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 [Nouvelle] Il était une fois dans les Black Hills

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2 participants
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Titi

Titi


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MessageSujet: [Nouvelle] Il était une fois dans les Black Hills   [Nouvelle] Il était une fois dans les Black Hills Icon_minitimeDim 13 Oct - 19:39

Nouvelle 9/9, voir ici.


Il était une fois dans les Black Hills
 
08/09/2018
Edition le 21/10/2018
* * *
 
Un mouvement de panique s’empara de Pete lorsqu’il ouvrit les yeux. Le soleil était beaucoup trop haut dans le ciel, pourquoi ne l’avait-on pas réveillé comme convenu pour assurer son tour de garde ? Rob et Nate avaient-ils été pris par surprise durant la nuit ? Mais dans ce cas, il se serait réveillé face au canon d’un fusil. Comme ce n’était manifestement pas le cas, il se calma un peu et tourna la tête.
Rob lui tournait le dos, affairé près du feu de camp mourant. Portant son regard vers la lisière de la clairière, Pete constata que les chevaux étaient toujours attachés aux pins. Nate manquait à l’appel en revanche.
« Bon sang Rob, pourquoi tu m’as pas réveillé bougre d’andouille ?
– J’avais pas sommeil et puis on a eu aucun signe de poursuite en quatre jours. J’pense que t’as mérité un peu de repos, t’es vraiment un sacré guide. Nate dit que ce sera pas de la tarte de trouver notre chemin dans ces montagnes.
– D’ailleurs où est-il celui là ? Occupé à se faire beau encore une fois ? Qui espère-t-il impressionner ? Une ourse peut-être ? » grommela Pete en s’asseyant.
Il accepta volontiers la gamelle de haricots que lui tendit son comparse ainsi qu’une timbale de café. Le breuvage était tiédasse et pas assez fort à son goût mais il acheva de le réveiller. Un coup d’œil discret sur la gauche du feu de camp lui apprit que le coffret était toujours là, bardé de ses chaînes et des deux cadenas comme depuis leur départ précipité de Snake Gulch.
La main de Pete se porta à sa poitrine et il sentit sa clé, toujours là sous sa chemise. Rob le vit et sourit.
« On en a plus pour longtemps de ce p’tit jeu. Avec ma part j’pourrais me trouver un petit lopin de terre tranquille dans l’Oklahoma et faire pousser mes légumes, expliqua-t-il en tripotant machinalement la clé qui pendait autour de son cou.
– Pitié, pas l’Oklahoma… Tu nous rabâches les oreilles avec ça depuis que Nate a proposé le plan. Et où est-il donc passé alors ?
– L’est allé chercher de l’eau dans le ruisseau à côté. Il devrait pas tarder. »
Pete accepta les explications de son complice et se consacra à ses haricots. Il avalait distraitement sa nourriture, le regard attiré malgré lui vers le spectacle qu’offraient les aiguilles de pierre visibles au-dessus de la cime des arbres, comme si elles transperçaient la forêt.
Il avait à peine fini que Nate arriva au camp, les bras chargés de gourdes remplies à ras-bord. Il était un parfait contraste des deux autres : là où Pete et Rob s’habillaient et se comportaient comme les mercenaires et voleurs qu’ils étaient, Nate cultivait une haute image de lui-même et choisissait des vêtements d’une coupe correcte, à défaut d’être à la mode. Il entretenait aussi sa fine moustache avec un soin méticuleux.
Pete n’avait jamais apprécié le maniérisme du personnage mais il leur avait toujours proposé de bons plans et son apparence plus distinguée les avaient plusieurs fois aidés à commettre leur larcin sans se faire remarquer.
« Bien réveillé, Pete ? Le héla Nate.
– Comme tu le vois, répondit l’intéressé. Aucun signe de poursuite ?
– Toujours aucun, répondit-il en déposant les gourdes par terre. Tu nous disais que tu connaissais cette partie des Black Hills comme ta poche, et bien je te cois maintenant.
– Alors on pourrait… procéder au partage non ? intervint Rob. Je veux dire, autant se séparer maintenant, cela compliquera d’autant la tâche de nos poursuivants, si y en a.
– Ça me va, répondit Pete.
– Alors, allons-y, conclut Nate. Messieurs, sortez vos clés ».
Et Nate de brandir la sienne.
 
* * *
 
Rob détenait la clé du premier cadenas. Une fois la serrure ouverte, il récupéra la chaîne qui enveloppait le coffret et empêchait l’accès au second cadenas, celui de Pete.
Rob était natif de l’Illinois et les rares bons souvenirs de son enfance se passaient dans la ferme de son grand-père. La vie qu’il menait n’était qu’un moyen pour parvenir à ses fins. Après tout, si tous ces richards se pavanaient avec des fortunes sur eux et ne prenaient pas la peine de se protéger convenablement, pourquoi n’aurait-il pas droit lui aussi à sa part du gâteau ?
Leur irruption dans la banque de Snake Gulch avait confirmé ses opinions : l’unique coffre était un modèle à moitié rouillé et ne contenait que quelques montres en or, une pile de pièces d’argent et des papiers. Fidèles à leur habitude, ils n’avaient pris que ce pourquoi ils étaient venus, à savoir le coffret déposé le mois dernier par ce hollandais pète-sec arrivé tout droit de Frisco avec son costume trois-pièces.
Pete enlevait à son tour la seconde chaîne, libérant l’accès à la serrure du coffre proprement dite et à la clé de Nate. Rob appréciait sa capacité à s’informer des meilleurs coups possibles. Grâce à lui, le trio avait réussi pas mal de casses, arrivant toujours au bon endroit et au bon moment. Ce larcin était le dernier, la paye escomptée devrait permettre à chacun d’entre eux de se retirer du métier dans un coin où personne ne les reconnaitrait. Pour Rob, ce coin se trouvait dans les plaines de l’Oklahoma. De la bonne terre, guère de peaux-rouges et la civilisation assez proche mais pas trop. L’endroit idéal pour une ferme aussi tranquille que celle de son grand-père.
Nate s’était penché à son tour sur le coffret et approcha solennellement sa clé. Rob retint inconsciemment sa respiration. Le déclic tant attendu se produisit et Nate souleva lentement le couvercle. Il resta figé.
« C’est vide les gars, annonça-t-il.
– Quoi ? s’écrièrent les deux autres.
– Le coffret est vide, regardez. »
Et il leur montra l’intérieur. Le coffret était tapissé d’un épais tissu rouge écarlate. Aucun objet ne s’y trouvait.
« J’en étais sûr, c’est une embuscade ! » Prévint Pete en se tournant vers l’extérieur, révolver au poing. Il se calma vite, la clairière où ils avaient établi leur campement était toujours aussi calme. L’un des chevaux les regardait, intrigué par leurs cris.
« Mais enfin, on n’a pas quitté le coffret des yeux depuis qu’on l’a eu ! Se plaignit Rob.
– Je suis d’accord avec toi mais ça ne ramènera pas son contenu, énonça tristement Nate. Les gars, nous nous sommes fait doubler.
– Doubler ? Il n’y avait qu’un seul coffret à la banque et nous sommes tous prêts à jurer qu’il était plein ! Rétorqua Pete, reprenant part à la conversation.
– Alors quelqu’un l’aura échangé pendant qu’on regardait ailleurs, suggéra Nate.
– Mais comment ? Demanda Rob. Il y a toujours eu l’un de nous devant !
– Minute, Rob, intervint Pete. Et la nuit dernière, tu m’as laissé dormir au lieu de me réveiller pour mon tour de garde. Tu es certain de ne pas t’être assoupi devant le feu de camp ?
– Oui je suis sûr, je…
– Comment ça, tu n’as pas refilé la garde à Pete ? Lui demanda Nate.
– Mais on était tous d’accord pour dire qu’on nous suivait pas !
– C’était pas une raison, pauvre idiot ! Gronda Pete. Et maintenant quelqu’un d’autre se balade avec notre butin ! Par ta faute !
– Mais non ! J’ai pas dormi, j’le jure ! »
Pete poussa un hurlement et asséna un coup de poing magistral à Rob. Ce dernier tomba à la renverse. Nate essaya de calmer le jeu.
« Arrêtez, vous deux ! Si Rob dit qu’il ne s’est pas endormi, je le crois. Et toi Pete, tu ferais bien de te calmer ! Je trouve que tu as été bien prompt à accuser Rob.
– Quoi ? Qu’est-ce que tu insinues, espèce de dandy à la noix ?
– Qu’au lieu de pioncer comme un prince tu aurais pu assurer ton tour de garde ! Si tu étais si fatigué, tu n’avais qu’à prendre le premier et pas ronfler à réveiller les morts !
– Arrête ça tout de suite ! »
Rob s’était relevé durant cet échange et avait sorti son arme. Voulant faire taire ces deux braillards, il s’interposa entre les deux.
« Stop ! Fermez-là ! Tous les deux !
– Tires-toi d’ici j’ai dit ! » S’écria Pete en l’empoignant.
Cette fois Rob ne se laissa pas faire et lutta. Bientôt les deux voleurs roulaient au sol, rivés l’un à l’autre, chacun essayant d’avoir le dessus. Rob avait pour lui une jeunesse qui avait quitté Pete mais ce dernier connaissait un ou deux trucs en plus et finit par empoigner la main de Rob qui tenait le pistolet. Lentement, il fit dévier le canon de sa trajectoire et réussi à lui arracher l’arme des mains. Il ne put la conserver longtemps car un coup de genou de Rob lui fit lâcher prise. Cependant sa main droite se porta à sa ceinture et y rencontra le manche de son couteau de chasse.
Rob ressenti une douleur intense à l’abdomen. Le souffle coupé, il ne put crier mais la surprise se lisait sur son visage. Libéré de l’étreinte de Pete, il porta ses mains à son ventre, tentant désespérément d’arrêter le flot de sang qui s’en échappait.
Pete s’était péniblement relevé quand un coup de feu déchira l’air matinal. Surpris par la détonation, plusieurs oiseaux abandonnèrent leurs perchoirs dans le rideau d’arbres. Quand le silence se fit de nouveau, Pete gisait dos au sol, l’œil gauche transformé en une infâme bouillie écarlate.
 
* * *
 
Nate rangea calmement son arme dans son étui et s’approcha du lieu de la lutte pour éloigner les révolvers de Pete et Rob à coups de pied. Ignorant le natif de l’Illinois qui agonisait à ses pieds, il ramassa les gourdes et les provisions restées près du feu et alla les attacher aux chevaux, sauf deux gourdes qu’il garda en bandoulière.
Quand il eut finit, il sorti un autre objet de la sacoche de son cheval et revint voir Rob. Il s’accroupit près de lui et porta une des gourdes à ses lèvres.
« Tiens, bois un peu.
– Je… C’est pas moi, Nate. J’te jure… »
Rob s’exprimait avec difficulté mais par miracle ne crachait pas de sang. Dommage pour lui, se dit Nate, il souffrira plus longtemps. Il prit une couverture à côté et la roula pour en faire un oreiller à son comparse.
« Je sais que ce n’est pas ta faute, Rob. Regarde ».
Et il désigna l’objet qu’il avait sorti de ses bagages. Un coffret identique à celui qui gisait non loin de là. Le regard de Rob allait de l’un à l’autre, incrédule.
« C’est moi qui ait procédé à l’échange le premier soir, avant que nous ne posions les chaînes, expliqua Nate. Pete était parti surveiller nos arrières et tu dormais avant ton tour de garde. J’avais fait fabriquer un coffret aux dimensions exactes de notre cible. Vous gardiez un coffret vide depuis le début, pauvres idiots. Oh et puis j’avais bien prévu que Pete serait épuisé à ce point du voyage et je te l’ai bien fait remarquer. »
Les lèvres de Rob remuèrent mais aucun son n’en sortit. Le message était pourtant clair.
« Pourquoi ? Pourquoi aurais-je du partager avec vous deux ? Ce râleur de Pete qui se complaît dans ses exploits passés et toi, le bouseux qui nous rabâche ton Oklahoma à longueur de journée, jeta-t-il méchamment. Mais je suis bon prince : vu que vous vous êtes entretués sans que j’aie à lever le petit doigt, tu va pouvoir contempler le fruit de tes efforts. »
Et Nate ouvrit le vrai coffret sous les yeux ébahis de Rob. Il laissa le mourant contempler à satiété le contenu avant de refermer la boîte.
« Je te laisse ta gourde. Pour les armes, tu peux utiliser ce poignard », fit-il en tapotant celui planté dans le ventre du jeune homme.
« Tu en auras besoin », ajouta-t-il en montrant un point qui tournoyait dans le ciel au-dessus de la clairière. « Mais fais attention, si tu l’enlèves, tu vas saigner comme un goret », conclut-il avec un sourire méchant.
Nate se redressa, salua crânement Rob et se dirigea vers les chevaux en caressant sa moustache, fidèle à son habitude. Quelques minutes plus tard, il quittait le campement avec les trois bêtes et un air satisfait. Au-dessus de la clairière, le volatile continuait à décrire des cercles, descendant lentement vers là où Rob était étendu.
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Den
Bouffon du Roi
Den


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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Il était une fois dans les Black Hills   [Nouvelle] Il était une fois dans les Black Hills Icon_minitimeVen 24 Avr - 22:06

Salut l’ami !
 
J’ai pris le temps, mais j’ai enfin lu cette nouvelle de western ! Des critiques des autres histoires viendront probablement ce weekend.
 
Je peux te dire une chose, c’est que je suis totalement fan de ton style. Tu écris merveilleusement bien ! C’est un régal ! Certes, j’ai remarqué deux petites fautes d’inattention, mais rien de bien grave. Je ne saurais même plus te dire où elles se trouvent tant j’étais happé par ton récit.
 
C’est la première fois que je lis une nouvelle du genre western. Et je ne suis pas déçu de cette première fois ! C’était haletant, on s’attache aux trois protagonistes. J’avoue que je n’avais pas vu venir la révélation. Pour être franc, je pensais que c’était Pete le voleur. Donc, tu as réussi ton coup !
 
Les trois personnages ont chacun leur propre personnalité, leur façon de parler, et leurs origines. J’ai beaucoup d’affection pour Rob. Le pauvre n’aspirait finalement qu’à vivre en paix… Certes, il n’avait pas choisi la bonne voie pour ça ! Very Happy
 
En tout cas, j’ai adoré ! Et c’est avec plaisir que je lirai les autres nouvelles ! Encore plus maintenant que j’ai eu un aperçu de ton style actuel qui est vraiment très bon !
 
À la prochaine, l’ami !

_________________
"L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité."
 John Fitzgerald Kennedy
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