités, elles pourraient certainement me renseigner, me rassurer.
Les gendarmes me rassurèrent effectivement. Pour eux, tout cela n’était autre que l’œuvre d’un lynx qui aurait ensuite été dérangé durant son repas. Ils admettaient à la rigueur que le fameux « loup des Vosges » aurait pu être impliqué mais comme personne n’avait jamais apporté une quelconque preuve de son existence… Ils m’affirmèrent qu’une battue serait lancée sans délai et que les gardes forestiers de l’ONF avaient reçu l’autorisation du préfet en personne d’abattre tout animal jugé dangereux pour la sécurité des usagers de la forêt.
Tout ce discours officiel ne me rassurait guère, car je voyais dans le regard de mes interlocuteurs qu’ils préféraient se rattacher à une réalité bien tangible qu’échafauder des hypothèses que d’aucuns aurait prises pour farfelues. Ce soir là, je ruminais mes pensées attablé à la terrasse du bar de mon hôtel.
Je parcourais du regard le journal local quand une voix aux accents distinctivement britannique se fit entendre près de moi. Elle appartenait à un homme au visage allongé et au regard empreint d’une curiosité mi-scientifique mi-rêveur.
« Vous savez, cher monsieur, je ne crois pas que votre gendarmerie arrivera à trouver cette créature.
– Je vous demande pardon ? dis-je, surpris dans mes réflexions.
– C’est vous qui avez découvert ce pauvre cerf aujourd’hui, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, les nouvelles vont vite dans un village si petit. Et j’ai aussi un intérêt particulier à suivre ce genre d’évènement.
– Seriez-vous journaliste, demandais-je alors ?
– Pas du tout. Je m’appelle Phillip Howard et je suis membre de la société britannique de cryptozoologie. La science qui s’intéresse aux animaux cachés. Comme ces fables autour d’un abominable homme des neiges ou votre mystérieux prédateur. »
Je ne pus cacher mon scepticisme et mon interlocuteur éclata de rire.
« Ah ah ah ! Rassurez-vous : je suis on ne peut plus terre à terre, je ne crois pas plus aux soucoupes volantes que le commun des mortels ! En fait, la plus grande partie de mon travail consiste à étudier le folklore et occasionnellement à débusquer des canulars. Mon intérêt pour votre histoire est donc légitime. Depuis le temps que vous êtes ici vous avez du entendre la légende du Dévoreur vivant au pied du col.
– C’est exact, lui répondis-je, curieux de voir où il voulait en venir.
– Et bien, je fais partie de ceux qui sont convaincus que toute légende a un fond de vérité. Il faudra que je vous parle un jour des mes recherches sur les chasses aux sorcières à Providence, aux États-Unis. Quoiqu’il en soit, votre… aventure d’aujourd’hui pourrait bien apporter une pierre à cet édifice.
– Mais je n’ai fait que trouver un cerf mort : il n’y avait pas de dents, griffes, poils ou traces de pas près de sa carcasse.
– Certes mais vous avez quelque chose de plus que les vagues récits que nous pourrions tirer des anciens de la région : un lieu précis. »
Joignant le geste à la parole, il déplia sous mes yeux une carte de la région sur laquelle il avait porté des annotations au crayon rouge. Le lieu de ma découverte y était lui aussi présent. Il posa son index dessus.
« C’est ici que vous avez découvert l’animal. Grâce à mes recherches, j’ai pu déterminer que d’autres carcasses avaient été découvertes il y a près de dix ans ici et là », m’expliqua-t-il en s’aidant de la carte.
« En parcourant les archives départementales, j’ai pu établir des lieux de rencontres probables en remontant jusqu’au 17ème siècle. Des paysans qui auraient entraperçu un animal étrange sur le flanc opposé de la vallée, des bruits qui ne pouvaient venir de loups ou d’ours… »
Il martela alors la carte pour souligner ces propos.
« Avec toutes ces informations, nous pouvons donc établir que l’animal et ses éventuels congénères résident très probablement dans cette zone. »
Il désigna un cercle tracé dans les lignes de niveaux délimitant la combe la plus resserrée au pied du col. Aucun chemin forestier ou de randonnée ne passait à moins d’un kilomètre. La carte indiquait pourtant la présence de ruines. Quand j’interrogeais Howard sur celles-ci, il me répondit que :
« Ce sont des abris datant de la Première Guerre Mondiale, alors que vos troupes et les allemands s’entretuaient pour les cols de la région. »
Emballé par les déductions de mon interlocuteur, nous décidâmes de lancer une expédition en cet endroit dès le lendemain. Howard cherchait avant tout à obtenir une preuve irréfutable de l’existence du Dévoreur : photographies, films, moulage d’empreintes de pas, échantillons de fourrure… À mes réticences à nous aventurer dans l’antre de ce prédateur inconnu, il répondit que l’animal était certainement nocturne comme la plupart des carnivores et que nous ne risquerions pas grand-chose. Il comptait tout de même emmener un fusil de chasse et me proposa un solide Colt 1911 qu’il tenait d’un de ses aïeux.
Je regagnais donc ma chambre, tout excité par les perspectives qui s’offraient à moi. Si seulement j’avais pu réfléchir à tout ça posément, j’aurais certainement pu faire remarquer à Howard qu’il n’était pas logique qu’en trois siècles il y ait eu si peu d’apparitions documentées de la créature. Lui-même en bon cryptozoologiste n’était pas sans ignorer qu’une population animale quelconque ne peut survivre à travers les âges qu’avec au moins une centaine d’individus de départ. Aujourd’hui, je n’ose encore imaginer ce qui se passerait si une centaine de ces choses se rassemblait en un même endroit…
Nous partîmes le lendemain en milieu d’après-midi alors que les battues lancées par la gendarmerie battaient leur plein. Lorsque nous abandonnâmes notre véhicule et que nous pénétrâmes le couvert végétal, je ne pus m’empêcher de vérifier que mon arme était toujours présente.
Mes craintes initiales s’avérèrent infondées car le pépiement des oiseaux nous accompagna durant une large partie du chemin. Après plusieurs heures de marche sur des sentiers qui tendaient à s’effacer, nous finîmes par arriver à notre destination. Les stigmates de la guerre étaient bien présents : tranchées à moitié comblées, restes d’abris en briques ou en tôle ondulée… Les points marqués sur la carte désignaient un groupe de trois blockhaus. Leurs portes avaient été arrachées depuis longtemps et l’aspect extérieur du béton montrait clairement les signes du passage du temps.
Nous approchâmes de l’entrée du premier bunker à pas feutrés, trop concentrés pour remarquer que les seuls sons alentours étaient dorénavant ceux que nous produisions. J’empoignais la crosse de mon arme tandis qu’Howard jetais un coup d’œil furtif par l’embrasure de la porte. Il me fit un signe de tête négatif et me désigna l’intérieur : le toit s’était effondré et des ronces poussaient avaient envahi la place disponible. Seuls des rongeurs auraient pu habiter ici.
La fouille du second blockhaus s’avéra elle aussi infructueuse. Mon compagnon avait l’air très déçu mais il ne baissa pas les bras pour autant et me signe de l’accompagner vers le dernier abri. Une odeur pestilentielle nous accueillit à la porte. Par terre, des tâches brunes qui ne pouvaient être que du sang séché. Nous touchions certainement au but.
Je m’efforçais de respirer profondément afin de calmer mon cœur qui battait la chamade. L’intérieur du blockhaus baignait dans l’obscurité. Howard attacha prestement une lampe torche sous son fusil de chasse et me donna un briquet pour m’éclairer au cas où nous serions séparés. Enfin, il me fit signe de le suivre avec l’appareil photo. J’obéis à contrecœur mais une fois qu’Howard eut le dos tourné, je le remis vite en bandoulière afin de brandir librement ma propre arme à feu.
Le faisceau de la torche n’éclaira d’abord qu’une ruine comme les précédentes ; puis, dans une des pièces, nous découvrîmes un escalier étroit. Howard le descendit prudemment. Je le suivais toujours tout en essayant de temps en temps de discerner un signe avant-coureur de danger dans les ténèbres qui se refermaient derrière nous.
Nous finîmes par rencontrer une nouvelle odeur qui venait se superposer à l’odeur de charogne. Il s’agissait clairement d’une odeur de produit chimique. Le feu qui envahit nos voies respiratoires nous apprit que ce n’étaient certainement pas de l’essence. L’odeur provenait d’une grande pièce où étaient entreposé plusieurs dizaines de fûts rouillés. Certains laissaient échapper un liquide verdâtre à l’origine de nos maux. Ce liquide formait une mare recouvrant le sol de l’entrepôt. Je ne pus déchiffrer les inscriptions allemandes à demi-effacées sur les fûts mais je n’en avais pas besoin pour déterminer la nature et la létalité de ce produit.
Howard était arrivé à la même conclusion que moi :
« Des précurseurs de gaz toxiques. Pas la peine de s’attarder », me chuchota-t-il.
En quittant la pièce, je sentis un très léger courant d’air sur mon visage. Il ne provenait pas de l’entrée du blockhaus mais du fond du couloir où nous nous trouvions. Je fis donc signe à Howard de se diriger dans cette direction. Je ne pourrais dire comment mais je savais que nous touchions au but.
La pièce d’où provenait ce courant d’air s’ouvrait sur un abîme insondable. Un trou béant que la lampe torche de mon compagnon ne pouvait illuminer trônait au milieu de ce qui avait du faire office d’entrepôt quelconque. L’odeur de pourriture qui me donnait la nausée depuis notre entrée en ces lieux maudits était plus forte que jamais et prenait clairement son origine dans cet abysse. Des tâches de sang séché couraient de l’entrée au bord du trou et se perdaient dans les ténèbres, comme si des corps y avaient été entraînés. En parcourant machinalement les murs de la pièce du regard je remarquais une inscription gravée maladroitement dans le béton de la paroi. Aujourd’hui encore je ne peux dire quelle en est la langue ni sa signification mais la forme des signes et la manière dont ils avaient été creusés avait quelque chose d’impie qui me fit frissonner. Comme si un animal avait utilisé ses propres griffes pour écrire un message.
Tout à coup un bruit se fit entendre dans le couloir que nous avions emprunté pour venir jusqu’ici. Howard fit immédiatement volte-face et se mit en position de tir à l’entrée de la pièce. Quand à moi, je brandis fermement mon pistolet, espérant que mes mains ne trembleraient pas au moment fatidique. Tout à nos recherches, nous n’avions à aucun moment envisagé que la créature pourrait surgir dans notre dos. Pire, qu’elle pourrait nous avoir laissés entrer dans sa tanière pour mieux nous prendre au piège. Je n’ose penser aux implications de cette dernière option.
Nous entendions maintenant un bruit de pas feutrés. Le but de notre quête était tout près. L’attaque fut foudroyante : un hurlement à vous glacer les sangs, une tâche indistincte dans le faisceau de la lampe torche, deux brèves détonations du fusil de chasse et je fus projeté à terre par un choc violent.
Par chance, je me trouvais près de l’embrasure de la porte. Howard avait quand à lui été projeté vers l’intérieur de la pièce, près du rebord de l’abîme et la créature était maintenant sur lui. Il luttait sauvagement avec la crosse de son fusil pour l’empêcher de porter le coup fatal. Sans réfléchir je vidais mon chargeur dans le dos du monstre, espérant le détourner de mon compagnon d’infortune et je pris mes jambes à mon coup.
Ma tactique n’avait que trop bien fonctionné car j’entendis un nouvel hurlement et un bruit de course derrière moi. Je n’osais remonter les escaliers, sachant que je ne battrais jamais cette chose à la course, aussi je m’engouffrais dans l’entrepôt des produits toxiques, espérant trouver au moins une cachette sinon gagner le temps nécessaire pour recharger mon arme. À l’intérieur je trouvais un abri de fortune derrière un tonneau près de l’entrée et je lançais mon appareil photo dans la mare de produits toxiques. Ce fut certainement ce dernier geste et la pénombre qui me sauvèrent car lorsque la créature rentra, elle se dirigea vers l’origine de ce bruit.
Ses pattes produisaient un clapot alors qu’elle me cherchait. J’avais rechargé mon arme mais pas réarmé. Cherchant un autre moyen de gagner du temps, je me souvenais du briquet que Howard m’avait donné. Je l’allumais et à l’instant où la bête comprit son erreur et se tourna vers ma cachette, je le lançais dans la mare toxique.
Le liquide s’enflamma instantanément. La créature qui en était aspergée prit feu elle aussi. Je courus vers la surface alors qu’elle se débattait, en proie à l’agonie. J’étais à peine arrivé en haut de l’escalier que j’entendis ses hurlements de douleur alors qu’elle arrivait au pied des marches. Je pris cette fois le temps de viser et je tirai mes dernières balles en m’efforçant de faire compter chacune d’entre elles. Le Dévoreur montait marche à marche en se tordant de douleur. Chaque balle semblait le stopper mais toujours il repartait de plus belle. Les flammes qui dévoraient son corps lui donnaient l’air de quelque démon infernal. Sa forme ne me rappelait aucun animal connu et aujourd’hui encore je me dis qu’elle avait quelque chose d’anthropoïde, une chimère entre un grand félin et un primate dégénéré.
Il ne lui restait que quelques marches avant que ses griffes soient à portée de moi et j’avais épuisé mes munitions. Cherchant désespérément une arme, je brandis un bloc de béton qui s’était détaché d’un mur et l’envoyait de toutes mes forces sur la créature. Par miracle je la touchais au visage. Elle perdit l’équilibre et roula jusqu’au bas des marches. Elle fit mine de se relever mais retomba et son corps fut définitivement englouti par les flammes.
Je quittais ce lieu maudit alors que l’incendie atteignit les tonneaux et produisit une explosion qui ébranla l’abri. La combinaison de la chaleur intense et de l’épaisse fumée toxique m’empêcha de redescendre à la recherche d’Howard. Je choisi donc de partir prévenir les secours. Il était malheureusement déjà trop tard pour le cryptozoologue : le Dévoreur avait eu raison de lui alors je tirais mon premier chargeur. Le pauvre homme ne pourra pas connaître la même déception que moi suite aux résultats des analyses pratiquées sur les cendres de ce monstre. Le rapport de la gendarmerie et les experts appelés en renfort établirent qu’il s’agissait d’un lynx de bonne taille que le contact avec les produits toxiques avait muté en un animal extrêmement agressif.
Des unités militaires spécialisées furent appelées pour débarrasser les lieux de ce qui restait des fûts de produits chimiques, une messe fut célébrée en l’honneur d’Howard le dimanche suivant et la vie reprit son cours dans ce petit village. Plus aucune attaque ne survint depuis ce jour et aucun signalement d’une créature similaire ne fut rapporté. Personne non plus parmi les dizaines de personnes qui avaient pénétré dans le blockhaus à notre suite n’avait remarqué le trou béant dont j’ai parlé. Sans doute y avait-il eu un éboulement quand les futs explosèrent.
À l’époque je fus largement satisfait des explications qui me furent données. J’ai pourtant revu mon jugement depuis car la famille d’Howard m’a donné accès à ses travaux. Et ce qui j’y ait vu – ou cru discerner – à mis à mal ma raison.
Car au milieu de ses notes sur le yéti, la théorie de la Terre creuse, les civilisations englouties d’Atlantis, de Mu et de Lémurie, j’ai découvert plusieurs éléments que je ne pourrais jamais oublier : des photographies d’une écriture inconnue prises dans les  montagnes de Nouvelle-Guinée il y a près d’un siècle par des scientifiques allemands. La même écriture qui était gravée sur les parois du bunker. Mais il y avait surtout ces photos de bas-reliefs primitifs qui représentaient des humains en adoration devant diverses créatures : une chimère à tentacules et surtout, surtout : une représentation stylisée mais indiscutable du Dévoreur que nous avions affronté au fond de la forêt Vosgienne.
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